Tiré de Asialyst
3 avril 2025
Par Hubert Testard
Porte-conteneur taïwanais quittant un port. DR.
Le couperet est tombé. Mercredi 2 avril, « jour de la libération » selon le vocabulaire de la Maison Blanche, Donald Trump brandissait une pancarte avec une longue liste de pays touchés par les droits additionnels américains. Seize pays asiatiques figurent dans cette liste. Les marchés financiers asiatiques étaient tous en baisse au matin du 3 avril, avec une chute de plus de 3% du Nikkei japonais.
Source : Maison Blanche
Les différences entre les pays semblent davantage fondées sur le montant de leurs exportations directes et de leurs excédents vers le marché américain que sur les différences de niveaux de droits de douane. On retrouve les trois catégories de pays mentionnées dans un article précédent (« Taxes douanières de Trump qui en Asie est le plus exposé ? »).
Les « bons élèves » avec lesquels les États-Unis avaient déjà des excédents commerciaux comme l’Australie ou Singapour ne sont taxés qu’à hauteur de 10%.
Ceux qui « pourraient mieux faire » n’importent des États-Unis que 40 à 60% de ce qu’ils exportent vers le marché américain. Ces pays sont taxés autour de 25%. On trouve dans cette seconde catégorie le Japon, la Corée, la Malaisie ou les Philippines.
Et puis il y a la catégorie des « mauvais élèves » avec lesquels les exportations américaines représentent moins de 35% des importations. La Chine d’abord, taxée à hauteur de 34% en plus des 20% déjà appliqués. Le Vietnam également, lourdement taxé à 46%, la Thaïlande et Taïwan, ainsi que plusieurs pays pauvres qui achètent peu de produits américains (Cambodge, Sri Lanka, Pakistan).
Les choix faits par les équipes commerciales de Donald Trump semblent résulter d’un arbitrage entre ceux comme Peter Navarro qui privilégiaient une taxation indifférenciée pour maximiser le montant des recettes douanières et financer les baisses d’impôts, et les équipes de Howard Lutnik qui favorisaient une approche par pays pour négocier.
Des concessions pour le moment inutiles
Plusieurs pays comme l’Inde, le Vietnam, Taïwan ou la Corée, avaient multiplié les concessions commerciales et les annonces d’investissement pour éviter d’être trop lourdement taxés. Une stratégie qui n’a pas encore donné de résultats. Mais si l’on se réfère au précédent des droits sur l’acier, l’aluminium et certains biens de consommation appliqués en 2018 lors de la première présidence de Donald Trump, les États-Unis avaient fini par accorder des exemptions à leurs principaux partenaires commerciaux en échange d’un certain nombre de concessions. Manifestement, en Asie comme en Europe, on table sur un processus similaire, ce qui explique des réactions modérées face à la vague protectionniste américaine.
Le ministre du commerce japonais, Yoji Muto, a promis une « réponse rapide » sans préciser si elle inclurait des contre-mesures. La porte-parole de l’exécutif à Taïwan, citée par le journal Le Monde, annonce que Taipei va « engager de sérieuses négociations » avec Washington. Un responsable du ministère du Commerce indien présente les mesures américaines comme un « ensemble mélangé » (mixed bag) qu’il va falloir analyser. Cette position très prudente reflète d’une part le fait que l’administration indienne espère conclure un accord commercial avec les États-Unis avant la fin de l’année, d’autre part l’espoir que la taxation beaucoup plus lourde des produits chinois bénéficiera aux exportations indiennes.
La Chine se distingue par l’annonce immédiate de contre-mesures, dont le contenu n’est pas encore précisé, alors que l’Union européenne temporise avec l’espoir de négocier. L’ampleur des annonces américaines est telle que personne ne semble envisager qu’elles soient appliquées en totalité dans la durée, au risque de provoquer une récession aux États-Unis et un choc majeur pour l’économie mondiale.
Par Hubert Testard
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