Édition du 16 avril 2024

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Le Monde

La lente agonie du libéralisme

L’élection de Trump, le Brexit, le centralisme-unioniste européen, les gilets jaunes et l’élection de Bolsonaro sont des signes d’une crise profonde de la « démocratie », de la représentativité et du capitalisme néolibéral. Les peuples d’occident vivent de plus en plus la violence exprimée par nos régimes libéraux. Un nouvel ordre mondial est en route laissant derrière lui le souvenir du libéralisme politique.

Les pays tels que la Hongrie auraient dû nous mettre la puce à l’oreille considérant la nature « illibérale » de l’État de Viktor Orban : purges, centralisation des pouvoirs juridiques et médiatiques, ultranationalisme, etc. Un système que l’on peut qualifier de « post-démocratique ». Montesquieu qui est considéré comme le père de la séparation des pouvoirs et l’un des pères du libéralisme politique, doit probablement pleurer en voyant l’État de Droit se dégrader un peu partout. Veuillez noter que je ne fais pas un plaidoyer en faveur de la sauvegarde du libéralisme. Il est question ici de nos pouvoirs de décisions et de notre capacité à s’autodéterminer. En France, Macron ne relève plus du démocrate-républicain mais plutôt du monarque-présidentiel comme le dirait Jean-Luc Mélenchon. La crise des « Gilets Jaunes » n’est pas une « folie » du peuple en lutte français mais plutôt un acte purificateur et rempli d’un idéal immortel : celui du « Demos » « Kratos » ; le pouvoir du Peuple. La violence exercée par l’État et la police française ne relève pas d’une légitimité comme par exemple, une atteinte à la sécurité nationale mais plutôt des caprices d’un bon « Roi-Jupiter » ne sachant que trop bien que sa victoire ne reposait que sur trois choses : l’effondrement spectaculaire du Parti Socialiste français et donc la division de la gauche réformiste ainsi que la peur de la Ô combien fascisante Marine Le Pen. Emmanuel Macron pensait leurrer le peuple en mettant en place ses réformes fortement teintées de néolibéralisme mais les françaises et français ont su voir dans son jeu. Hollande voulait l’austérité, Macron veut la fin de l’État social français. Le peuple en lutte revendique quoi ? La souveraineté de la République française face aux multinationales et à l’Union Européenne, retrouver un vrai pouvoir d’achat, des changements écologiques et des réformes sociales. En lisant entre les lignes et en écoutant certains protagonistes du mouvement « jaune », on peut y retrouver des attaques envers le libéralisme politique. Plusieurs partisans radicaux du mouvement réclament directement l’exercice du pouvoir par le peuple et non pas par des intermédiaires (député.es). D’autres réclament le référendum d’initiative populaire et le fameux « mandat révocatoire » pour l’ensemble de la députation et du gouvernement. Que l’on soit pour l’un ou pour l’autre ou pour les deux, il n’en demeure pas moins que le fossé ne cesse d’augmenter entre les représentant.es incluant donc le gouvernement, et le peuple français. Au Royaume-Uni, ce fossé se manifeste aussi avec le désir du peuple d’un second référendum sur le Brexit mais le gouvernement Tory de Mme May refuse sous prétexte qu’ils ont été élus par la majorité. En réalité, pro-Brexit ou pas, les citoyennes et citoyens réclament ce référendum. Au Québec, ce fossé entre le pouvoir délibératif et notre volonté de changement et de justice sociale se fait grandement ressentir. Le gouvernement de la CAQ est clivant et anti-travailliste. En somme, les peuples ne se sentent plus représentés dans ce monde où une minorité d’aristocrates industriels détruisent la planète et soumettent les États à leur volonté par l’intermédiaire de gouvernements de valets volontaires (une servitude volontaire de petits-puissants ?).

En finir avec le parlementarisme bourgeois

Avec la connaissance de l’histoire et avec le contexte actuel, j’en arrive à la conclusion qu’il n’y a que nous travailleuses et travailleurs qui connaissons notre calvaire, qui connaissons nos intérêts et qui avons des solutions à nos problèmes.

Certes, il serait complètement irréaliste que de considérer la situation actuelle comme étant pré-révolutionnaire ou totalement révolutionnaire mais il n’en demeure pas moins que si nous voulons mettre fin à ce système d’exploitation qui s’appelle le capitalisme, il faudra prendre le pouvoir d’une façon ou d’une autre. La démocratie libérale bourgeoise a fait son temps et lorsqu’elle est en crise, elle débouche sur les pires créatures. Les crises économiques se réalisant en cycle n’entraînent que de plus en plus de pauvreté et de destructions de l’environnement et lorsque ces mêmes crises frappent le monde, nos bons gouvernements de « gauche » comme de droite se jettent à bras raccourcis dans l’austérité moribonde et violente. De plus, la professionnalisation de la politique résulte sur la bureaucratisation de l’Assemblée Nationale, du gouvernement et de l’État. Un État bureaucratique c’est un État qui ne vit que pour lui-même sans se soucier de nous ! Notre désir de démocratie ne dépend pas d’une assemblée politicienne mais de notre détermination à s’organiser en comités de travailleuses et de travailleurs et en notre détermination à vouloir mettre en place, une République des Travailleuses et des Travailleurs. En un mot et je l’assume, c’est la voie du socialisme. En somme, le libéralisme s’effondre et rien ne semble bon et clair pour l’avenir. Hier, la bourgeoisie opprimée par le féodalisme s’est libérée par la Révolution française et la Révolution industrielle imposant la démocratie libérale (république et monarchie constitutionnelle) en opposition aux régimes tyranniques des monarchies absolues. Mais cette phase historique n’est que temporaire. La classe laborieuse doit s’organiser pour renverser ce système qui a été si profitable pour les classes dirigeantes et se réapproprier et démocratiser l’économie. La démocratie du peuple pour le peuple et par le peuple, c’est l’imposition de la démocratie de la classe laborieuse !

Charles-Vannak Dupin-Létourneau
Étudiant en histoire,
Militant républicain et socialiste,
Membre de Québec Solidaire

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