Doris May Tayler (son nom de naissance) est née en Perse (actuelle Iran) en 1919, de parents anglais. À partir de l’âge de 6 ans, elle a vécu en Rhodésie du Sud (aujourd’hui Zimbabwe) jusqu’à 30 ans. Pendant la seconde guerre mondiale, elle se politisera et adhèrera à une organisation communiste luttant, notamment, contre la politique d’apartheid de la Rhodésie. Ce fut une période mouvementée durant laquelle elle se mariera et divorcera deux fois, aura trois enfants et deviendra écrivaine. Elle s’installera définitivement en Angleterre en 1949.
Très engagée politiquement, la romancière critique ouvertement de nombreuses injustices sociales, en particulier sur le pays de son enfance, ce qui la fera interdire de séjour en Afrique du Sud et en Rhodésie, jusqu’à l’abolition de la ségrégation. Elle est communiste dans Londres de l’après-guerre mais en 1956, elle quitte le Parti Communiste après l’intervention soviétique en Hongrie, désillusionnée.
Entre 1950 et 1960, Doris Lessing écrira Enfants de la violence, une saga autobiographique en cinq volets, traitant de l’amour, de la politique, de la ségrégation, etc. L’Académie suédoise a souligné, lors de la remise du prix Nobel le 11 octobre dernier, que Martha Quest, le personnage central de cette saga, « est innovatrice dans sa représentation des pensées et des conditions de vie de la femme émancipée ».
C’est son roman Le carnet d’or (1962), considéré aujourd’hui comme son chef-d’oeuvre et un classique de la littérature féministe (bien que l’auteure refusa toujours de se voir catégoriser comme féministe), qui marquera sa consécration internationale.
Les ouvrages de Doris Lessing sont pour la plupart inspirés par son enfance, l’Afrique et ses engagements sociaux et politiques, tous plus ou moins autobiographiques et tous d’une très haute teneur éthique, qui font d’elle l’une des plus grandes témoins de son époque et ce, encore de nos jours. Au cours d’un entretien accordé au quotidien espagnol El Pais, l’auteure a critiqué durement George Bush, qu’elle traite de "calamité mondiale". Le président américain est, selon elle, un homme "membre d’une classe sociale qui bénéficie beaucoup des guerres" et dont "tout le monde est las". Elle a aussi qualifié l’ex-premier ministre britannique Tony Blair de "désastre" pour la Grande-Bretagne.
Son dernier roman Un enfant de l’amour (Flammarion) devait paraître en français à la mi-octobre.








