Édition du 26 mars 2024

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États-Unis

La position du président Obama sur les inégalités

Seuls les 99% doivent s’inquiéter

De plus en plus d’AméricainEs commencent à s’inquiéter du niveau extrême d’inégalités dans le pays, de la détérioration des conditions de vie de la « classe moyenne » et de l’ampleur des besoins non comblés au milieu de l’abondance.

Andrew Levine(i), counterpunch.org, 2 février 2014,
Traduction, Alexandra Cyr,

Les inégalités n’ont cessé d’augmenter depuis le milieu des années soixante-dix. Mais peu s’en sont inquiété. Nous sommes maintenant arrivéEs à un point tournant. Qui blâme le système capitaliste ? La tendance est de tenir le néolibéralisme mondialisé, élément dominant dans cette phase du développement capitaliste, pour responsable.

Mais l’opposition n’est pas encore suffisamment persuasive ni intense pour provoquer un effort des deux partis politiques pour changer de cap, englués qu’ils sont dans le consensus néolibéral depuis les années Carter. En bref, on se lamente sur les inégalités et on porte peu d’attention aux causes. Les conséquences vous restent pourtant sur le cœur.

Avec les antennes de son administration tournées vers l’opinion publique, comme les deux partis, Républicains et Démocrates, qui reçoivent le message inévitablement, le Président Obama devait s’accrocher au char de la lutte contre les inégalités.

C’est ce qui s’est passé avec la politique « Don’t Ask, Don’t Tell »iiet c’est cette attitude qui a prévalu pour le mariage gay. M. Obama applique le diction de Benjamin Disraeliiii : « Je dois suivre le peuple, (…) je ne suis pas leur leader ».

Donc, sur cette lancée le Président Obama appelle à une hausse du salaire minimum fédéral et annonce qu’il utiliserait, si nécessaire, un décret présidentiel pour imposer aux entreprises qui exécutent des contrats pour le gouvernement de payer leurs ouvrierÈREs 10.10$ l’heure au lieu de 7.25$.
Si cette position est sincère, il se peut bien qu’il ne fasse rien en faveur d’autres mesures importantes à venir dans les prochains mois. À moins que Occupy Wall Street ou un autre mouvement du genre ne renaisse, c’est le seul discours que la Maison blanche tiendra sur les inégalités à partir de maintenant.

Ceux et celles qui supportent le Président forment un groupe méprisable mais, après cinq ans de cette présidence, ils et elles ont de moins en moins d’attentes. Il est probable que les annonces du discours sur l’État de l’Union les satisfassent. M. Obama a parlé il reste à blâmer les RépublicainEs.
Mais, depuis le premier jour, les supporters n’ont cessé de diminuer ; les critiques deviennent de plus en plus dures. C’étaient surtout les critiques racistes et de droite qui florissaient. Elles étaient plutôt absurdes. Maintenant, beaucoup de libéraux et de progressistes se sont ouvert les yeux ; les critiques lui tiennent de plus en plus la dragée haute.

Quelques mois après sa première assermentation, les observateurs-trices ont remarqué que quand il proposait quelque chose qui sortait de l’ordinaire, le Président utilisait un langage un peu pompeux et laissait ensuite les lobbyistes s’occuper des rapports bipartisans.

C’est ainsi que s’est terminée l’adoption de la nouvelle loi sur l’assurance maladie, (l’Affordable Care Act). Pourtant, M. Obama triomphait en la paraphant. C’était tout un cadeau aux compagnies d’assurance et pharmaceutiques, ultimes bénéficiaires couteuses et inefficaces de notre système de santé et maintenant de cette loi. Elle a été élaborée par leurs lobbyistes qui ont acheté les législateurs-trices.

Bien sur, elle permet à plusieurs de pouvoir s’assurer, mais c’est loin d’être tous ceux et celles qui n’avaient pas d’assurance maladie jusque là. Les supporters de M. Obama la brandisse comme preuve de l’efficacité de son style de gouvernance (ou de non gouvernance).

Son dernier discours sur l’État de l’Union différait un peu de sa norme : rien de grandiose, de vague ou autre manière de ce genre lorsqu’il a traité de changements qu’il veut apporter. Il semble que nous soyons en face de la liste minimale de M. Obama. Pourtant il y a une autre facette du « modus opérandi » qui a été peu remarqué ce soir là mais qui était pourtant évident.
Peut-être qu’il a appris du gouvernement israélien en observant ses succès dans le blocage de la naissance d’un État palestinien tout en ayant accepté le projet en 1993. Il faut donner sincèrement l’impression qu’on garde le cap sur le but à atteindre tout en faisant l’impossible pour s’assurer que ça n’arrivera pas. Pour cela, la politique du fait accompli sur le terrain est essentielle. Pour ce qui concerne la Palestine, le gouvernement israélien a poursuivi celle de l’installation de colons en Cisjordanie sur laquelle il ne pourra jamais revenir en arrière même s’il le voulait.

