Édition du 23 avril 2024

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Gaz de schiste

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"Sommes-nous des complices silencieux dans une tentative d’empoisonner trois millions de personnes ? Depuis quelques semaines, des témoins nous disent que des camions-citernes partent de notre puits de La Présentation ainsi que de ceux de Saint-Barnabé et de Saint-Thomas pour se rendre à l’usine d’épuration des eaux usées de Huntingdon avec les eaux contaminées des bassins de rétention. Mon Dieu ! Dites-moi que je rêve !!!

Même si les porte-paroles du MDDEP(ministère de l’environnement) disent que les usines d’épuration de 11 municipalités Québécoises peuvent traiter les eaux résultant de la fracturation, permettez-moi d’en douter ! Mes recherches me disent que pour enlever 98% des matières « extra » qui se trouvent dans les égouts, il faut un traitement primaire (pour enlever le sable, matières fécales, papier hygiénique, etc.), un traitement secondaire ( pour neutraliser bactéries et virus) et un tertiaire (les produits chimiques). Au Québec, aucune usine n’est équipée pour faire un traitement secondaire ou tertiaire !!! Montréal, la métropole, songe éventuellement à ajouter un traitement secondaire à son usine du Boulevard Duplessis.

Comme le dit l’écologiste Robert Kennedy jr., les usines municipales n’ont pas été conçues pour ce genre de rejet. Certes, l’usine de Huntingdon pourra enlever le sable et ce qui se sépare par sédimentation. Le vrai problème, ce sont les produits chimiques. Et, surtout, le traitement doit être spécifique pour chaque produit nocif (entre 30 et 600 produits !). Par exemple, si le traitement tertiaire a pour cible l’arsenic, il éliminera ce poison ; mais il ne fera rien pour tous les autres produits chimiques que les gazières ont utilisés ou qui se trouvent dans les eaux qui remontent à la surface durant le forage et la fracturation. Les usines de ces 11 municipalités seront obligées de recourir au principe de dilution. Faisons une caricature du principe de dilution !

Si je « flushe » cette citerne d’eau contaminée dans la rivière, c’est tellement toxique que les poissons et les humains qui seront en contact avec cette « soupe chimique » risquent de mourir. Alors, j’ajoute beaucoup d’eau pour réduire la concentration des produits toxiques ; lorsqu’il y a suffisamment d’eau, la concentration devient en deçà des normes. Alors, j’ouvre le robinet et tous les produits chimiques toxiques se retrouvent dans la rivière pour contaminer la chaîne alimentaire et l’eau de toutes les personnes qui en tirent leur eau potable. Dans le cas de Huntingdon, c’est la rivière Châteauguay et éventuellement le Saint-Laurent qui hériteront de cette charge polluante.

Ça veut dire que les produits chimiques de nos puits de gaz de la région Maskoutaine se retrouveront dans le verre d’eau des habitants de Montréal et de Longueuil. Avons-nous le droit de nous taire lorsque les gazières, avec la complicité du gouvernement, déversent « en douce » ces produits chimiques dans les sources d’eau potable de nos concitoyens ???

En réalité, nous sommes en présence d’une opération de relations publiques inavouable qui risque d’empoisonner à petit feu trois millions de Québécois ! La mafia fait le « blanchiment » de l’argent sale obtenu par des activités criminelles ; les gazières, elles, font le « blanchiment » des eaux de rétention. Dans les deux cas, est-ce acceptable ???

Et dans le même ordre d’idée, est-il acceptable que les toiles des bassins de rétention (avec tous les produits chimiques qui y sont incrustés) se retrouvent dans le dépotoir de St Nicéphore sans être décontaminées ? Et est-il acceptable que le MDDEP (ministère de l’environnement) attende au printemps pour faire les tests et analyses qui permettraient de savoir si le sol sous la toile est contaminé ? Est-ce que le ministère veut se servir de la neige et de la pluie pendant six mois pour mieux utiliser le principe de dilution ??? Est-ce que le ministère agit comme un policier qui attendrait 24 heures avant de faire passer un alcotest à un chauffeur ivre ?

« QUI NE DIT MOT, CONSENT ». Nous avons l’obligation morale de dénoncer cette contamination de l’eau potable de nos concitoyens par les compagnies gazières avec la complicité du MDDEP et du MRNF."

L’auteur est membre du comité Non-Schiste La Présentation

Gérard Montpetit

Membre du comité Non au schiste La Présentation

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