Édition du 23 avril 2024

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Éducation

La hausse des frais de scolarité, un enjeu préoccupant

Un texte de la CADEUL résume les enjeux de la mobilisation que se dessine dans le milieu étudiant pour contrer4 les politiques du gouvernement Charest en vue de hausser les frais de scolarité. La CADEUL fait partie de la coalition qui appelle à une grande manifestation à Québec le 22 octobre prochain.

La hausse

En mars dernier, le gouvernement de Jean Charest a profité du dépôt de son budget pour présenter un plan de financement des universités visant à renflouer les coffres de ces dernières. La solution retenue par ce dernier est l’augmentation massive des droits de scolarité de 325 $ par an entre 2012 et 2017. En les faisant passer de 2167 $ à 3 793 $, ce sont 1625 $ de plus qui devront être défrayés annuellement, ce qui représente une hausse de 75 %. Avec la hausse de 500 $ imposée entre 2007 et 2012, l’augmentation finale grimpera jusqu’à 127 %. Tous seront-ils capables d’assumer cette nouvelle atteinte à l’accessibilité aux études ?

Bien que le gouvernement affirme que ces nouvelles mesures soient mises en place pour rattraper le gel des droits de scolarité, le plan de redressement proposé démontre quant a lui que l’objectif va bien au-delà d’une simple augmentation de la facture étudiante. En effet, on remarque la volonté du gouvernement de désengager progressivement l’État québécois du financement des universités en transférant le fardeau sur le dos des étudiants. Cela signifie que la proportion versée par le gouvernement va donc diminuer au cours des cinq prochaines années, alors que celle des étudiants va augmenter.1

Nous pouvons donc nous questionner sérieusement sur la nécessité de cette hausse et sur les conséquences néfastes qu’elle aura sur la jeunesse québécoise.

Situation financière réelle des étudiants

Pression financière, manque à gagner, précarité. Face à ces constats inquiétants, un questionnement s’impose sur la situation réelle des étudiants québécois et sur les risques d’endettement qui y sont reliés. L’ensemble risque d’être considérablement amplifié avec l’annonce d’une hausse massive des frais de scolarité.

Il est maintenant devenu coutume d’entendre que la solution à l’endettement étudiant réside en partie dans une plus grande responsabilisation de ceux-ci par rapport à leur mode de vie. De plus, plusieurs jugent leur comportement questionnable, particulièrement en ce qui concerne leurs loisirs, sorties et habitudes de consommation. Le manque de moyens financiers des étudiants actuels serait donc un simple problème de contrôle des dépenses quotidiennes, de planification budgétaire, voire même dans certains cas un manque de maturité. Les étudiants sont-ils irresponsables ?

Plusieurs faits exposent pourtant une situation bien différente 1 :

 50 % des étudiants à temps plein gagnent moins de 12 200 $ annuellement ;

 40 % des étudiants à temps plein ne reçoivent aucune contribution parentale ;

 85 % des étudiants à temps partiel n’ont pas recours à l’aide financière du gouvernement ;

 44 % des étudiants à temps partiel présentent un manque à gagner, tandis que 50 % d’entre eux travaillaient plus de 30 heures par semaine en 2009 ;

 La moitié des étudiants utilisent plus de 66,7 % de leur financement total à des fins de subsistance, alors que les dépenses en vêtements et chaussures représentent seulement 5 % de leur financement total ;

 Au Québec, un diplômé universitaire fait partie du seul niveau d’études pour lequel la rémunération horaire a connu une diminution en 2010. 2

La hausse des frais de scolarité est particulièrement problématique en raison de l’augmentation du fardeau financier des étudiants, actuellement déjà élevé, d’autant plus que l’avantage traditionnel que constitue un meilleur revenu d’emploi n’est plus garanti. Ce dernier étant devenu très inégal selon les domaines, le fait d’emprunter pour poursuivre ses études crée une contrainte significative par rapport à la santé financière de demain des étudiants touchés.

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