Édition du 8 octobre 2024

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Arts culture et société

Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, condamné à huit ans de prison

Le réalisateur dont le dernier film, « La graine de la figue sacrée », doit être projeté à Cannes en sélection officielle doit aussi subir la flagellation. Ses œuvres dénoncent régulièrement la corruption du pouvoir iranien et la répression menée contre les voix dissidentes.

Tiré de l’Humanité
www.humanite.fr/culture-et-savoir/cinema/le-cineaste-iranien-mohammad-rasoulof-condamne-a-huit-ans-de-prison <http://www.humanite.fr/culture-et-s...>

Par Pierre Barbancey <https://www.humanite.fr/auteurs/pie...> , L’Humanité, France. Mis à jour le 10 mai 2024 à 13h42

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof ne montera pas les marches du palais et n’assistera pas à la projection de son dernier film « The Seed of the Sacred Fig » ( /La graine de la figue sacrée /) sélectionné en compétition officielle du Festival de Cannes qui démarre le 14 mai. L’histoire d’un juge d’instruction du tribunal de Téhéran qui devient paranoïaque, perdant même son arme, alors que le pays est en proie à des manifestations politiques.

Il a été «  condamné à huit ans d’emprisonnement ( cinq ans applicables ), à la flagellation, à une amende et à la confiscation des biens selon le verdict rendu par la 29e chambre du tribunal de la Révolution islamique. Ce jugement a été confirmé par la 36e chambre de la cour d’appel d’Aina et maintenant l’affaire a été renvoyée à l’exécution des jugements », a fait savoir son avocat, Babak Paknia, sur le réseau X.

Dans un courriel reproduit par "The Guardian", Paknia ajoute : «  Il est accusé d’avoir fait [ "La graine de la figue sacrée" ] sans obtenir une licence des autorités concernées, en plus des accusations selon lesquelles les actrices n’appliquaient pas le hijab correctement et ont été filmées sans hijab. Tous les membres clés du film sont interdits de quitter le pays et ont fait l’objet d’une enquête par les forces de sécurité du ministère du Renseignement.  »


*La sentence la plus sévère jamais infligée au réalisateur*

En 2010, il est condamné à six ans de prison, puis à un an, après une accusation de tournage sans le permis correct ( sic ). En 2011 il avait réussi à faire sortir illégalement d’Iran son film « Au Revoir », présenté à la Section Un Certain Regard, à Cannes où il avait remporté le Prix du meilleur réalisateur. En 2017, il lui a été interdit de quitter le pays après la confiscation de son passeport à son retour en Iran. Deux ans plus tard, le tribunal révolutionnaire islamique le condamnait à nouveau à un an de prison et à deux ans d’interdiction de quitter le pays et de toute participation à des activités sociales ou politiques. Les autorités entendaient ainsi le punir pour son film réalisé en 2017, « Un homme intègre », un drame sur la corruption endémique en Iran, qui avait remporté le Prix Un Certain Regard à Cannes.

En 2020, il a été condamné à un an de prison supplémentaire et à deux ans d’interdiction de tournage pour « propagande contre le système ». De ce fait, il n’a pas pu se rendre au festival du film de Berlin en février 2020, où son film « Le Diable n’existe pas » – un drame sur la peine de mort en Iran – avait remporté l’Ours d’or. Une autre incarcération a suivi en juillet 2022, après que Rasoulof a apporté son soutien aux Iraniens durement réprimés qui manifestaient contre l’effondrement d’un bâtiment dans la ville d’Abadan, au sud-ouest du pays. Il sort en février 2023 mais se voit interdit d’assister au festival de Cannes, où il devait faire partie du jury d’Un Certain Regard.

Les cinéastes sont particulièrement visés en Iran. Jafar Panahi a ainsi été détenu à plusieurs reprises. En juillet 2022, il avait été arrêté alors qu’il était venu manifester son soutien à Rasoulof devant le tribunal de Téhéran et libéré en février 2023 après une grève de la faim. Peu de temps après, il a quitté l’Iran pour la première fois en 14 ans.

Après les manifestations « Femme, vie, liberté » qui ont suivi la mort de Jina Mahsa Amini en septembre 2022, le pouvoir iranien a intensifié sa répression contre toutes les formes d’expression dénonçant le système et sa corruption. Que Mohammad Rasoulof soit dans le viseur des juges islamiques n’est malheureusement pas étonnant. (...)

Le cinéaste a été « condamné à huit ans d’emprisonnement, à la flagellation,

à une amende et à la confiscation des biens selon le verdict rendu par la 29

chambre du tribunal de la Révolution islamique.

Photo : LOIC VENANCE | Crédits : AFP

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