Pourtant, elle traduit bien les sentiments que peut ressentir une personne en grève ou en lock-out devant quelqu’un qui fait SON travail. En 1977, le Québec se dotait d’une loi anti-briseurs de grève afin de protéger les droits des travailleuses et des travailleurs qui exercent leur droit de grève. Rappelons que cette loi avait été adoptée par le premier gouvernement de René Lévesque à la suite d’une série de conflits de travail particulièrement pénibles, dont celui de la United Aircraft (aujourd’hui Pratt et Whitney) et celui de la Robin Hood qui fut marqué par une fusillade. Si cette loi avait comme objectif de permettre aux travailleuses et aux travailleurs d’exercer leur droit de grève pour établir le rapport de force nécessaire à l’amélioration de leurs conditions de travail, il faut reconnaître qu’elle n’est plus adaptée aux réalités actuelles du monde du travail, ce que nous avons d’ailleurs déjà affirmé dans ces mêmes pages dans le cadre du conflit au Journal de Montréal.
Poursuivre la lutte
Pourquoi revenir sur le sujet aujourd’hui ? Entre autres, parce que deux syndicats de la région sont confrontés à des conflits de travail dans lesquels sévissent des briseurs de grève. L’Hôtel Maritime est le dernier de la région à être toujours en conflit dans la ronde de négociation du secteur de l’hôtellerie. Le 24 octobre 2012, le juge administratif Alain Turcotte ordonnait à la direction de l’hôtel de cesser le recours à des briseurs de grève. Or, de récents rapports d’enquêteurs du ministère du Travail ont démontré que le Maritime utilise encore les services de scabs, ce qui le rend passible d’outrage au tribunal. Malheureusement, les articles de loi qui concernent l’utilisation de scabs manquent de dents. Ils devraient permettre de sanctionner plus sévèrement dès qu’il y a offense, soit dès que la présence de briseurs de grève est démontrée. Dans le cas de Mapei, la situation est différente.
Elle découle de la notion d’établissement. Lors du lock-out au Journal de Montréal, nous mentionnions que cette notion devait être modernisée afin de tenir compte des progrès technologiques qui permettent de faire le travail à distance, au-delà des lieux physiques de l’entreprise. Dans le cas de Mapei, la compagnie contourne les dispositions anti-briseurs de grève en employant une firme extérieure qui prépare et achemine les commandes chez les clients. Même si ce travail est habituellement accompli par les travailleurs de Mapei, il n’est pas considéré comme du travail de scabs, puisqu’il est effectué à l’extérieur de l’usine.
Régulièrement, l’actualité en matière de relations de travail nous rappelle que le dossier de la modernisation de la loi anti-briseurs de grève est loin d’être clos si l’on veut contrer les tactiques des employeurs qui font tout pour éviter de s’y conformer, brisant ainsi le rapport de force de celles et ceux qui luttent avec courage et détermination pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Un sérieux coup de barre s’impose !
Manifestons-leur notre solidarité !
La campagne de solidarité de 25 $ vient d’être lancée pour le STT de l’Hôtel Maritime, alors qu’elle se poursuit toujours pour le syndicat de Mapei. Aussitôt qu’une grève ou un lock-out dure trois mois et plus à la CSN, les syndicats sont appelés à envoyer un chèque de 25 $ (ou plus) pour aider les camarades en conflit à tenir la minute de plus. Si ce n’est pas déjà fait, n’attendez plus et manifestez votre appui ! C’est à travers la solidarité que nous puisons notre force et gagnons nos luttes.
Plus de neuf mois de grève à l’usine Mapei, à Laval Boss, c’est le temps d’être bon joueur !
Par un matin d’hiver comme on les aime, ensoleillé et avec une neige abondante, les travailleurs en grève de Mapei se sont offert une partie de hockey devant l’usine située à Laval. La quarantaine de joueurs a voulu lancer un message clair à la direction de l’entreprise : il est temps que Mapei mette quelque chose de solide sur la palette et fasse des propositions concrètes qui ramèneront tout le monde à l’ouvrage !
Pour le président du syndicat, Éric Caron, les séances de négociation tenues les 17, 18 et 19 décembre ont été une pure perte de temps, l’employeur se limitant à ramener sensiblement les mêmes offres qui ont déjà été très largement rejetées par les membres du syndicat. « Après plus de neuf mois en grève, nous sommes aussi déterminés à rentrer au travail la tête haute. Il est temps que l’employeur comprenne que nous irons jusqu’au bout dans notre bataille pour le respect », a tonné M. Caron. Les trois jours de négociation avaient pourtant suscité de grands espoirs chez les membres du syndicat, qui ont subi plusieurs revers de la part de la direction de Mapei, depuis le début du processus de négociation du renouvellement de la convention collective, échue le 13 décembre 2011. Le plus dur coup a certes été le licenciement de 43 travailleurs, à la fin du mois d’août, à la suite de la fermeture de certains départements à l’usine.
Dans un communiqué de presse diffusé le 19 novembre dernier, l’employeur en a rajouté en déplorant « ce climat de harcèlement et d’intimidation. Nous souhaitons que l’ensemble des syndiqués démontre leur volonté de régler ce conflit en adoptant une approche constructive et positive, basée sur le respect et la confiance ». Les travailleurs en grève qui subissent depuis tout ce temps l’attitude intransigeante de la direction de l’usine lavalloise ont toutes les raisons d’être outrés d’un tel discours hypocrite, alors que Mapei ne fait preuve ni de respect ni de confiance envers les employés. Bien au contraire, l’employeur affiche un mépris outrageant en laissant traîner ce conflit, mois après mois. Peut-on souhaiter que le règlement survenu dans la Ligne nationale de hockey en janvier puisse inspirer la direction de Mapei à faire de même… ? Mapei, c’est le temps d’être bon joueur !