Édition du 26 mars 2024

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International

Survol de l’actualité internationale

Discours d'Obama, élections européennes, Liban et Pérou

Barack Obama au monde musulman  : c’est à l’université du Caire qu’il s’est adressé aux musulmans du monde entier mais, plus spécifiquement au monde arabe du Proche-Orient. C’est un discours qui marque une rupture avec la politique américaine des dernières années à l’égard de cette partie du monde, y compris les années Clinton. Certains affirment même qu’il n’y a rien eu de tel depuis la présidence Rosevelt [1].

La reconnaissance de l’apport majeur de la civilisation islamique à l’évolution de l’Occident et du monde est sans précédent et avait tout pour réjouir son auditoire trié sur le volet. La réassurance qu’il n’y aurait pas de pressions indues pour le passage de ces pays vers des régimes parlementaires représentatifs a sans aucun doute soulagé la majorité des dirigeants arabes qui font fonctionner des administrations autoritaires sinon des dictatures. C’est d’ailleurs le cas de l’Égypte où se tenait ce discours et de l’Arabie Saoudite d’où M. Obama arrivait tout juste.

S’il a déclaré que les Etats-Unis ne prévoyaient pas s’incruster militairement dans la région, il n’a toutefois pas fait état des morts de civils dans les trois pays où l’armée américaine mène ses opérations.

C’est sur la situation palestino-israëlienne qu’il a fait le plus d’ouvertures sans toutefois aller jusqu’à parler des droits des Palestiniens. Il a reconnu leurs souffrances passées et présentes du fait de l’occupation de leurs territoires et déclaré qu’ils avaient raison d’aspirer à avoir leur propre état. Il n’a pas parlé de leurs droits à cet état. Mais c’est bien suffisant pour soulever la réprobation de la droite israélienne. Il se tenait, au même moment, à Tel-Aviv une manifestation pour dire à M. Obama : « NO YOU CAN’T !, nous priver de la Judée et de la Samarie.

Tout ce discours comportait une prise en compte affirmée de la centralité des religions, et singulièrement de la religion musulmane, dans la vie des peuples et des dirigeants de la région. Il a insisté pour dire que les Américains et leur gouvernement n’étaient pas contre les musulmans, au contraire. Il a fait valoir ses racines musulmanes personnelles, le fait que la population américaine de cette confession est importante, disséminée sur tout le territoire et qu’elle a toute la latitude voulue pour pratiquer sa religion. Il a même mentionné que les femmes musulmanes pouvaient, en toute liberté y porter le voile, ce droit ayant été affirmé par la cour suprême.

À l’Iran, il admet son droit d’enrichir l’uranium pour des fins de production d’énergie civile. Il lui répète l’ouverture de dialogue déjà énoncée peu après son investiture. C’est un coup de main aux modérés qui se présentent aux élections présidentielles iraniennes dans les prochains jours.

On a comparé ce discours à celui que le candidat Obama avait donné sur la question raciale aux Etats-Unis.

Élections européennes 

 : elles se sont tenues de jeudi à dimanche (4 au 7 juin) dans les 27 pays de l’Union. Ce sont des élections pour constituer le parlement européen, deuxième instance de la direction de l’Union, la première étant la Commission dont les membres sont nommés par les chefs des États membres. C’est un scrutin très complexe, où les partis nationaux sont les maîtres d’œuvre de la campagne et où il n’y a pas de partis trans-européens.
La grande gagnant est l’abstention : près de 60% des électeurs-trices ne sont pas alléEs voter et ce score monte à près de 80% dans la tranche d’âge 18-35 ans. Les Européens semblent apprécier les réalisations de l’Union mais ne pas penser qu’ils et elles peuvent être pour quelque chose dans son fonctionnement quotidien. Il faut dire que ce n’est pas la démocratie qui caractérise ce fonctionnement même si les pouvoirs du parlement ont été augmentés de façon importante ces dernières années.

