Au cours des vingt dernières années et dans un contexte de restructuration des politiques et institutions publiques et du marché du travail, le nombre de stages et leur durée ont explosé. Mais c’est encore dans les programmes historiquement et majoritairement féminins que se concentrent les stages non rémunérés. « Quand on connaît les conditions de travail pénibles dans lesquelles nous sommes appelées à travailler, c’est difficile de ne pas aussi voir dans nos mauvaises conditions de stage un apprentissage de l’exploitation. Il est plus que temps que ça change ! » s’indigne Gabriela Gonzales Del Valle, stagiaire en soins infirmiers au Cégep de St-Laurent.
Le mouvement lancé il y a plus de deux ans s’est accéléré au cours de la dernière année et les étudiant.es sont déterminé.es à ne pas voir leur élan freiné par l’élection d’un nouveau gouvernement. « Nous ne serons désormais plus silencieuses ! assure Rachel Campagna, stagiaire en travail social à l’Université de Sherbrooke. Notre revendication est juste et légitime. Il va de soi que le gouvernement accède à nos demandes, sans quoi il fera face à une grève générale illimitée cet hiver. » Notons que les Coalitions régionales ont récemment mis en place un comité de liaison afin d’assurer un contact soutenu avec le gouvernement au cours des prochains mois.
Cet ultimatum a déjà été repris par plus de 30 associations étudiantes à Gatineau, à Saint-Jérôme, à Rimouski, à Sherbrooke, à Trois-Rivières, à Québec et à Montréal. Durant toute la semaine, les stagiaires en grève tiendront des piquets non seulement devant leur institution d’enseignement, mais aussi aux portes des milieux qui accueillent des stagiaires afin de faire connaître leur cause. Des personnes déléguées de chaque Coalition régionale au comité de liaison assureront un contact soutenu avec le gouvernement et soumettront les propositions de ce dernier aux assemblées générales des grévistes. « C’est avec ce comité de liaison que le gouvernement doit communiquer pour les négociations. Ni l’ASSÉ ni la FECQ ni l’UEQ ne représentent ni ne coordonnent ce mouvement, alors que l’AVEQ s’implique directement dans les coalitions régionales, » précise Sandrine Boisjoli, stagiaire en enseignement secondaire à l’UQAM.
« Le temps des tergiversations et des demi-mesures a assez duré. François Legault et Jean-François Roberge doivent prendre acte que les tentatives du gouvernement Couillard d’apaiser la colère des stagiaires ont lamentablement échoué, y compris en psychologie et en enseignement, » conclut Mélodie Pelletier, stagiaire en travail social à l’UQO. « Et si la CAQ n’entend pas raison, qu’elle se prépare à affronter sa première crise sociale. Pas de salaire, pas de stagiaires ! »
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