Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le Monde

Face aux crises globales, construisons la souveraineté alimentaire pour assurer un futur à l’humanité !

Aujourd’hui, 17 avril 2023, alors que nous nous souvenons du Massacre « Eldorado dos Carajás » qui a eu lieu il y a 27 ans au Brésil, et de nos nombreuses luttes dans d’autres endroits, nous, La Via Campesina, levons le poing haut dans l’espoir, sachant que la souveraineté alimentaire, l’agroécologie paysanne, les réformes agraires populaires et intégrales, le féminisme paysan populaire et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) assureront un avenir à l’humanité et à la planète.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/05/06/face-aux-crises-globales-construisons-la-souverainete-alimentaire-pour-assurer-un-futur-a-lhumanite/

Communiqué de presse | Bagnolet 17/04/23

La solidarité s’impose de toute urgence !

Les manifestations dans le monde se multiplient en raison de la crise climatique et environnementale, de la crise alimentaire et des conflits provoqués par l’évolution des contextes géopolitiques. Des émeutes sociales ont été observées dans plus de 60 pays en raison des inégalités économiques aggravées par la pandémie de COVID-19. Ces crises révèlent les failles du modèle capitaliste dominant, car les intérêts capitalistes détruisent des territoires et menacent tous les systèmes de vie dans le monde. Les gouvernements ont répondu aux protestations par la répression et la persécution, y compris par des meurtres et des assassinats, afin d’intimider et de soumettre les mouvements. Les mouvements sociaux dans divers pays, notamment au Brésil, en Palestine, au Paraguay, en Colombie, au Mali, en Équateur, en France, en Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Thaïlande, au Sri Lanka, en Indonésie, en Corée du Sud, au Kenya, au Canada, en Haïti, au Guatemala et au Pérou, ont alerté le monde sur les violations des droits des travailleur·euses et des paysan·nes, où les conflits civils sont nombreux en raison du coût élevé de la vie, et sur les politiques gouvernementales qui ne font qu’accroître les inégalités sociales et économiques.

La plupart des gouvernements ne parviennent pas à répondre à la demande de meilleurs services publics, laissant de nombreux citoyen·nes dans la précarité. Par exemple, en Europe, qui jusqu’à récemment jouissait d’une grande stabilité après la Seconde Guerre mondiale grâce à une croissance sans précédent de la production et à la distribution d’une partie des richesses à la majorité de la population, certains pays sont confrontés à l’instabilité sociale alors que les acquis sociaux régressent. Dans ce nouveau contexte de crise, la plupart des gouvernements donnent la priorité à l’enrichissement des plus riches et à l’accumulation du capital, faisant peser le poids des restrictions sur la majorité de la population. Les gouvernements choisissent le capitalisme à tout prix, rompant même avec le cadre de la démocratie libérale et de l’État de droit qui prévalait jusqu’à présent, la soi-disant « défense des valeurs occidentales » ayant volé en éclats.

La Via Campesina (LVC) est solidaire de celleux qui sont victimes de la criminalisation de la protestation sociale sur tous les continents. Il est temps de construire un monde plus fraternel basé sur la solidarité entre les peuples. Nous demandons l’arrêt immédiat et inconditionnel de la persécution des mouvements paysans et de leurs leaders.

L’accaparement et la marchandisation des communs à des fins lucratives se poursuivent sans relâche

Le système alimentaire industriel continue à faire des profits énormes tout en piétinant la vie et les moyens de subsistance des familles d’agriculteur·trices et des populations rurales, dont les terres, l’eau et les territoires sont accaparés à des fins d’exportation dans un contexte d’aggravation de la crise alimentaire et économique mondiale. L’accaparement de l’eau est en augmentation pour faire gagner de l’argent à quelques-uns et pour produire des cultures d’exportation alors que la crise climatique s’aggrave – les sécheresses liées au changement climatique sont désormais étendues et fréquentes.

Nous insistons sur la nécessité d’informer, d’éduquer, d’organiser et d’articuler pour construire une force sociale qui peut arrêter la tendance à convertir la crise climatique en opportunités commerciales. LVC dénonce l’indifférence des gouvernements face au réchauffement de la planète et au débat sur les marchés financiers spéculatifs, la nouvelle économie verte et bleue et la privatisation des communs, et appelle à des changements politiques pour refroidir la terre. LVC appelle à redoubler d’efforts pour défendre les communs, mettre fin à leur marchandisation et exiger un partage équitable des droits d’utilisation des communs.