M. Obama, pour sa part, continue d’utiliser le soutient de l’État pour des machinations financières qui bénéficient au super riches et qui, dans les faits, protègent les banquiers et autres cupides de toute poursuite judiciaires alors qu’ils et elles ont dépassé la limite de ce que notre système marqué par la cupidité permet.

M. Obama n’est pas le seul qu’il faille blâmer : toute la classe politique est à blâmer. Elle a rendu inapplicable les politiques de justice fiscale. Elle a permis l’actuelle confiscation de la richesse par les plus riches et maintient la redistribution hors jeu. Et les médias jouent leur rôle de supporters. Les Amérindiens ont un nom pour ce genre de comportement : langue fourchue. Ils y ont été confrontés à plusieurs reprises en négociant avec Washington.
Si le thème des inégalités est nouveau, le phénomène est aussi vieux que le concept de « Destinée manifeste Idéologie selon laquelle la nation américaine avait pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation vers l’Ouest. Elle a prévalue au 19ième s. Wikipédia »(iv). M. Obama est imbu de l’esprit des grands Pères fondateurs blancs. Il est très significatif que quand il parle des inégalités il s’inquiète plus de leur effet sur l’économie que de l’objectif de justice. Et il reste assis sur ses biais de classe et sa politique néolibérale.

Tous nos leaders politiques reconnaissent qu’avec le niveau d’emploi actuel qui comporte un sous emploi rampant, qu’avec le niveau des salaires qui stagne ou se réduit, trop peu de gens ont un revenu suffisant pour vraiment soutenir la demande de biens et services.

Les quelques unEs qui possèdent presque tout peuvent profiter de cette situation. Ils délocalisent les emplois et prennent toutes les mesures possibles pour abaisser les coûts de main d’œuvre. Ils réussissent ainsi à rendre les consommateurs-trices suffisamment heureux pour obtenir leur adhésion : ils assurent un vaste stock de marchandises bon marchées et venant d’autres pays. Cette politique ne peut tenir bien longtemps. Les quelques « malfaisantEs » (comme on devrait les appeler) qui créent la grande richesse en ces temps où la « classe moyenne » se rétrécit en même temps que la pauvreté augmente, ne réussiront plus à s’enrichir.

Malgré tous les efforts de Wal-Mart et des autres empires des bas salaires, des Forces armées, du Trésor et de la Réserve fédérale, les consommateurs-trices ne disposent pas de suffisamment d’argent pour permettre que cette obscène croissance inégale puisse durer. Pour le 1% qui s’est habitué au niveau de richesse dont il jouit en ce moment, la consommation domestique doit être renforcée. Les moyens qu’il a employé jusqu’à maintenant : compter sur la main d’œuvre du tiers monde, sur les dépenses militaires dans le pays et sur les marchés financiers sans lien avec l’économie réelle. La réponse de la droite, surtout ses segments les plus à droite, est de blâmer les victimes, de ressortir le vieil argument de la « culture de la pauvreté ».

Mais le vent change. Même des RépublicainEs comprennent, du mieux qu’ils et elles le peuvent, que le climat politique actuel ne fait que consolider et prolonger la situation qu’ils et elles décrient. Que ce soit conscient ou non ils et elles se situent maintenant sur le terrain occupé par le Président après son discours sur l’État de l’Union. Cela devait arriver un jour ; les Démocrates se sont situés sur le terrain républicain depuis des décennies.

Donc, maintenant la question à l’ordre du jour, sauf peut-être pour les partisans d’Ayn Randv et des autres doctrinaires libertarienNEs, est : que devrait faire le gouvernement ?

Ce n’est pas la même chose que : que va faire le gouvernement ? Nous connaissons déjà la réponse. Tant que M. Obama demeure président, pas grand-chose maintenant que les mots ont été prononcés et les gestes publics posés. Dans le passé, plusieurs fois, les mots et les postures de ce président ont été suivis d’actions. Ils peuvent même avoir résulté en des changements substantiels. Parfois même pour le mieux.