C’est la droite qui maintient sa position et la social-démocratie qui perd le plus de plumes : 20% de députés de moins dans ce parlement. Partout où les partis socialistes sont au pouvoir, et en France où ils forment l’opposition, ils ont perdu leur élection. Ce sont les écologistes qui progressent le plus avec 18% des voix en France par exemple. Il faut noter que seul le parti Europe-écologie faisait campagne dans plusieurs pays, allié aux Verts du lieu. Certains partis d’extrême droite ont progressé ; par exemple en Hollande, où ils sont arrivés en tête.

Liban

 : des élections législatives se tenaient dans ce pays dimanche le 7 juin, avec un mode de scrutin proportionnel d’une complexité infinie.

Ici, la grande gagnante est la participation record ! Grosso modo, deux coalitions s’y affrontaient. Une, autour du Hezbolah où étaient impliqués des chrétiens dirigés par Michel Ahoun.. On les dit proche de l’Iran, voulant faire pencher les politiques libanaises vers le monde arabe dont la Syrie. Ce pays a occupé le Liban pendant trente ans. De l’autre côté, la coalition regroupée autour du fils de Rafik Ariri ancien premier ministre du pays, mort assassiné et pour lequel un procès spécial de la cour internationale se tient en ce moment à La Haye. C’est cette coalition qui a gagné l’élection avec une majorité respectable. Il faut dire, et c’est de notoriété publique, que ce parti a payé le voyage de nombreux-euses LibanaisEs de la diaspora pour qu’ils et elles aillent voter. Ce sont les supporters de Michel Ahoun qui auraient fait défaut empêchant ainsi leur coalition de prendre le pouvoir.

Les gagnants appellent à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le Hezbolah ne dit pas non mais déclare haut et fort qu’aucune négociation ne peut avoir lieu au sujet de ses milices. Elles sont là pour rester. On a vu, il y a deux ans environ, que lorsque le parti désire que ses politiques prévalent, il sait les utiliser.

Pérou

 : depuis quelques mois, des affrontements se produisent dans la région de l’Amazonie entre les Indiens qui y vivent et les forces de l’ordre. Cette fin de semaine, (6-7 juin) il y a eu plusieurs morts de part et d’autre.

Les Indiens protestent contre la présence de compagnies minières qui sont en train de s’installer dans cette région pour en extraire divers minerais. Elles ont l’autorisation du gouvernement péruvien qui les a assurées qu’il n’y aurait pas de problèmes particuliers. En fait, il semble clair que c’est dans la foulée de la signature du traité de libre échange entre les Etats-Unis et le Péru il y a maintenant trois ans environ, que le gouvernement a créé cette ouverture aux compagnies minières internationales.

Les Indiens disent que leur territoire a été considéré comme une région inhabitée. Ils n’ont jamais été consultés sur ces projets, même pas avisés que ces activités allaient avoir lieu. Ils demandent que le tout s’arrête et que de vraies négociations aient lieu entre eux, le gouvernement et les compagnies en cause. L’intégrité écologique de ce territoire composé en grande partie de forêt tropicale est menacée. Ils assurent qu’ils tiendront leurs positions tant qu’ils n’obtiendront pas satisfaction. La police de son côté a le droit de tirer.


[1Prof Henry Laurens, à l’émission Les matins, Franceculture.com, le 5 juin 2009.

Mots-clés : International
Alexandra Cyr

Retraitée. Ex-intervenante sociale principalement en milieu hospitalier et psychiatrie. Ex-militante syndicale, (CSN). Ex militante M.L. Actuellement : membre de Q.S., des Amis du Monde diplomatique (groupe de Montréal), animatrice avec Lire et faire lire, participante à l’établissement d’une coop. d’habitation inter-générationnelle dans Rosemont-Petite-Patrie à Montréal. Membre de la Banque d’échange communautaire de services (BECS) à Montréal.

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