Édition du 7 octobre 2025

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Médias

« Ill y a des époques qui appellent les médiocres » (Karl Marx) - A propos des billettistes du Journal de Montréal

Cette formule me vient à l’esprit quand je parcours le Journal de Montréal. En effet, une bonne partie de ses billettistes (à quelques exceptions près) doivent leur renommée aux chroniques qu’ils y tiennent bien plus qu’à la pertinence ou à la profondeur de leurs analyses. Ils s’abandonnent le plus souvent à la démagogie la plus grossière.

Je pense à Richard Martineau, Joseph Facal, Mario Dumont, Sophie Durocher, Mathieu Bock-Côté et Yasmine Abdelfaddel. S’ils n’écrivaient pas dans ce journal à grand tirage, certains seraient inconnus du grand public ou encore, pour la plupart d’entre eux, des commentateurs dans des médias de droite peu lus par le public. Mais même ceux d’entre eux qui bénéficient d’une certaine notoriété, la médiocrité leur colle à la peau, y compris Bock-Côté, en dépit des ouvrages qu’il a déjà publiés et Dumont qui a déjà été député. La notoriété de ce dernier ne le sauve pas de la relative médiocrité intellectuelle qui semble sa marque de commerce. Les prétentions intellectuelles de Bock-Côté, le « penseur de service » de Québecor ressemblent à un bel habit qui dissimule ses très moyennes performances intellectuelles et sa démagogie prétentieuse.

Deux grands axes guident tout ce monde à divers degrés : l’anti gauchisme, (en fait la gauche en général) et le « wokisme » en particulier celui-ci étant censé incarner un danger majeur pour la liberté de pensée ; Joseph Facal surtout s’est fait une spécialité de le dénoncer, car il sévirait dans les universités d’une part. Leur autre obsession est la défense acharnée d’Israël ; en effet, Richard Martineau s’emploie à confondre antisionisme et « antisémitisme » ; il se fait aussi une spécialité de dénigrer les sociétés arabes en reprenant à son compte tous les préjugés les plus éculés à leur endroit. Bien entendu, de son point de vue, la gauche propalestinienne s’enferre dans des contradictions insoutenables en ne mentionnant pas certaines positions du Hamas palestinien et en donnant priorité à la critique d’Israël. Je ne m’étendrai pas sur les arguments souvent spécieux utilisés par ces deux bouffons puisqu’ils les étalent sans complexe dans leurs chroniques. Il suffit d’ouvrir le Journal de Montréal pour que leur démagogie apparaisse au premier coup d’oeil.

Mais celle-ci dépasse la personne de ces petites vedettes qui ont renoncé à toute subtilité dans l’étalage de leurs positions. En effet, qu’ils se laissent prendre ou non à leur propre démagogie importe peu puisqu’ils ne forment que la courroie de transmission de l’orientation politique de Québecor. Ils se livrent à une entreprise d’intoxication idéologique auprès du grand public, traduisant en terme simples (pour ne pas dire simplistes dans le cas de Martineau) ce qui paraît bien constituer la position de Québecor, leur employeur, sur certaines questions délicates.

Par exemple, s’ils défendent la souveraineté, ils appuient du même souffle un certain conservatisme dans la gestion des finances publiques. Ils sont donc partisans d’une indépendance mâtinée de néoconservatisme.

De leur point de vue, la lutte armée des Palestiniens est qualifiée de « terrorisme » mais ils évitent d’exposer les motifs qui poussent ce peuple opprimé à résistance. Mais Israël, lui, bien sûr, ne fait qu’utiliser son droit à l’autodéfense...

Poutine est un tyran et les Ukrainiens ont le droit et même le devoir de lutter pour sauvegarder leur liberté nationale, ça va de soi. Ils ne qualifient jamais la résistance ukrainienne de « terroriste ».

Les six billettistes ci-dessus nommés se prononcent sur une foule de sujets un une sorte de bavardage aussi bruyant que superficiel, comme des commères. Facal et Bock-Côté eux, s’efforcent de donner une certaine sophistication à leurs propos, ce qui ne confère pas pour autant à ceux-ci de réelle profondeur analytique. Ils s’en tiennent à la surface des choses. Ils participent donc à la médiocrité politique ambiante autant qu’ils en sont le résultat.

Le Journal compte aussi quelques chroniqueurs progressistes, à la critique sociale plus pertinente, comme Josée Legault, Émilise Lessard-Therrien (une ancienne députée de Québec solidaire) ou centristes comme Antoine Robitaille et un analyste international comme Loïc Tassé. Pierre-Karl Péladeau, le grand patron du Journal, essaie sans doute de maintenir une apparence d’équilibre entre la droite et la « gauche » dans sa feuille de chou, mais la tonalité dominante relève tout de même en faveur de la première.

Pour s’amuser des propos de Richard Martineau, Joseph Facal¸Mathieu Bock-Côté et Mario Dumont, il faut posséder un certain sens de l’humour. En effet, selon Chris Marker, « l’humour est la politesse du désespoir ».

Jean-François Delisle

Mots-clés : Médias Québec

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