Édition du 23 avril 2024

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Les 100 premiers jours du gouvernement péquiste

Gentilly-2 : désinformation organisée

Évalué à 1,9 milliard $ en 2008, le coût de la réfection est passé à 3, puis à 4,3 milliards $, et il y a fort à parier qu’il dépasserait les 5 milliards $ si elle devait se réaliser. Thierry Vandal a résumé la situation : les coûts du nucléaire explosent, le prix de l’électricité diminue, ce qui rend l’opération déficitaire. Selon Hydro-Québec, la centrale ferait perdre 215 millions $ par année à la société d’État sur toute sa durée de vie. Compte tenu des surplus d’électricité du Québec, cette énergie serait exportée à perte aux États-Unis. Les contribuables québécois devraient-ils financer les consommateurs d’électricité américains ?

Les tenants de la réfection se gardent bien également de dire que bon nombre d’employés de Gentilly-2 ont la sécurité d’emploi et seront redéployés ailleurs chez Hydro-Québec. Devrait-on investir plus de 5 millions $ par emploi pour maintenir coûte que coûte ces emplois en Mauricie ? Ils omettent aussi de dire que 75 % des activités d’Énergie atomique Canada sont réalisées en Ontario et que les retombées économiques de la réfection nous échapperaient en grande partie. Devrait-on financer des emplois en Ontario avec des fonds publics québécois ?

Finalement, SNC-Lavalin propose maintenant de procéder au rabais à la réfection de la centrale de Gentilly-2 et de l’exploiter en signant un bail avec Hydro-Québec. Permettons-nous de douter de la capacité de cette entreprise de réaliser cette promesse, alors qu’on n’a pu maîtriser les coûts et les délais de réfection de la centrale de Pointe Lepreau au Nouveau-Brunswick et que les dépassements de coûts sont systématiques dans le nucléaire. Est-il prudent d’accorder à cette entreprise un contrat public d’une telle ampleur, alors même qu’elle fait présentement l’objet d’une enquête pour de présumées malversations dans l’obtention du contrat de 1,3 milliard $ du Centre universitaire de santé McGill ?

La proposition économique des tenants de la réfection se résume à engloutir des fonds publics dans un éléphant blanc pour maintenir une activité économique qui serait générée à moindre coût par des investissements dans la reconversion de l’économie régionale. On ne peut que s’étonner que des acteurs qui accusent le nouveau gouvernement d’incompétence économique et qui prônent le contrôle des dépenses publiques soient si favorables au gaspillage de fonds publics lorsqu’ils en sont les bénéficiaires. Ce délire économique doit cesser. La décision de déclasser Gentilly-2 sert l’intérêt financier de l’ensemble des Québécois.

Ont signé la lettre

Jean-Martin Aussant

Gilles Bélanger

Dominic Champagne

Jim Corcoran

Louis Jean Cormier

Steven Guilbeault

Pierre Jasmin

Hugo Latulippe

David Marin

Guylaine Maroist

Karel Mayrand

Éric Notebaert

Yann Perreau

Michel Rivard

Éric Ruel

Richard Séguin

Christian Simard

Vincent Vallières

Laure Waridel

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