Édition du 16 avril 2024

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Négociations du secteur public

Négociations dans le secteur public - Pour de meilleurs salaires !

(Tiré du journal Unité du Conseil central du Montréal Métropolitain - CSN. Manon Perron
est secrétaire générale du CCMM–CSN)

Malgré la volonté du Front commun qui cherche à obtenir une réelle négociation, le gouvernement s’entête à rester sur ses positions en transposant son modèle d’austérité à la table de négociation du secteur public, particulièrement sur les enjeux salariaux. « Sera négociable ce qui est raisonnable dans le contexte des finances publiques et dans le respect de la capacité de payer des citoyens », déclarait Martin Coiteux, en décembre dernier.

Preuve à l’appui, les centrales syndicales ont fait la démonstration que les faibles augmentations consenties et le gel des salaires imposé par les décrets de conventions collectives ont entraîné un écart entre les salaires des employé-es de l’État et ceux offerts dans le secteur privé ainsi que dans la fonction publique fédérale et le secteur municipal. L’Institut de la statistique du Québec confirmait, en novembre dernier, que la rémunération globale octroyée dans le secteur public accusait un retard de 8,3 % par rapport aux salarié-es québécois. Il y a à peine six ans, l’écart était de 2,9 %. Lorsqu’on sait que 75 % de la main-d’oeuvre étatique est composée de femmes, on pourrait facilement conclure, sans être démagogique, à une discrimination salariale basée sur le sexe. L’entêtement du gouvernement Couillard n’est donc qu’idéologique et rime avec austérité. Sa position ne profite à personne.

L’intransigeance du gouvernement se fait sentir à plus d’un niveau. Le premier ministre Philippe Couillard n’a pas été « ébranlé » devant l’annonce de la disparition de 33 000 emplois au Québec en juin. Il a même fermement déclaré qu’il n’avait pas l’intention de changer quoi que ce soit aux orientations fondamentales de son gouvernement. Pourtant, ce sont principalement des emplois à temps partiel qui ont été perdus et le taux de chômage a grimpé de 0,4 point de pourcentage à 8 %. Ces chiffres ont été dévoilés alors que de plus en plus d’observateurs de la scène économique prédisent une récession au Canada.

Déjà cet été, les pertes d’emploi ont signifié moins d’étudiants embauchés, plus de femmes qui joignent les rangs des chômeurs et moins de remplacement pour celles et ceux qui prennent des vacances, etc. En maintenant le cap sur l’austérité, le gouvernement expose la population aux risques d’une récession. Plusieurs facteurs provoquent une récession, mais le ralentissement de l’activité économique est lié aussi au contexte de l’emploi. Si des pertes d’emploi sont enregistrées et si les consommateurs perdent confiance parce qu’ils sont trop endettés, la contraction de l’économie ne fait que s’aggraver.

Avoir de l’audace

D’autres avenues s’offrent à tout gouvernement soucieux d’éviter un tel scénario. À chaque crise économique, les gouvernements cherchent à stimuler la création d’emploi. Ce qui en soit est une bonne chose. Mais peu d’entre eux, surtout pas le nôtre, misent sur la qualité du travail en améliorant les lois du travail. Pourtant l’idée n’est pas si saugrenue. On devrait s’attendre de tout gouvernement qu’il ait l’audace de donner l’exemple en accordant de meilleures conditions de travail et, surtout, de meilleurs salaires. En consentant aux augmentations revendiquées par le secteur public et au rattrapage tant attendu, l’économie serait stimulée. L’argent gagné par plus de 500 000 travailleuses et travailleurs aurait sans nul doute des retombées positives presque immédiates. Imaginons les impacts d’un tel geste sur les activités économiques locale, régionale et nationale. Les fruits pécuniaires de la négociation collective ne serviraient pas à garnir les coffres des paradis fiscaux. Les bienfaits d’un tel point de vue sont multiples, mais à contre-courant du concept de l’austérité.

De tels arguments réussiront à changer les fondements idéologiques de l’austérité promus par les ténors du gouvernement. Notre meilleur allié dans ce bras de fer est la population. C’est ainsi que se forge l’opinion publique tant suivie par le gouvernement pour influencer ses politiques. Cet automne, nous userons de tous les moyens de pression pour appuyer la négociation dans le secteur public. Même si la priorité est d’obtenir une entente négociée, le Front commun s’armera de mandats de grève qu’il pourra utiliser si les discussions continuaient de piétiner…

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