Édition du 23 avril 2024

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Politique canadienne

Privatisation de l’immigration

Importer » des travailleuses et des travailleurs d’ailleurs est maintenant chose commune au Canada afin de combler les besoins de main-d’oeuvre. En fait, le nombre de travailleurs temporaires étrangers dépasse maintenant celui des immigrants admis au pays.

(tiré du journal Unité CCSNM, novembre 2012, l ’organe officiel du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN

Le documentaire intitulé La fin de l’immigration ?, présenté début octobre à l’Écomusée du fier monde pour souligner la Journée mondiale du travail décent, s’intéresse à ce phénomène croissant. Les auteurs, Marie Boti et Malcolm Guy, dévoilent les dessous du programme fédéral des travailleurs étrangers temporaires qui permet à des entreprises canadiennes d’embaucher des centaines de milliers de travailleurs peu qualifiés, provenant, entre autres, des Philippines, du Mexique, du Guatemala ou de la Thaïlande. Pour y avoir accès, les employeurs doivent faire la démonstration qu’ils n’ont pu trouver une maind’oeuvre locale.

Au service des employeurs

Les documentaristes ont voyagé à travers le pays afin de recueillir les témoignages de ces travailleurs étrangers, qu’on retrouve non seulement dans le secteur agricole ou comme aides familiales, mais aussi dans la restauration rapide, les stations-service, comme monteurs de ligne dans les tours de Radio-Canada ou dans les usines d’Olymel, en Alberta. En raison des contrats qui les lient, ces travailleurs sont totalement captifs de leur employeur qu’ils ne peuvent quitter, sous peine d’être expulsés du pays. Leur droit de résider au Canada est attaché à leur contrat de travail. Pour les auteurs, ce programme, une voie accélérée du gouvernement fédéral conçue pour permettre aux entreprises d’obtenir rapidement une main-d’oeuvre peu qualifiée, s’apparente à une forme de privatisation de l’immigration.

Esclavage moderne

Même s’ils sont couverts par les normes minimales du travail, dans les faits, ce programme crée un système qui, dans sa nature même, exploite et produit une sous-catégorie de travailleurs qui ne disposent d’aucune mesure de protection. La plupart du temps, leur salaire est moindre que celui consenti aux travailleurs d’ici, ils subissent des abus de toutes sortes et n’osent revendiquer leurs droits, craignant l’expulsion. Même s’ils aspirent à s’installer ici, ils n’ont à peu près aucune chance d’obtenir leur résidence permanente. Implanté en 2002, le programme a été modifié en 2011 afin d’en limiter l’accès à quatre ans pour les travailleurs.

Unité du CCSNM

journal du conseil central de montréal qui nous a envoyé son numéro... octobre 2012

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