Actuellement toutefois, ses paroles et ses postures sont vides de sens. Quand qu’il continue à ne pas faire grand-chose à propos de rien en terme de suivi on ne perdra pas grand-chose non plus. En dépit du ton dramatique dans ce discours du 30 janvier dernier, il est clair que c’était une réflexion superficielle sur ce qu’impliquent les inégalités conceptuellement et historiquement.

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Les idées des premiers défenseurs de celle d’égalité trouvaient leurs bases dans les traditions religieuses et philosophiques. Cela a duré pendant environ 4 siècles. Ils étaient convaincus que tous les humains sont égaux. Mais cette tradition n’a pas influencé la construction de nos institutions politiques, sociales et économiques. Elles ne traitent pas également chacun et chacune.

(…)

La vision dominante veut qu’il ne serait pas « naturel » et donc erroné, ou contraire à la volonté divine de traiter les membres des différentes classes sociales de la même façon. Cette croyance qui a d’abord affaibli les solidarités traditionnelles a favorisé le développement de rapports sociaux instrumentaux basés sur les mécanismes du marché et dans la foulée, les aspirations populaires ont fini par être interprétées comme des « droits » fondamentaux.

Au moment des révolutions françaises et américaines, l’idée que les gens vivant au sein des mêmes regroupements politiques étaient des citoyens égauxvi était largement partagée dans les cercles des Lumières des deux côtés de l’Atlantique. Autrement dit, les droits politiques et légaux devaient être distribués également. Par la suite l’ensemble du monde a endossé cette posture. Mais ce qui était énoncé en théorie, et qui l’est encore, est souvent nié dans la réalité.

Aux États-Unis, la révolution ne reconnaissait l’égalité des droits qu’aux hommes blancs libresvii. Bien sur, la majorité des noirs étaient esclaves. Il a fallu des siècles pour que tous les citoyens sans égard à la fortune, au genre ou à la race gagnent le plein droit de vote. Même cette conquête est maintenant mise à mal par les Républicains. Cherchant des avantages électoraux, sous prétexte de possibles fraudes électorales ils font tout pour restreindre le droit de vote principalement dans les circonscriptions où la majorité de la population est pauvre et de couleur. Ce sont des circonscriptions plus favorables aux Démocrates.

Aujourd’hui, aux États-Unis la distribution inégale des droits politiques est systémique et imprègne insidieusement les pratiques. Nous n’avons probablement pas connu de période où les influences sur la politique aient été aussi inégales, même pour ceux et celles qui ne rencontrent aucun obstacle à l’exercice de leur droit de vote ; la distribution inégale de la richesse l’infecte à un degré jusqu’ici inconnu.

La Cours suprême en est en partie responsable. Depuis quelques décennies, mais surtout ces dernières années, elle a établit la corruption politique (électorale) dont l’achat et la vente d’influence, en droits de parole constitutionnels. On peut lire au fronton de l’édifice de la Cours suprême : « Justice égale devant la loi ». Aujourd’hui, dans notre pays, cela tient plus de l’illusion que de la réalité. L’inégalité devant la justice est un des moyens par lesquels le racisme perdure dans nos institutions. Elle joue aussi un rôle dans les efforts du gouvernement pour préserver le statut quo ici et à l’étranger. Le Département de la justice du Président Obama, dirigé par M. Holder, s’est signalé en agissant pour protéger les criminels de guerre et les banquiers qui ont volé le peuple sans aucune gène depuis l’èreW. Bush.

M.J. Clapper, directeur de la National Intelligence Agency , responsable de l’espionnage à la NSA, qui se sort indemne d’un grossier mensonge devant le Congrès est un exemple de cette inégalité devant la loi. Et pire, il se permet de dénoncer Edward Snowden pour avoir rendu publique la guerre menée par Ms. Bush et Obama contre la protection de nos vies privées, contre nos droits à des procédures judiciaires justes et notre droit d’expression. Cette politique va jusqu’à menacer les journalistes pour qu’ils livrent les informations fournies par E. Snowden.

Il semble que cette situation soit installée un peu partout. Pourtant aucune tendance populaire ne revendique l’inégalité des droits politiques. L’égalité est endossée partout dans le monde. Mais dans la vraie vie, les hommes et les femmes politiques n’en ont pas une idée précise, y vont approximativement et parfois les nient carrément, délibérément.
Les grandes révolutions du 18ième siècle qui ont mis fin au féodalisme, ont introduit une idée différente de l’égalité mais qui se rattache à la première : l’égalité des opportunités. Comme l’égalité des droits cette notion est rarement mise en vigueur. Mais dans ce cas ce ne sont pas seulement l’hypocrisie et le dénie qui déterminent les positions mais c’est le débat sur ce que veut dire cette idée.

