Édition du 23 avril 2024

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Québec

Hausse de 0,75 $ du salaire minimum Pas de quoi sabler le champagne

Le 17 janvier, le gouvernement québécois a annoncé une hausse de 0,75 $ du salaire minimum. Celui-ci passera à 12 $ l’heure le 1er mai prochain. Il s’agit de l’augmentation la plus importante jamais accordée au Québec.

tiré de : Soupe au caillou 420

Une mise en bouche modeste Pour le Collectif, toute amélioration du revenu des travailleuses et des travailleurs les plus pauvres est la bienvenue, et il reconnaît que le gouvernement a fait montre d’une certaine ouverture en haussant le salaire minimum de 0,75 $ au lieu des 0,50 $ annoncés l’an dernier. Une personne qui travaille à temps plein (35 / h) aura donc 26 $ de plus par semaine (brut) dans ses poches. Il s’agit certes d’une amélioration, mais qui demeure insuffisante, puisque même en travaillant à temps plein, cette personne ne sortira pas de la pauvreté. Pas de quoi sabler le champagne donc !

Quand on lit le communiqué du 17 janvier de la ministre responsable du Travail, Dominique Vien, on a l’impression que le gouvernement se soucie enfin du sort des travailleuses et des travailleurs. On peut y lire : « Cette hausse viendrait améliorer la qualité de vie des travailleurs à faible revenu en plus de favoriser l’incitation au travail, d’augmenter le revenu net disponible et de contribuer à réduire l’incidence de la pauvreté, sans nuire à l’emploi et à la compétitivité de nos entreprises. » Mais si le fait d’augmenter le salaire minimum est soudainement à ce point formidable, pourquoi le gouvernement s’arrête-t-il en si bon chemin ?

À quand le plat de résistance ? Le gouvernement prétend déterminer la hausse du taux du salaire minimum en fonction de cinq axes et de treize critères. En réalité, un seul est pris en considération : le ratio entre le salaire minimum et le salaire horaire moyen. C’est l’économiste Pierre Fortin qui a développé le principe théorique selon lequel le salaire minimum doit se situer entre 45 % et 50 % du salaire horaire moyen. CertainEs pourraient voir dans la dernière augmentation accordée par le gouvernement un geste courageux, voire généreux.

Or, même avec cette hausse, le salaire minimum demeure encore sous le seuil des 50 % du salaire horaire moyen. Autrement dit, la grandeur d’âme a peu à voir avec le fait que le gouvernement a fait grimper le salaire minimum de 0,75 $. D’ailleurs, il ne s’en cache pas : c’est parce que l’économie du Québec se porte bien, dit-il, et que le salaire horaire moyen a augmenté qu’il a accordé cette année une hausse plus importante que d’ordinaire ! Malgré tout, les associations patronales ont de nouveau fait entendre leurs scénarios catastrophistes sur les pertes d’emploi.

Ce qui ne manque pas d’ironie, quand on sait que le contexte actuel en est un de pénurie de main-d’œuvre. Au point que des entreprises doivent même réduire leurs heures d’ouverture, faute d’employéEs ! Les fruits de la mobilisation Différentes campagnes pour le salaire minimum à 15 $ l’heure sont en cours au Québec. Visiblement, la mobilisation commence à porter ses fruits, mais il reste beaucoup à faire. Si l’emploi « demeure la meilleure voie de sortie de la pauvreté », comme aime à le répéter le gouvernement, alors qu’attend-il pour rendre cette affirmation mathématiquement vraie ?

Il faudra continuer de mettre de la pression sur le gouvernement tant et aussi longtemps que le salaire minimum ne sera pas un « salaire viable », c’est-à-dire un salaire qui permet à une personne qui travaille à temps plein « de gagner assez d’argent pour satisfaire ses besoins de base et ceux des personnes à sa charge, et de participer à la vie culturelle, politique et économique, en plus de lui laisser une certaine marge de manœuvre en vue de transformer sa situation socioéconomique » (IRIS).

Normes du travail Dans les prochaines semaines, la ministre Dominique Vien doit présenter une révision de la Loi sur les normes du travail. Le gouvernement aura une belle occasion d’y intégrer les deux autres revendications de la campagne 5-1015, soit connaître son horaire de travail 5 jours à l’avance et avoir droit à 10 jours de congé payé par année pour maladie ou responsabilités familiales. Une façon de démontrer que son intérêt soudain pour le sort des travailleuses et travailleurs au bas de l’échelle n’est pas que passager.

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