Le site Orient XXI.
Cette crise trouve un écho en Europe où, avec l’aide de nombre de responsables politiques et de certains médias, elle alimente la panique face au terrorisme, à l’immigration, à l’islam et brouille les lectures et les stratégies suivies par les grandes puissances dans la région. « Mieux vaut une bonne dictature que les islamistes au pouvoir » : une telle analyse nous ramène à la stratégie occidentale d’avant les révoltes arabes.
Pour notre part, comme nous l’écrivions lors du lancement d’Orient XXI le 1er octobre 2013, nous restons « convaincus qu’il faut essayer d’appliquer à cette large aire géographique, aux mouvements politiques, culturels, sociaux qui s’y déploient, aux transformations de son économie, les mêmes règles d’analyse que l’on applique au reste du monde. Il n’existe aucune exception “musulmane” ou “arabe” ». C’est ce que nous avons essayé de faire obstinément, avec cinq articles par semaine en français (au total environ un millier d’articles écrits par plus de trois cents contributeurs). Nous avons trouvé un public prêt à préférer l’analyse et la raison à l’émotion : Orient XXI reçoit désormais largement plus de 200 000 visiteurs uniques par mois, et en juillet nous avons dépassé le chiffre de 300 000 à la suite du massacre de Nice.
Le site a développé une partie en arabe (deux articles par semaine) qui vise à la fois à faire connaître nos analyses à un public plus large et aussi à donner la parole à des journalistes de la région dont les analyses sont souvent méconnues. Désormais, nous publierons également un article par semaine en anglais.
Nous avons, au cours de l’année passée, lancé plusieurs projets. Une rubrique « Mots d’islam » (http://orientxxi.info/mots-d-islam-22/), tentant de décrypter des mots aussi usés que mal compris, de la charia au salafisme. Profitant du programme du concours de l’agrégation et du Capes d’histoire, « Le Moyen-Orient (1876-1980) », nous avons inauguré, avec le site Aggiornamento et la participation d’historiens de la région, une rubrique consacrée à cette période historique qui voudrait offrir une approche originale. Cette rubrique complète le dossier que nous avons lancé il y a plus de deux ans sur « L’Orient dans la guerre (1914-1918) » auquel ont contribué les meilleurs spécialistes.
Enfin, nous allons lancer le lundi 17 octobre une rubrique destinée aux lycéens, dont l’objectif est de répondre aux questions qu’ils se posent sur l’actualité dans la région.
Nous avons également préparé différents débats et conférences : le 6 octobre nous inaugurons un cycle de rencontres sur l’islam et la géopolitique (http://orientxxi.info/magazine/cycle-de-conferences-orient-xxi-le-monde-des-religions,1459) en collaboration avec Le Monde des religions et Henry Laurens. Le 8 octobre nous organisons, avec le Comité de vigilance pour une paix réelle au Proche-Orient, un colloque au Sénat : « L’Orient arabe trahi : un siècle après les accords Sykes-Picot ». Enfin, le mardi 11 octobre nous ouvrirons, avec l’universitaire américaine Joan Scott, un débat sur cette étrange obsession française pour le voile vue de l’étranger.
Nous pourrions aussi évoquer les différents colloques organisés à Tunis, Rabat ou Marseille, et surtout la création d’un réseau de sites indépendants du monde arabe qui veut coordonner les efforts du nord et du sud de la Méditerranée pour une information différente, réseau qui dispose d’une page Facebook en français, arabe et anglais.
Tout cela n’aurait pas été possible sans le travail, souvent bénévole, de l’équipe et de nombre de nos contributeurs. Mais cela demande aussi des moyens que nous trouvons auprès de nos lecteurs et par des subventions ponctuelles de telle ou telle institution, qui ne met jamais en question notre totale indépendance éditoriale. La multiplication de nos projets nécessite cependant plus de moyens. Chacun de nos lecteurs peut nous aider en faisant connaître Orient XXI autour de lui et aussi en versant une contribution (fiscalement déductible).
Jamais les destins de l’Orient et de l’Europe n’ont paru aussi liés, jamais le fossé n’a pourtant été aussi profond. Modestement, nous continuerons notre travail pour tenter de le combler et de rendre compte des motifs d’espérance. Et de la mobilisation qui continue dans les sociétés arabes, que ni la répression ni les guerres n’ont enterrée.