Pour certainEs le concept d’égalité des opportunités devient réalité quand les obstacles légaux ou autres n’existent plus. Alors en principe, chacunE peut rentrer en compétition pour des ressources restreintes sur des bases égales. Cette idée que l’égalité d’opportunités (l’idée que les carrières sont ouvertes à tous les talents comme on dit en France), devient le point absolu de l’égalité politique. Cela fait basculer les différences inhérentes aux sociétés de classe vers le droit de citoyenneté universel.

Pour d’autres, l’égalité d’opportunité n’existe que quand l’État ou les institutions sociales corrigent tous les facteurs qui empêchent les individuEs de prendre part à la compétition. Donc il faudrait rendre les règles du jeu vraiment égales. Pas la peine d’insister sur la difficulté sinon l’impossibilité d’assurer une compétition égale à tous et toutes. Mais il peut être plus facile d’intervenir quand il s’agit de corriger les obstacles systémiques que subissent des groupes désavantagés. C’est le cas des femmes, des groupes raciaux et ethniques, des minorités religieuses et d’autres groupes d’individus qui sont victimes de discrimination.

Pour ceux et celles qui soutiennent l’idée de l’égalité d’opportunités il faut en passer par les politiques d’« affirmative action ». Elles donnent des priorités aux individus des groupes désavantagés. Pour avoir quelque succès que ce soit avec ce genre de politique il faudrait intervenir dès la naissance des citoyenNEs. Mais le consensus populaire veut que les enfants soient élevés par leur famille. À ce compte là l’« affirmative action » arrive toujours trop tard.

L’égalité politique c’est autre chose. L’idéal peut être réalisé parfaitement sans qu’il soit besoin de violer aucune valeur centrale à notre vie sociale. L’égalité des opportunités ne peut être que variable avec des degrés divers de succès. Mais matérialiser l’idéal est au-dessus des moyens sociaux dont nous disposons.

Toutefois, diriger les dépenses publiques pour qu’elles rejoignent plus les pauvres que les riches, y ajouter de vigoureux programmes de discrimination positive ne peut qu’améliorer les chances des gens en situation inégalité devant les opportunités. Mais rien de tout cela ne serait nécessaire si, à la base, la richesse était distribuée également ou presque également. Si la richesse était distribuée plus également qu’elle ne l’est en ce moment et si les droits légaux et politiques l’étaient aussi à leur maximum possible, il ne serait pas nécessaire d’intervenir sur les égalités d’opportunités. Elles suivraient automatiquement.

Les philosophes se sont couramment penchés au cours des dernières décennies sur ces questions. Ils et elles ont dégagé des observations cruciales sur l’influence des inégalités économiques quand on les prend en compte dans l’analyse des situations de populations face à la production, au commerce et aux chances sociales.

Tout cela est plus compliqué qu’il n’y parait au premier abord. Mais quand il faut établir des politiques, quelque soit le but précis visé, (souvent c’est celui qui est « faisable ») il faut viser aussi la distribution de la richesse et des revenus aussi également que possible.

Est-ce ce que M. Obama a cela dans la tête ? Pas du tout ! Les mesures annoncées dans le discours sur l’État de l’Union, ne réussirons pas à avancer vers plus d’égalité de quelque façon que ce soit. Relever le salaire minimum à 10.10$ de l’heure, a à peu près ce qu’il était en 1968 si on tient compte de l’inflation, maintenir les bénéfices des chômeurs-euses de longue durée comme le ferait n’importe qu’elle société décente, ne peut que ralentir un peu la progression des inégalités. (…)

M. Obama aurait pu faire mieux, beaucoup mieux. Il n’avait qu’à reprendre les politiques qui étaient largement acceptées, même acceptées de fait par les Républicains et les Démocrates il y a quelques années. Il aurait pu, par exemple déclarer qu’il allait renforcer les lois existantes qui soutiennent l’organisation de syndicats ; qu’il allait faire adopter le « Employee Free Choice Act »viii comme il l’a promis si souvent lorsqu’il était candidat à la Présidence. Ceux et celles qui luttent pour l’égalité doivent tirer une leçon des preuves recueillies depuis un siècle et demi de lutte : dans les sociétés capitalistes rien n’est plus efficace, ne donne de meilleurs résultats qu’un mouvement ouvrier fort et indépendant. Ça n’est une nouvelle pour personne sauf peut-être pour les cercles du parti Démocrate et la Maison blanche.

M. Obama se dépêche à négocier l’accord Transpacifique, une entente qui va avoir des effets encore plus dévastateurs que n’a eu l’ALÉNA sur la classe ouvrière. Il pourrait prendre son temps pour empirer la situation créée par l’ex président Clinton.

