Édition du 16 avril 2024

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Finlande

Non à la guerre de Poutine en Ukraine, non à l’OTAN

Il est profondément regrettable que même certain.e.s député.e.s de l’Alliance de gauche finlandaise plaident publiquement maintenant en faveur de l’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Helsinki Times, le 2 mai 2022

Hybride atlantiste de la puissance américaine et de la « diplomatie » britannique, l’OTAN est une organisation profondément pro-capitaliste et impérialiste. Depuis le début, elle a utilisé l’idéologie d’un ennemi extérieur - d’abord l’URSS, maintenant la Russie - pour attaquer et réprimer les idées et la politique socialiste chez lui, ainsi que dans ce qui étaient autrefois les colonies. Cela comprend l’utilisation d’une violence extrême contre la gauche, comme dans le cas des réseaux terroristes d’extrême droite « restent-en-arrière » (‘Operation Gladio’).

C’est une fois de plus ce que nous observons aujourd’hui : une fière tradition socialiste d’Europe occidentale d’opposition au militarisme et de promotion de la paix, de la neutralité et du non-alignement qui est scandaleusement décriée comme une cinquième colonne pro-Poutine - un « ennemi interne ».

Par conséquent, une véritable opposition à la guerre de la Russie contre l’Ukraine est maintenant canalisée loin de la diplomatie et vers une politique belligérante de militarisme accru et d’escalade alimentée par l’OTAN, c’est-à-dire une politique résolument néolibérale d’« impérialisme humanitaire », qui rappelle la pensée qui nous a amenés à des guerres en Serbie, en Afghanistan, en Irak, en Libye et au Yémen.

De telles actions d’escalade sont moins soucieuses de faire avancer les intérêts des Ukrainien.ne.s ordinaires que de déplacer les myriades de crises du capitalisme - économiques, sociales, politiques et écologiques - vers le militarisme et la guerre. C’est pourquoi nos dirigeant.e.s parlent d’« oligarques » russes mais se réfèrent encore hypocritement à des « entrepreneur.e.s » chez eux et elles.

Mais on ne peut résoudre aucun des vrais problèmes et crises générés par l’exploitation capitaliste en attisant la rivalité inter-impérialiste. L’adhésion de la Finlande à l’OTAN sera perçue par la Russie comme ce qu’elle est réellement : un acte agressif d’alignement militaire avec le bloc impérialiste rival commandé par les États-Unis et englobant, notamment, une Allemagne remilitarisée. Elle répondra en nature comme la nuit succède au jour. La dynamique de l’escalade géopolitico-militaire est vraiment aussi simple que cela.

Ironiquement, la Finlande s’éloigne de plus en plus du non-alignement militaire - une politique qui l’a si bien servie historiquement - alors même que l’armée russe ne parvient pas à conquérir l’Ukraine et n’a montré aucun intérêt à envahir la Finlande.

C’est drôle de voir combien de personnes sont si désireuses de présenter l’adhésion à l’OTAN comme une affirmation de la souveraineté nationale finlandaise. En quoi la transformation du pays en une néo-colonie américaine à la frontière européenne de l’empire américain est-elle une affirmation de l’indépendance nationale ? Au contraire, c’est une érosion de l’autonomie souveraine.

Cette érosion de la souveraineté aura sans aucun doute des conséquences. Mais ces conséquences ne seront pas supportées par Washington ou son satellite londonien dans leur grande stratégie visant à renforcer l’hégémonie mondiale occidentale contre la Russie et, bien plus important encore, contre la Chine. Après tout, ces États ne partagent pas une longue frontière avec l’un ou l’autre pays.

L’intérêt national de la Finlande n’a aucun lien avec ces bellicistes maniaques et les morts, les déplacements et les souffrances indicibles que leurs « interventions humanitaires » ont causés.

Attiser le conflit

Comme d’habitude, l’OTAN contribue à alimenter les conflits auxquels elle prétend alors répondre en créant un environnement moins stable et moins sûr qui exclut la possibilité d’une véritable diplomatie. Les gouvernements américain et britannique ne se soucient pas de l’Ukraine. Ils ne se soucient pas de la Finlande.

Cela ne signifie pas que la Finlande doit rester « neutre » face à l’agression russe en Ukraine. Mais c’est clairement un acte incroyablement insensé de céder la souveraineté sur la prise de décision militaire et diplomatique aux États-Unis et au Royaume-Uni - des pays qui ont clairement intérêt à attiser le conflit avec leurs rivaux impérialistes.

Poutine est peut-être le cadeau qui ne cesse pas d’offrir à l’atlantisme dirigé par les États-Unis. Mais cette capacité à répondre aux provocations occidentales de manière escaladée et militariste est en soi une dimension cruciale de la nature essentiellement réactionnaire du régime. Cependant, les crimes de Poutine n’excusent pas les puissances occidentales et l’OTAN pour leurs propres crimes, qui sont comptés dans le sang de millions de personnes.

C’est pourquoi nous avons besoin de la Russie hors de l’Ukraine mais aussi de l’OTAN hors de l’Europe. Cela signifie se diriger vers un continent militairement non aligné et attaché à la paix, à la diplomatie et au désarmement chez lui et à l’étranger.

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