Édition du 16 avril 2024

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Luttes sociales

Port-de-Bouc : « Ça sent la grève générale » au dépôt de kérosène

Qui sont ces centaines de manifestants qui, dans le froid, attendent que la police vienne les déloger ? « Une population variée, des salariés des raffineries, des agents du port autonome, des enseignants, des agents territoriaux, des chômeurs…. de tout. Une ambiance de grève générale...

Alors que Nicolas Sarkozy vient d’annoncer qu’il ferait débloquer tous les dépôts de carburants, Véro, riveraine de Rue89 et militante au NPA, raconte l’ambiance au stock stratégique de kérosène de Port-de-Bouc, bloqué toute la matinée par les manifestants opposés à la réforme des retraites.

« C’est un des derniers dépôts où ça pouvait pomper…. En bloquant ici, on espère empêcher les avions de décoller à Marignane, Nice et Lyon ». Vero est arrivée à 3 heures du matin, devant la maison des syndicats, à Martigues, où l’intersyndicale des Bouches-du-Rhône avait fixé le rendez-vous. Puis, comme tout le monde, elle a suivi en convoi les syndicalistes jusqu’au dépôt de Trapil, dit « oléoducs de défense commune », à deux pas de Fos-sur-Mer, où elle habite. Le site alimente aussi les bases militaires de la région.

Toute la matinée, des camions sont repartis sans charger, et les
manifestants se réjouissent de voir les stocks diminuer, diminuer…Vers 15h, Maxime Lorandeau, délégué CGT du port autonome de Marseille, annonçait la levée du barrage :
« On ne va pas attendre les forces de l’ordre, on part de nous-mêmes. Aucun camion n’a pu charger sa cargaison, nous considérons donc que l’action est réussie. »

« Les gens sont hyper disponibles »

La destination avait été donnée dans la nuit par les grévistes du secteur de la pétrochimie, qui savent quels stocks sont importants à immobiliser. Le but était d’éviter les fuites afin de ne pas se retrouver face à un cordon de police en arrivant.

Qui sont ces centaines de manifestants qui, dans le froid, attendent que la police vienne les déloger ? « Une population variée, des salariés des raffineries, des agents du port autonome, des enseignants, des agents territoriaux, des chômeurs…. de tout. Une ambiance de grève générale », s’enthousiasme Vero. Elle précise :
« C’est une des premières fois que je fais des piquets en me sentant encouragée par tout le monde, y compris le boulanger ou les passants qui offrent des cafés. Là, on ne peut plus parler d’une poignée de voyous qui bloquent la France.
Les gens sont hyper disponibles, on leur dit : “Rendez-vous à telle heure à tel endroit”… Ils viennent en confiance, sans savoir où on va. Hier dans la manif à Marseille, j’ai vu plein de gens qui avaient préparé la banderole par eux-mêmes, il n’y avait pas que des syndicalistes, loin de là. »

Jusqu’où cela ira-t-il ? Vero affirme que si les manifestants ne peuvent plus mettre d’essence dans leurs voitures, alors ils iront « à pied ». En attendant d’être délogés, ils essaient de s’organiser : les territoriaux et autres grévistes bloquent les tunnels à Marseille, certains se chargent du port, d’autres de la gare, l’aéroport, les lycéens ont reporté leur manif à jeudi…

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