Édition du 12 mars 2024

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Logement

Le FRAPRU prend François Legault au mot et se mobilise pour plus de logements sociaux maintenant

MONTRÉAL, le 8 mai 2021 - Alors que le gouvernement Legault s’obstine à nier une crise du logement pourtant bien réelle au Québec, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) lance une série d’actions régionales afin d’obtenir des investissements supplémentaires dans le logement social. Cet après-midi, des dizaines de militantes et de militants pour le droit au logement ont manifesté dans les rues du Sud-Ouest de la métropole, secteur montréalais où le loyer moyen a le plus augmenté en un an. Alors que le premier ministre François Legault déclarait la semaine dernière à l’Assemblée nationale, en parlant du logement social : « s’il faut en faire plus, on va en faire plus », le FRAPRU et ses groupes membres l’exhortent à procéder sans attendre pour répondre aux besoins les plus criants.

Selon le FRAPRU, même si la rareté est inquiétante dans la très grande majorité des agglomérations urbaines de plus de 10 000 personnes, on ne peut mesurer l’existence ou pas d’une crise du logement qu’à partir du taux général d’inoccupation des logements locatifs.

Les comités logement partout au Québec sont unanimes : le désespoir des ménages locataires est alarmant. « Peur de se retrouver à la rue faute de logements adéquats disponibles, évictions illégales, hausses abusives de loyer, logements insalubres, discrimination lors de la recherche de logement, logements non adaptés pour les personnes en situation d’handicap, camps de fortune qui se multiplient, femmes victimes de violence conjugale qui ne trouvent pas à se loger à la sortie des ressources d’hébergement, etc., en ce moment, c’est ça la réalité de trop nombreux ménages locataires, au Québec ! C’est ce sur quoi le gouvernement ferme les yeux. La politique de l’autruche doit cesser ! », dénonce Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

À Montréal, si le taux d’inoccupation a remonté temporairement au cours de la dernière année, en raison de la pandémie, les logements les moins chers, que les ménages gagnant moins de 36 000 $ par an peuvent louer, sont toujours aussi rares. Selon le dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le taux d’inoccupation pour ces logements se situe autour de 1,5 %. « Les 764 090 ménages locataires de la région métropolitaine de recensement de Montréal ont un revenu médian de seulement 39 573$ ; on peut donc supposer qu’ils sont nombreux à devoir renoncer à améliorer leurs conditions de logement. La situation est vraiment terrible pour les plus précaires. Dans le Sud-Ouest par exemple, le loyer moyen a augmenté de 21% en un an, passant de 861 $ à 1043 $ », s’inquiète Hassan El Asri, porte-parole du Regroupement information logement (RIL) et des groupes de Montréal du FRAPRU. Il précise que plus de 23 000 ménages sont actuellement en attente d’un HLM à Montréal.

Selon le FRAPRU, non seulement les acteurs du marché privé ne répondent pas aux besoins des ménages locataires, notamment des familles, mais ils empirent leur situation. « En procédant à des réno-victions, à des reprises de possession infondées et-ou à des transformations de logements, par agrandissement ou subdivision, ils chassent les locataires non seulement de leur logement, mais aussi de leur milieu de vie », explique Véronique Laflamme. Elle fait également remarquer que les logements récemment construits par le secteur privé sont à toute fin pratique inabordables pour la très grande majorité des locataires.

« Seul le logement social peut répondre à une diversité de besoins, comme ceux des familles et des personnes aînées à modeste ou faible revenu, ou encore des personnes en situation de handicap ou en processus de réinsertion sociale. Il est une solution pérenne face à la crise du logement, économique ou encore climatique », indique la porte-parole. Même s’il reconnait que le gouvernement Legault est en train de prendre les moyens pour livrer en partie les 15 000 logements déjà budgétés mais non réalisés à son arrivée au pouvoir, le FRAPRU déplore qu’à peine 3000 de ces unités aient été effectivement construites et livrées depuis le début du mandat caquiste et que seulement 500 nouvelles unités aient été programmées depuis 2018, pour tout le Québec. « Cela empêche carrément des centaines de projets de démarrer », dénonce Madame Laflamme.

Selon le FRAPRU et ses groupes membres, une plus grande socialisation du parc de logements locatifs est incontournable pour sortir de la crise. Pour augmenter la proportion de logements sociaux au Québec, la première étape serait d’investir les sommes nécessaires à la réalisation d’un grand chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans, sous la forme de coopératives et d’organismes sans but lucratif d’habitation, ainsi que de logements à loyer modique. Ils le lui rappelleront dans la prochaine semaine, en tenant des actions dans d’autres villes. Parmi celles-ci, sont prévus : un rassemblement devant le bureau de circonscription du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, à La Prairie, le 10 mai ; un camping devant celui de François Legault, à L’Assomption, le 12 mai ; une tournée des quartiers de Québec qui se terminera par un rassemblement devant l’Assemblée nationale, le 13 mai ; et un rassemblement à Sherbrooke, le 15 mai.

La manifestation a pris fin au Bassin Peel, un terrain public convoité par le Regroupement information logement pour y construire des logements sociaux. « Mettre ce site à la disposition du promoteur du stade de baseball, aussi bien dire qu’on donne l’argent des contribuables au privé ; ce serait absolument irresponsable », a tenu à préciser monsieur El Asri, ajoutant en conclusion que « le gouvernement doit plutôt financer du logement social partout où il y a des besoins ».

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