Édition du 16 avril 2024

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International

Guerre au Sri Lanka : Question de stratégie et de pressions

Plus de 100,000 civils Tamouls [1] sont pris au piège sur un petit territoire de 14 kilomètres carrés dans le Vanni au nord du Sri-Lanka, territoire qui se rétrécit toujours. Les médias ont présenté avec raison la guerre au Sri-Lanka comme une guerre civile. Des rapports venant du terrain dévoilent que les tueries gratuites des Tamouls se poursuivent. Des milliers de personnes ont déjà perdu la vie et d’autres sont blessés. L’État sri-lankais et l’organisation armée des Tigres de l’Élam Tamoul se renvoient le blâme.

Chandi Sinathurai, Counter Currents, 9-04-2009,

Traduction : Alexandra Cyr.

Dans les capitales occidentales, des Tamouls ont organisé des manifestations pour protester contre cette situation. En Norvège, au Dannemark , aux Etats-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne, ils sont intervenus pour que les gouvernements de ces pays fassent pression sur le gouvernement sri-lankais afin qu’il déclare un cessez-le-feu, une pause humanitaire pour permettre à la population coincée dans la zone de combat d’en sortir et de se mettre à l’abri. Les Tigres de l’Élam Tamoul ont pour leur part déclaré que ceux qui habitent cette région et la reconnaissent comme leur « territoire traditionnel » ont tous les droits de continuer à y demeurer nonobstant les dangers. Autrement dit, l’organisation demande au gouvernement de cesser cette guerre contre les civils.

On doit dire, de la façon la plus ferme possible, que dans cette guerre ce sont les civils qui sont les victimes. Le gouvernement sri-lankais est déterminé à éradiquer les Tigres de l’Élam Tamoul comme force et de leur côté ils ont failli à la tâche de protéger les populations.

Balashingham Naderan [2] a lancé de multiples appels à la communauté internationale pour qu’elle intervienne et travaille à déclencher des négociations au plus vite. Il semble bien que de ce côté, comme de celui du gouvernement sri-lankais on soit plus intéressé à l’après conflit

qu’a venir à bout de ses causes profondes [3]. L’Inde joue un rôle mortel en coulisse en attendant la fin des hostilités. Elle milite pour le passage de l’île à un système fédéral. Elle n’a pourtant pas inventé cette solution. Depuis 1950, le parti fédéral Tanta Chelva lutte pour cette option. Cela voudrait dire se débarrasser de l’élite au pouvoir et des conceptions de l’État unitaire profondément enracinées ; l’équivalent d’un séisme dans ce pays. Bonne chance à l’Inde !°

En ce moment, le gouvernement sri-lankais consacre toutes ses énergies à la capture d’un homme, Vellupillai Parabhakan [4]. Cela montre que le régime Rajapakshan [5] est complètement déphasé quant au véritable problème. Tuer ce combattant, si jamais ils le trouvent encore vivant, ne peu en rien régler les problèmes de fond qui existent depuis longtemps [6].

Les Tigres de l’Élam Tamoul et la diaspora vont devoir apprendre à naviguer dans l’univers des relations internationales. Savoir sur qui, quand et comment se retirer du jeu dans créer d’animosité, perdre des appuis ou se créer une mauvaise publicité, est tout un art. Les peuples qui s’impliquent dans de telles démarches recherchent des bases très solides. Les Tamouls ont désespérément besoin de représentants politiques particulièrement aguerris.

La diaspora des pays occidentaux ne doit pas se laisser berner par des politiciens ne cherchant que leurs votes. Jusqu’à maintenant, aucun élu dans ces pays n’a réussi à convaincre son gouvernement que la lutte des Tamouls en était une de libération nationale. Au contraire, chaque occidental est convaincu maintenant que les Tigres sont des terroristes. Cela ne ressemble pas à de la crédibilité politique. Même les négociations de paix à Oslo n’ont pas contribué à éliminer ce handicap. Au contraire, les Tigres ont joué les seconds rôles sur la scène internationale.

Quelqu’un doit clarifier la situation : tous nous devons nous réveiller et agir pour SAUVER LES TAMOULS !


[1International Crises Group estimait à 250,000 le nombre de personnes ainsi captives en janvier dernier, ICG.org

[2L’idéologue des Tigres de l’Élam Tamoul et leur porte-parole vers la communauté internationale. Décédé de cancer le 15-11-2006, Réputé pour sa modération et sa volonté de négocier.

[3Il faut préciser toutefois, que la Norvège a été impliquée dans des pourparlers de paix depuis de nombreuses années. Elle a négocié un cessez-le feu en 2006. Elle a été assistée de la Finlande et de du Danemark. La Norvège a perdu au moins 17 travailleurs dans ce conflit. ICG.org (n.d.t.)

[4Le chef historique des Tigres de l’Élam Tamoul. (n.d.t.)

[5Premier ministre du Sri-Lanka, élu le 17 novembre 2005, (n.d..t)

[6La guerre civile au Sri-Lanka a commencé en 1982, et se poursuit depuis avec des périodes plus intenses et un cessez-le-feu en 2006 qui a duré, malgré des transgressions de part et d’autre, jusqu’à la fin de l’année (n.d.t.)

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