Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Du mépris de l'ouvrier et de la fierté de l'être : réflexions additionnelles sur le congrès de la FTQ

C’est l’expérience que je retiens au sortir de cette deuxième journée de congrès de la FTQ. J’ai manqué le discours du leader syndical belge invité ; j’imagine qu’il a dû reprendre les paroles du discours européen par le mouvement ouvrier. Ce mouvement subit, non sans riposte, toutes les conséquences de la gestion néolibérale de ce « continent ».

Guy Roy est militant FTQ et coporte-parole du PCQ

Faut-il encore le répéter, la mondialisation est un phénomène qui menace encore toutes les conquêtes sociales des Trente Glorieuses après le Seconde Guerre Mondiale dans le monde Occidental ? Le mouvement ouvrier international en a fait, du moins dans les secteurs syndiqués, un motif de mobilisation sur des bases plus larges que les simples pays durement attaqués.

C’est ce qui ressort d’une visite au kiosque d’éducation de la FTQ. Plusieurs
documents que les journalistes, aux ordres du discours de droite, refusent de consulter. Peut-être sommes-nous en retard de quelques années sur les moyens à déployer à l’échelle de la planète ? Mais il m’a semblé que les congressistes de la FTQ ont de quoi alimenter les discussions avec leurs membres de la base pour les amener à envisager leurs problèmes comme ceux de tous les salariés du monde. Ce que le petit kiosque expose à la vue de tous.

N’est-ce pas un retour aux sources du mouvement ouvrier qui, dès sa périlleuses naissance consciente, s’est donné une mission internationale ? En effet, de tous leurs combats, les ouvriers et leurs syndicats ont appris de leurs mutiples luttes que c’est un « capitalisme sauvage et criminel » mondial qu’ils auront à affronter.

Ça en surprendra peut-être plusieurs qui doutent que la FTQ soit capable de jouer contre « les spéculateurs d’une économie financiarisée qui refusent les investissements productifs » aux profits mirobolants de la hautes finance, mais le confrère Arsenault l’a souligné fortement.

Un virage plus à gauche bienvenu

On peut sans doute relier ce genre de discours à la tentative de la
sociale-démocratie de se renouveller pour mieux se préparer aux combats de l’heure et du futur. Comment ne pas en même temps accueillir favorablement cette volonté nouvelle de confronter le capitalisme sur de nouvelles bases et avec des moyens plus concentrés sur l’aspect mondial de nos difficultés. Ajoutons que nous, communistes, devant un tel virage à gauche de cette famille politique, appellons à l’urgence pour le mouvement ouvrier d’étudier et de propager de nouvelles formes de pouvoir qui feraient en sorte qu’il change de main radicalement pour se retrouver entre celles prometteuses des ouvriers (cf. : le programme du parti communiste du
Québec en vente sur ce site ).

C’est ce que je retiens d’important dans le discours du président sortant. La
riposte appelle tous les ouvriers du monde à l’unité, toujours à bâtir, sur les
solides bases de la mondialisation de la solidarité. Pas plus que leurs pendants européens, les ouvriers québécois, ne pourront faire l’économie d’une plus grande solidarité.

À propos des discours à la Martineau ...

Les discours à la Martineau du Journal de Montréal n’ont pas tardés, dans les éditions du lendemain, ajoutant ainsi la preuve bien établie aux observentions du confrère Arsenault dans son discours critique des médias de masse. Il parle « d’aveuglement » à propos de fait que la FTQ ne ferait aucune « autocritique » sur les révélations de la Commission Charbonneau.

En fait, il faut bien admettre que toutes les accusations de Martineau n’ont que très peu de fondements. En effet, si la rumeur publique s’est enflée autour d’une désinformation mahabile des grands médias, il demeure que les militants de la FTQ restent attachés à leurs syndicats et ils ne s’autorisent pas à provoquer des divisions inutiles sur la place publique.

Cela ne les empêchent pas de vouloir faire de ces syndicats de meilleurs protecteurs devant ces employeurs qui se donnent souvent de grandes peines pour obtenir des concessions des syndiqués. Ce qui rend encore plus pertinents et utiles les syndicats d’aujourd’hui.

Un lancement d’un livre sur Fernand Daoust très couru

Il y avait, ce soir, le lancement d’un livre sur la biographie du confrère Fernand Daout. Beaucoup de syndicalistes ont assisté au petit discours reconnaissant de l’ancien secrétaire-général, sous la présidence de Laberge.

Peut-être trouvait-il à point de rappeller, parce qu’il l’a fait diplomatiquement,
de mettre en garde de manquer d’attention aux critiques qui nous sont faites. Selon lui, cela aurait dans le passé fait évoluer notre Centrale. Le livre était en chantier depuis 10 ans, selon les dires de l’auteur André Leclerc, longtemps responsable de la solidaritré internationale à la FTQ. Le deuxième tôme s’en viendrait.

Permettez-moi maintenant une anecdote qui rappellera aux employeurs de cesser de se penser comme maitres du monde. Savez-vous ce qui a convaincu le confrère Arsenaut de s’impliquer au début de sa vie militante ? Je vous le donne en mille, comme on dit : les contremaîtres de l’usine de la Côte Nord, où il travaillait, lui demandaient souvent de traduire leurs ordres en français parce que les ouvriers de la base ne connaîsaient pas cette langue.

Vous imaginez le mépris de la hiérarchie de toute l’usine avec ce que cela a de portée pour l’avenir d’un Québec indépendant et socialiste. La source d’une volonté ferme de s’émanciper, politiquement et nationalement, est encore à chercher parmi les ouvriers québécois.

Il y a des tas de témoignages sur ce genre de « conversion » au syndicalisme, ou même à des formes embryonnaires de libération.

Une puissante force de combat

Le mépris pour l’ouvrier peut se transformer, au fil des jours, en une puissante force de combats qui, malgré l’affirmation que « l’histoire serait finie », place les classes subalternes au coeur de l’évolution de la société capitaliste.

Il arrive aussi que des périodes historiques de grandes effervécenses puissent émerger. Les ouvriers eux-mêmes, avec tous les autres mouvements populaires ou citoyens, devenus conscients de leur capacités à boulerverser les rapports de production, peuvent alors se lancer dans un combat plus large, dans une perspectve socialiste, pour établir un régime qu’ils supporteront comme celui qui est le leur.

Un philosophe communiste italien, Domenico Losurdo, a fini par mettre au jour, en étudiant de près la révolution bolchévique de 1917, que ce n’était pas tellement la pauvreté ou l’indigence qui avait poussé à la révolte et ultimement à l’insurrection des miliers d’ouvriers, de paysans et de soldats russes, mais bien plus le mépris incessant des aristocrates pour leurs serfs ou les ouvriers d’usines.

Je finirai avec la remarque suivante concernant cette fascinante et deuxième journée de congrès : le Maire Labeaume a changé de ton envers les Cols Bleus de la Ville deQuébec. Il appréhendait peut-être l’interruption du congrès pour une petite visite impromtue de l’Hôtel de Ville !

Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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