La crise des migrant·es : résultat d’un système inhumain d’exploitation et de répression
La crise a forcé les populations rurales du Sud à migrer vers les pays du Nord à la recherche de meilleurs moyens de subsistance. Au lieu d’une vie meilleure, la plupart des migrant·es ont été soumis·es à un système inhumain d’exploitation et de répression. C’est pourquoi les luttes des travailleur·euses agricoles migrant·es constituent également un élément fondamental de la Journée de luttes paysannes du 17 avril.

Plus d’un milliard de personnes travaillent dans les champs, dont la plupart sont des paysan·nes déplacé·es de leurs terres en raison des politiques néolibérales qui favorisent le capital de l’agrobusiness. Les femmes sans terre représentent près de 50% de cette population. La perte des terres paysannes dans les zones rurales se poursuit, entraînant une augmentation des travailleur·euses migrant·es qui cherchent un emploi dans l’agriculture dans les pays du Nord pour subvenir aux besoins de leurs familles appauvries. Ces travailleur·euses sont confronté·es à des conditions de travail insoutenables et perçoivent les salaires les plus bas du secteur. Du Brésil aux États-Unis en passant par l’Europe, les travailleur·euses agricoles migrant·es revendiquent leurs droits et s’opposent à l’exploitation du capital de l’agrobusiness.

La pleine reconnaissance des droits des migrant·es et des réfugié·es, constamment criminalisé·es et assassiné·es aux frontières de nos nations, fait également partie de notre lutte pour la réalisation de la souveraineté alimentaire. Nous appelons les sociétés, les mouvements sociaux et toutes les personnes de bonne volonté, au Nord comme au Sud, à rejoindre notre Pacte mondial de solidarité pour défendre la vie et les droits humains de tou·tes les migrant·es et réfugié·es partout dans le monde.

Nos solutions aux crises

Les organisations paysannes ont un rôle essentiel à jouer pour assurer le futur de l’humanité et de la planète en résistant à l’hydro-agro-extractivisme des multinationales, qui menacent les terres des paysan·es, des peuples autochtones et des autres habitant·es des zones rurales. Cette lutte pour la justice et la dignité est d’autant plus importante que nous célébrons la Journée des luttes paysannes le 17 avril. En ce jour, La Via Campesina réaffirme les éléments centraux d’un projet politique visant à assurer un futur à l’humanité. Ces éléments incluent la souveraineté alimentaire, la réforme agraire, l’agroécologie paysanne, la demande d’une procédure spéciale de l’ONU sur l’UNDROP, et le féminisme paysan et populaire.

La souveraineté alimentaire offre une alternative aux crises actuelles de la faim, du climat et de l’écologie en transformant le modèle industriel et en créant des systèmes alimentaires locaux qui relient les zones rurales et urbaines. Elle bannit la spéculation des contrats à terme sur les denrées alimentaires et s’attaque à deux sources importantes d’émissions de gaz à effet de serre : le transport des denrées alimentaires sur de longues distances et l’agrobusiness. Les principes de la souveraineté alimentaire peuvent nous fournir le cadre d’un nouveau modèle de commerce global capable de mettre fin à la domination de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui tente actuellement de légitimer ses actions en créant un espace pour la société civile dans sa structure et dans les accords de libre-échange (ALE).

La réforme agraire est nécessaire pour garantir un partage équitable des droits d’utilisation des communs et démocratiser la propriété des territoires, qui est actuellement concentrée par les élites.

L’agroécologie paysanne est un moyen de résistance à un système économique qui privilégie le profit à la vie et qui est responsable de la déforestation, de la contamination de l’eau et de l’acidification des océans. Elle offre une alternative essentielle à la production alimentaire industrielle et transforme la manière dont nous produisons et consommons la nourriture.

La demande d’une procédure spéciale de l’ONU sur l’UNDROPpermettra une mise en œuvre efficace au niveau international.

Le féminisme paysan et populaire cultive la défense de relations fondées sur le respect et les soins aux autres et rejette les modes de relation fondés sur la violence, la domination et le contrôle des autres.

Vers la huitième conférence internationale (#8ConfLVC)
En novembre de cette année, La Via Campesina organisera sa 8ème Conférence Internationale au Nicaragua. Alors que nous rassemblons nos propositions en vue de cet événement important, notre appel à l’union et à la construction d’une nouvelle société est bien exprimé dans le slogan de la 8ème Conférence : « Face aux crises globales, construisons la souveraineté alimentaire pour assurer un futur à l’humanité ! » Nous échangerons et construirons une vision collective du futur basée sur ces alternatives existantes et pratiquées dans nos communautés.

Globalisons la lutte ! Globalisons l’espoir !

Pour plus d’informations, écrivez à press@viacampesina.org

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