Ici, en ne faisant rien pour empêcher le creusement des inégalités en mettant de l’avant des politiques commerciales néo libérales le Président dépasse M. Netanyahu dont la politique est de soutenir la formation d’un État palestinien tout en installant des colons dans les territoires occupés.
(…) Les politiques de Ms Bush et Obama en éducation ne visent pas à faire passer quelques enfants de familles pauvres vers la soit disant « classe moyenne ». Elles doivent former les travailleurs-euses dont les entreprises capitalistes ont besoin. Cet objectif ne peut qu’aller à l’encontre de ceux de la diminution des inégalités si ténus soient-ils. L’école devrait former des citoyenNEs démocratiques. Nos leaders actuels devraient savoir cela ; c’est ce qu’on fait leurs prédécesseurs. Il devraient savoir qu’enseigner en prévision de tests et autres outils de « performance » soutenus par les entreprises, est au mieux inutile ; que ne pas donner à l’éducation publique les fonds nécessaires et qu’attaquer les enseignantEs et leurs syndicats n’est pas la façon productive de procéder.

Tout cela était connu et compris. Mais en cette ère Obama les méthodes les plus évidentes, les plus décentes, les plus expérimentées qui pourraient donner des résultats de hausses des revenus en augmentant les impôts spécialement ceux des riches, ne suscitent que dérision. Elles déplaisent aux financiers des partis Démocrate et Républicain. C’est parce qu’il sait cela que le Président a autant patiné dans son discours sur l’État de l’Union. Il n’a laissé passer qu’un bonbon : la vieille proposition de la maternelle pour tous les enfants de quatre ans. Est-ce qu’il va la mettre en place ?

Puis vient la pauvreté. Oubliez la guerre à la pauvreté de L.B.Johnson il y a cinquante ans. M. Obama n’en a même pas parlé dans ce fameux discours. Il semble bien qu’il n’ira pas plus loin que le niveau du salaire minimum égal à celui du temps de la Grande société.

Mais, qui se préoccupe de ce que veut ou sait M. Obama. Le 1% mène la cadence. Avec la classe politique, il possède presque tout ce qui peut se posséder. Pour ce qui est des Républicains, ils sont fidèles à eux-mêmes : des idiots utiles aux super riches. Du côté des Démocrates il y a tout un fossé entre leurs apparences et leur réalité. Avec M. Obama, ce fossé est exceptionnellement large. Alors qu’il appelle à combattre les inégalités il s’efforce de créer, sur le terrain, les conditions matérielles qui mènent à l’échec.

Les super riches n’ont donc rien à craindre : il n’y aura pas de diminution des inégalités sous cette présidence. Comme le Président ne fait rien il n’y en aura pas moins mais plus.

M. Obama s’est servi de sa langue fourchue pour parler des inégalités. Seul le 99% doit s’en inquiéter.


Notes

i. Andrew Levine et membre sénior de l’Institute for Policy Studies. Il est l’auteur de The American Ideology Routledge ed. et de Political Key Words, Blackwell ed. Son livre le plus récent s’intitule : In Bad Faith : What’s Wrong With the Opium of the People. Il a été professeur de philosophie à l’Univ. Du Wiskonsin à Madison et chercheur en philosophie à l’Univ. de Maryland-College Park. Il a contribué à Hopeless : Barack Obama and the Politics of Illusiion, AK Press.

ii. Cette politique était appliquée aux homosexuelLEs dans les forces armées : n’annoncez pas votre orientation et de notre côté nous ne vous demanderons rien à ce sujet.

iii. Homme politique britannique conservateur du 19ième s. qui associa son parti au développement de l’Empire britannique. Wikipédia

iv. Idéologie selon laquelle la nation américaine avait pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation vers l’Ouest. Elle a prévalue au 19ième s. Wikipédia

v. Philosophe, scénariste et romancière championne de la pensée libertarienne. Elle a développé le concept d’objectivisme (en économie politique) et prêche les vertus de l’égoïsme. Wikipédia

vi. J’emploie ici le masculin intentionnellement parce dans les deux cas, ni les femmes ni les noirEs n’étaient prisEs en compte. Pour la France se référer aux travaux historiques concernant Olympe de Gouges et l’abbé Grégoire.

vii. Et propriétaires. C.f. H.Zinn, Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, Lux éd. Montréal,

viii. Loi qui empêcherait les patrons d’intervenir dans les efforts de syndicalisation de leurs employéEs.

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