2 octore 2025
Intelcom Courier Inc. était à l’époque un important donateur libéral, dont le fondateur et président-directeur général, Daniel Hudon, était également collecteur de fonds et ancien membre du comité des finances de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada, dont le président était nul autre que… Clément Joly, père de Jean-Sébastien et Mélanie Joly (1)
André Ouellet, le PDG de Poste Canada qui avait autorisé le rachat d’Intelcom par la société d’État avait été éclaboussé en 2004 par un rapport de vérification de la firme Deloitte Touche, commandé dans la foulée du scandale des commandites, qui lui reprochera d’être « intervenu à maintes reprises dans l’attribution de contrats totalisant 35 millions » et d’avoir « demandé à ses subalternes de trouver du travail à plus de 80 personnes ». (2)
Ancien directeur financier chez Mediagrif, Jean-Sébastien Joly s’est joint à Intelcom en 2007 comme vice-président, finances et opérations, et a racheté l’entreprise à son fondateur, Daniel Hudon, en 2017, avec la participation de la Caisse de dépôt et de la Banque de développement du Canada (BDC). (3)
Avec le soutien de la CDPQ (Caisse de dépôt et placement du Québec), reconnue pour son mépris des travailleurs, le frère de la ministre Joly entame une grande expansion des activités de la compagnie. En quelques années, l’entreprise fait bâtir des centres de tri à Montréal et Toronto qui représentent des investissements de 31 millions de dollars. Sur la même période, leur nombre d’employés passe de 300 à 2500 plus 3000 « indépendants » qui sont en réalités des travailleurs précaires.
Pendant la grève de décembre 2024, Postes Canada a d’ailleurs fait appel à des briseurs de grève en ayant recours à des sous-traitants comme Purolator et Intelcom pour expédier des colis qui devaient être traités par les grévistes.
Jusqu’en 2022, aucune mesure de prévention des conflits d’intérêts n’empêche Mélanie Joly de donner un traitement préférentiel à la compagnie de son frère. Il y a trois ans, un « filtre » anti-conflits d’intérêts, administré par la sous-ministre et la cheffe de cabinet de Joly, est mis en place pour s’assurer que la ministre ne favorise pas l’entreprise de son frère. (4)
Les intérêts du Parti Libéral ne sont pas de favoriser un service public comme Postes Canada. Son but est d’avantager ses amis du secteur privé. L’acharnement du gouvernement libéral n’a rien à voir avec la supposé problématique de rentabilité. Cette offensive est de deux ordres, premièrement le transfert du service de livraison des colis vers les compagnies privées, qui font dans l’ensemble d’énormes profits, et l’affaiblissement de la combativité ouvrière. Donc des profits plus grands pour leurs amis, les dirigeants de ces compagnies, la réduction des salaires et l’affaiblissement des conditions de travail et surtout de la combativité ouvrière.
Tel est le motif du Parti Libéral de Carney en ce moment, affaiblir les syndicats, les salaires et conditions de travail pour enrichir encore plus les entreprises. Le cas d’Intelcom en est un exemple. Il n’exploite pas de véhicules de livraison puisqu’e cette compagnie fait affaire avec en sous-traitance avec de petites et moyennes entreprises qui offrent ce genre de service. (5) Ce fonctionnement rend encore plus difficile la syndicalisation puisque ce sent des employéEs à contrat individuel. Au lieu de travailleurs et travailleuses syndiqués avec des conditions de travail et salariales décents, le travail est transféré vers des entreprises où les travailleurs sont atomisés et sans rapport de force.
Le gouvernement libéral ainsi que la direction de Postes Canada ont donc fabriqué un récit de crise financière pour qui camoufle leur véritable objectif. Pour ajouter au scandale, Poste Canada a du admettre, lors d’une période de questions avec des députés, avoir versé des millions de dollars en primes à sa haute direction au cours des deux dernières années. Si une entreprise perd de l’argent et se dirige vers la faillite, pourquoi ses dirigeants recevraient-ils des primes ? (6)
Postes Canada est actionnaire à 91 % de Purolator. Les revenus de Purolator au cours des quatre dernières années se sont élevés en moyenne à environ 2,5 milliards de dollars. Postes Canada a donc sommes toutes beaucoup d’argent, mais ce que cela signifie également c’est que si Postes Canada avait le privilège exclusif de la livraison du colis comme c’est le cas pour la poste-lettre, il serait bien au-dessus du seuil de rentabilité.
Suite à la création d’un syndicat, Amazon a fermé ses sept installations au Québec, ce qui a entrainé le licenciement d’environ 2000 personnes. Intelcom avait déjà signalé, qu’elle était prête à prendre la relève. « Nous avons une relation de longue date avec [Amazon] et nous continuerons de collaborer étroitement pour équilibrer leurs besoins de livraison au Québec », avait souligné l’entreprise dans une déclaration. Mais Intelcom n’exploite pas de véhicules de livraison puisqu’elle fait affaire en sous-traitance avec de petites et moyennes entreprises qui offrent ce genre de service. Les employéEs licenciéEs ne seront donc pas repris et la précarité des emplois est maintenue.
Postes Canada persiste à imposer des reculs, la mobilisation s’organise
Selon le syndicat pratiquement tout ce qui figurait dans les offres patronales de mai dernier reste inchangé. Les dernières offres comportent toutefois quelques nouveaux reculs, notamment l’abolition de la sécurité d’emploi, une zone de réaménagement des effectifs de 60 km lors des réorganisations et des suppressions d’emplois directe. La présidente du syndicat Jan Simpson dénonce l’attitude de Postes Canada qui a fait attendre les membres du syndicat 45 jours pour leur présenter des offres pires que celles rejetées en août. Postes Canada savait pertinemment que les membres ne pourraient pas accepter ces nouvelles offres, elle cherche clairement à gagner du temps. (7)
Les membres du syndicat ont démontré leur détermination. Ils ont été mobilisés partout à travers le Canada. À Montréal ils ont innové en organisant conjointement une manifestation avec le Syndicat des employées d’entretien de la STCUM (CSN) également en grève. Devant une offensive patronale et gouvernementale qui s’en prend à tous les syndicats, l’organisation d’une riposte intersyndicale est une initiative qu’il faut saluer, il faut maintenant qu’elle devienne populaire. Tous les mouvements et organismes progressistes de gauche doivent maintenant embarquer dans ce mouvement.

Sources :
(1) https://www.lautjournal.info/20250523/melanie-joly-amazon-et-intelcom-un-parfum-de-favoritisme-et-de-privilege
(2) Idem
(3) https://etoiledunord.media/2025/03/la-compagnie-sous-traitante-pour-amazon-au-quebec/
(4) Idem
(5) https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2025-01-24/sous-traitant-d-amazon/grosse-prise-immobiliere-pour-intelcom.php#
(6) https://www.prpeak.com/sponsored/postal-workers-have-their-say-9902307
(7) https://www.sttp.ca/fr/postes-canada-ne-prend-pas-les-n%C3%A9gociations-au-s%C3%A9rieux
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