Édition du 16 avril 2024

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Les travailleurs de Honda au Mexique face à la répression

La direction de l’usine Honda d’El Salto au Mexique a licencié, le 20 décembre 2010, le secrétaire du nouveau syndicat. Il s’agit de représailles car les travailleurs viennent de rendre publique leur bataille contre la violation de leurs droits. Ils luttent depuis des années contre une entreprise hostile, un syndicat corrompu et un gouvernement aux ordres.

Les travailleurs de l’usine Honda d’El Salto (Etat du Jalisco) fabriquent le camion CRV. 2 100 travailleurs sur deux équipes assemblent 5 000 camions par mois, la plupart étant exportés vers les États-Unis. Cette production au Mexique a donné à Honda une position plus solide par rapport aux autres constructeurs automobiles qui ont vécu la crise profonde du marché nord-américain.

Mais derrière cette production, se cachent des conditions de travail rétrogrades. L’encadrement ignore systématiquement les droits des travailleurs, avec le soutien des autorités fédérales et locales. Il dénie aux travailleurs leur droit à la libre association et soutiennent contre leur gré un syndicat de la CTM (centrale de Trabajadores de México), le plus important syndicat officiel du pays.

Cette charro union, ce syndicat patronal, comme les mexicains appellent les syndicats qui servent les employeurs, donne l’apparence de respecter formellement la loi mexicaine, mais en réalité il est un instrument de la direction Honda pour maintenir les salaires les plus bas de toutes les usines d’assemblage au Mexique. Le salaire y est de 10 à 12,5 dollars par jour. En revanche, l’usine Volkswagen de Puebla, qui dispose d’un syndicat indépendant, paie 29 dollars par jour.

Compte tenu de l’absence d’une véritable syndicat, Honda augmente les charges de travail, avec en conséquence une forte hausse des accidents. Les travailleurs ont à supporter l’hostilité constante et le mépris de leur dignité par les contremaîtres. Et pendant ce temps, on peut lire sur le logo publicitaire de Honda « Le pouvoir des rêves ».

Depuis 2009, les travailleurs résistent et ont observé plusieurs arrêts de travail pour demander que la direction de Honda change ses exigences et son attitude. A chaque fois, la direction a répondu par la répression et les licenciements des travailleurs considérés comme « leaders ».

En 2010, les travailleurs ont commencé à construire un véritable syndicat comme moyen de défendre leurs droits. Ils ont élu un comité exécutif pour leur « Union des travailleurs de Honda au Mexique ». Mais les autorités locales et fédérales, sous la pression de Honda, ont systématiquement refusé, en utilisant n’importe quel prétexte, de reconnaître ce syndicat démocratique.

Les travailleurs ont décidé de passer à un autre niveau d’action. Ils ont tenu une conférence de presse, le 9 décembre, dans la ville de Mexico, et une autre, le 13 décembre, à Guadalajara, capitale de l’Etat du Jalisco. Lors de ces deux manifestations, des syndicats mexicains ont exprimé leur solidarité, en particulier le syndicat indépendant des travailleurs de Volkswagen à Puebla.

Les travailleurs portaient des sacs en papier sur le visage pour tenter d’empêcher les représailles de Honda. Mais la direction de Honda a licencié le 20 décembre le secrétaire général du syndicat, José Luis Solorio.

Le président Bob King of the United Auto Workers des Etats-Unis a envoyé une lettre de solidarité, marquant un changement dans la politique internationale de l’UAW. Bob King a écrit : « Pendant beaucoup trop longtemps, les employeurs de l’industrie automobile ont été en mesure de nous diviser par la race, la frontière, la langue et l’orientation politique, alors que leurs bénéfices augmentaient et que nos salaires, prestations et conditions de travail stagnaient ou même et s’aggravaient. […] Il est temps de dire assez à de cette politique de division qui nous affaiblit. »

Cette lutte est pour les syndicats mexicains indépendants une opportunité de tisser des liens d’unité, à une époque où les entreprises exploitent agressivement la fragmentation des syndicats et les écarts de salaire entre les travailleurs du Mexique et des États-Unis dans le but d’augmenter leurs profits. ■

Ecrivez à la direction de Honda pour protester contre le licenciement de José Luis Solorio, secrétaire général de l’Union des travailleurs unis de Honda Mexique.

Ecrire à : Ito Takanobu, président, Honda de México, Carretera al Castillo n ° 7250, CP 45680, El Salto, Jalisco. Téléphone : +52 (33) 3284.0151.

Email Yunuel Ramírez, directeur des relations publiques de Honda Mexique : yunuel_ramirez@hdm.honda.com.

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