Édition du 26 mars 2024

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Environnement

L’Oléoduc Énergie Est de TransCanada : Une bonne affaire pour nous ?

TransCanada veut passer un oléoduc chez nous pour acheminer le pétrole bitumineux d’Alberta vers l’Atlantique et l’exporter dans le monde.

Le Québec et notre région en retireront-ils des avantages ? 10 réponses à 10 questions.

1. Moins de trains de pétrole dans nos villages ?

L’oléoduc ne remplacera pas les trains. Les trains vont continuer à transporter le pétrole de schiste des États-Unis d’ouest en est via le Québec. L’oléoduc vient s’ajouter pour acheminer 1.1 million de barils supplémentaires par jour de pétrole bitumineux d’Alberta vers l’Atlantique. Voulons-nous devenir la voie de passage du pétrole albertain ?

2. Le pétrole, on en a tous besoin ?

Dans la société actuelle, c’est vrai, on est prisonnier de l’auto et des pétrolières (50% de notre énergie), Mais le pétrole n’est pas inépuisable et il est en train de nous empoisonner et de débalancer le climat de la planète. Il ne faut pas plus de pétrole mais moins de pétrole. Il faut apprendre vite à remplacer le pétrole.

3. Moins de dépendance au pétrole étranger ?

Le pétrole raffiné au Québec provient principalement d’Afrique (39%), de la Mer du Nord (29%) et de Terre-Neuve (12%). C’est un pétrole léger et nos raffineries (Ultramar à Lévis et Suncor à Montréal) n’ont pas vraiment besoin du pétrole lourd d’Alberta, plus difficile à raffiner, et son prix rejoindra le prix du marché dès qu’il sera exporté. Pourquoi prendre des risques pour du pétrole sale destiné aux autres et dont on n’a pas besoin ?

4. Moins de pollution ?

L’extraction du pétrole bitumineux utilise beaucoup plus d’énergie et d’eau, émet beaucoup plus de gaz à effet de serre et endommage beaucoup plus l’environnement que le pétrole conventionnel. Son empreinte écologique est double et se voit de l’espace ; mais on veut tripler sa production d’ici 2030. Allons-nous les encourager ?

5. Du pétrole moins cher à la pompe ?

Le pétrole de l’Ouest est moins cher dans l’Ouest. Mais rendu dans l’Est, il sera compétitif avec le pétrole de l’extérieur, donc au même prix, à la pompe en tous cas.

6. Moins de dangers d’explosion et de déversement ?

Les déversements de pétrole par oléoduc sont 3 fois plus importants que ceux par train. Dans l’explosion de l’oléoduc de Embridge à Kalamazoo au Michigan en 2010, les employés ont fermé les valves 17 heures après la première alerte, 3.7 millions de barils ont été déversés dans une rivière, le nettoyage n’est pas encore terminé et a coûté plus d’un milliard. Il y a plusieurs centaines de fuites d’oléoducs par année. L’Office National de l’Énergie (ONE), chargé de la sécurité des oléoducs au Canada, a reconnu que 83 stations de pompage de l’oléoduc de Embridge sur 125 n’avaient pas de bouton d’arrêt d’urgence, une exigence depuis 1994, mais n’a rien fait pour exiger les corrections. Peut-on se fier aux promesses des compagnies ?

7. Des emplois pour des régions défavorisées ?

L’oléoduc crée peu d’emplois locaux et pour peu de temps durant sa construction, et encore moins pour la maintenance. On pourrait créer beaucoup plus d’emplois locaux si on développait sérieusement les énergies sans pétrole : la biométhanisation, la biomasse, l’écoconstruction, les panneaux solaires, la géothermie, l’éolien, l’économie d’énergie, etc.

8. Des redevances pour aider les villages du Haut-Pays ?

Les redevances que fait miroiter TransCanada risquent fort de devenir une mauvaise affaire. Des contrats signés en privé, sous pression et sans information légale réservent souvent des mauvaises surprises. Les propriétaires et les municipalités risquent de perdre plus d’argent que ce qu’ils pourraient recevoir parce que personne ne voudra acheter ou assurer des propriétés situées aux alentours d’un oléoduc, ou visiter un parc régional traversé ou contaminé par un oléoduc ? Sans compter les risques pour nos nappes phréatiques et nos bassins versants.

9. Ça va se faire de toute façon : autant en profiter ?

Au contraire, cette fois-ci, le Québec détient la carte maîtresse. Pour produire plus de pétrole bitumineux, l’Alberta doit pouvoir le vendre, c’est-à-dire l’exporter. Les Chinois, les Coréens, les Américains, qui en sont déjà propriétaires à 70%, veulent ramener ce pétrole chez eux. La Colombie Britannique a bloqué l’oléoduc projeté vers le Pacifique. L’oléoduc projeté vers le centre des États-Unis fait face à beaucoup d’opposition. Si le Québec refuse de laisser passer l’oléoduc projeté vers l’Atlantique, l’Alberta et le Canada ne pourront pas aller de l’avant. La décision du Québec sera déterminante pour l’avenir des sables bitumineux, de la planète et de l’ère post-pétrole.

10. TransCanada, une compagnie fiable ?

TransCanada est une multinationale canadienne qui a son siège social à Calgary, spécialisée dans les projets d’infrastructures énergétiques : oléoducs, pipelines , parcs éoliens, etc. Sa fiche est loin d’être parfaite. On l’a vu dans les projets éoliens, comme toutes les compagnies, elle veut dépenser le moins possible et faire le plus d’argent possible. Il ne faut pas la croire sur parole, pas plus que le Groupe conseil UDA qui négocie pour elle avec les propriétaires et les 51muncipalités.et 15 MRC concernées par son projet d’oléoduc Énergie Est. Le Mouvement Stop Oléoduc est là pour défendre le point de vue des citoyens.


Appel aux dirigeants municipaux et aux propriétaires

Les dirigeants municipaux auront un rôle très important à jouer pour assurer l’information et la protection adéquate de leurs citoyens face à ce projet d’oléoduc. Quant aux propriétaires concernés, ils ont aussi un rôle clé.

Leurs positions face au projet pèseront lourd sur la décision que prendra le gouvernement du Québec concernant l’autorisation de cet oléoduc.

Nous les invitons à s’informer et à informer leurs concitoyens le mieux possible avant de prendre des décisions lourdes de conséquences pour leur communauté et le Québec tout entier.

Le Mouvement Stop Oléoduc souhaite collaborer avec eux pour transmettre des informations absentes dans le discours officiel, pour animer le débat qui va s’engager autour de ce projet et fournir de l’aide et des outils aux citoyens appelés à négocier avec TransCanada.

Nous souhaitons que l’élection municipale de novembre prochain soit une occasion de débattre cet enjeu de société qui nous concerne tous.


L’oléoduc de TransCanada n’est une bonne affaire pour personne au Québec : aucun avantage réel, que des risques, et en prime, un coup dur pour la planète.

Le laisserons-nous passer chez nous ?


NOUS POUVONS - NOUS DEVONS REFUSER pour forcer nos gouvernements à refuser.

Joignez le Mouvement Stop Oléoduc (Portneuf-Saint-Augustin)

Un mouvement citoyen qui s’oppose au passage de l’oléoduc Énergie Est de TransCanada et encourage le développement des énergies vertes.

Pour appuyer, devenir membre ou verser une contribution volontaire :

stopoleoducpsa@gmail.com

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