Édition du 7 octobre 2025

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Assurance-chômage

Guerre commerciale : ce n'est pas le temps de limiter l'accès à l'assurance-emploi

MONTRÉAL, le 9 oct. 2025 - Les groupes de défense des sans-emploi, le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) et le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) et les grandes centrales syndicales québécoises (CSD, CSN, CSQ et FTQ) tiennent à exprimer leur déception face à l’expiration en date du 11 octobre de la mesure qui permettait une admissibilité élargie à l’assurance-emploi dans le contexte actuel de guerre commerciale et de hausse du chômage.

L’expiration de cette mesure d’ajustement du taux de chômage, dans un tel contexte économique, réduira l’accès à l’assurance-emploi pour des travailleurs et travailleuses qui en ont véritablement besoin. De plus, nous considérons que la reconduction de la mesure concernant le « délai de carence » et celle de la suspension de la répartition de la rémunération payée avant d’avoir accès aux cotisations atteint à peine un minimum des besoins des travailleurs et travailleuses.

Ensemble, les groupes et les centrales syndicales invitent le gouvernement fédéral à plutôt mettre en place des mesures permanentes améliorant l’accès au plus important programme social canadien dans le cadre de son prochain budget le 4 novembre prochain.

« En campagne électorale, Mark Carney avait conservé la position des libéraux des dernières années, promettant de renforcer le filet social et une assurance-emploi mieux adaptée aux réalités du travail. Or, non seulement n’y a-t-il pas de réforme du programme, mais son gouvernement recule sur la seule mesure qui permettait d’élargir l’accès à l’assurance-emploi dans un contexte d’insécurité économique provoquée par la guerre commerciale avec les États-Unis », ont déclaré Selma Lavoie et Milan Bernard, co-porte-paroles du CNC. « Comme si ce n’était pas assez, la nouvelle mesure introduite ne s’applique qu’aux "travailleurs de longue date" et risque bien de laisser tomber ceux et celles avec des emplois précaires et vulnérables, comme les travailleurs saisonniers, les employés contractuels et à temps partiels, les jeunes et les nouveaux arrivants, de même que certains secteurs importants de l’économie ».

«  Ça fait des années que les groupes syndicaux, communautaires et sociaux se mobilisent pour exiger une réforme en profondeur du régime d’assurance-emploi. Trop de travailleuses et de travailleurs sont exclus d’emblée du régime. Favoriser l’admissibilité, c’est la clé. Alors, pourquoi retirer la seule mesure facilitant l’accès au régime depuis longtemps ? Exiger un meilleur filet social, c’est faire un pas concret - et essentiel - vers un régime réellement universel, accessible, juste et non discriminatoire. Le gouvernement fédéral ne peut plus faire semblant en instaurant des mesures temporaires à la pièce. Il doit agir, maintenant !  », dénonce Michael Bizzarro, co-coordonnateur du MASSE.

« Avec la guerre commerciale qui fait rage, les centrales syndicales du Québec demandent au gouvernement Carney de ne pas se limiter à soutenir seulement les entreprises, mais aussi les travailleuses et les travailleurs dans les secteurs affectés. Dans cette optique, il faudrait notamment hausser les prestations d’assurance-emploi et augmenter les transferts fédéraux relatifs à la formation afin de donner un réel appui aux principales victimes de cette guerre qui perdure malgré les efforts de trouver un terrain d’entente avec Donald Trump », affirment à l’unisson Luc Vachon, président de la CSD, Caroline Senneville, présidente de la CSN, Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la CSQ, et Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ.

En février dernier, les groupes de défense des sans-emploi et les centrales syndicales avaient d’ailleurs appelé à mettre en place les mesures suivantes :

 Une norme universelle d’admissibilité de 420 heures ;

 Une augmentation du montant des prestations et l’établissement d’un seuil plancher à 500 $ ;

 Que l’exclusion pour fin d’emploi invalide ne s’impose que sur le dernier emploi occupé ;

 Rendre permanente la mesure permettant de recevoir des prestations plus tôt en simplifiant les règles régissant le traitement des indemnités de départ et autres sommes versées à la suite d’une cessation d’emploi.

La coalition invite ainsi de nouveau le gouvernement à profiter du budget pour mettre en place ces mesures, afin de fournir aux travailleurs et aux travailleuses une réelle protection en cas de chômage.

Conseil national des chômeurs et chômeuses

Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) est l’expression et la force organisées du rassemblement de groupes oeuvrant à la défense et à la promotion des droits des chômeurs et chômeuses, et plus largement des travailleurs et travailleuses avec ou sans emploi. Le fondement de son activité et de son action vise la mise en place d’un régime d’assurance-chômage juste et d’accès universel, assurant à chacun et à chacune respect et dignité par l’obtention d’un revenu de remplacement lors d’une période de chômage.

Le Conseil national des chômeurs et chômeuses croit aux valeurs essentielles du partage et de la solidarité. En ce sens, il considère que les biens et les richesses produits par la société doivent être mis au service de la communauté, assurant à chacun et à chacune une vie reposant, entre autres, sur un accès inaliénable aux soins de santé, à l’éducation et au logement, et sur le droit au travail.

Le Conseil national des chômeurs et chômeuses croit que le bon fonctionnement de notre société doit s’appuyer sur une vision du développement durable, respectueux de ses populations et de l’environnement, et articulé dans son ensemble, et dans toutes ses sphères, sur la démocratie et le respect des différences.

Le Conseil national des chômeurs et chômeuses est un réseau autonome d’action, d’éducation et de sensibilisation qui repose sur la volonté commune de groupes autonomes. Indépendant, tout comme ses groupes membres, de toute idéologie, organisation, parti politique ou lieu de pouvoir institutionnel, le Conseil national des chômeurs et chômeuses est libre de ses choix. Sa cause est celle de la justice et de l’équité ; ses valeurs sont celles de la démocratie, du partage et de la solidarité ; sa volonté est imperturbable.

Le Conseil national des chômeurs et chômeuses s’inscrit donc dans un projet de transformation sociale. En ce sens, il tissera des liens et développera des alliances, se voulant les plus larges possibles, avec d’autres acteurs de la société, dans une perspective de solidarité internationale aussi, qui recherchent les mêmes fins.

http://www.lecnc.com

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