En effet, la présidente de la FIPEQ-CSQ, Anne-Marie Bellerose, rappelle « qu’aucune étude sérieuse ni donnée probante ne démontre qu’un signe religieux porté par une intervenante en petite enfance affecte négativement le développement de l’enfant. Pire encore, le gouvernement reconnaît lui-même qu’il ignore combien d’intervenantes seront directement touchées par ce projet de loi. »
Une pénurie de main-d’œuvre qui risque de s’aggraver
Anne-Marie Bellerose précise que cette situation est d’autant plus préoccupante vu la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans ce secteur d’emploi. « À l’heure actuelle, le réseau des services éducatifs québécois peine à recruter des intervenantes en petite enfance, ne parvient pas à retenir son personnel qualifié, et fait face à des bris de services dans certaines régions du Québec. Cette nouvelle loi, que compte adopter le gouvernement, risque de fragiliser dangereusement notre réseau de services éducatifs. »
Bien que la FIPEQ-CSQ ne s’oppose pas à la volonté du gouvernement d’instaurer un réseau de services éducatifs respectant le principe de la laïcité, les moyens employés suscitent l’inquiétude. « Il est déjà possible de prévoir que ces mesures décourageront certaines intervenantes à poursuivre leur carrière, et obligeront des étudiantes, notamment celles inscrites en techniques d’éducation à l’enfance (TÉE), à se réorienter vers un autre milieu de travail », explique la présidente.
Mettre le réseau public en péril
Ayant toujours défendu un réseau de services éducatifs public, la FIPEQ-CSQ craint un exode des salariées en petite enfance vers le réseau des garderies privées. « Il y a un réel risque d’affaiblir notre réseau public au profit du réseau privé. Ces mesures entrent visiblement en contradiction avec la volonté des parents, qui souhaitent avoir accès à un service public de qualité. S’ils ont vraiment à cœur cette fierté québécoise qu’est notre réseau public de services éducatifs, pourquoi le mettre en péril ? », interroge la leader syndicale.
Un appel à la réflexion
Enfin, la présidente de la FIPEQ-CSQ ne peut faire abstraction du fait que ce projet de loi sur le renforcement de la laïcité touche principalement les femmes immigrantes, souvent issues de minorités visibles, qui comptent déjà parmi les travailleuses les plus pauvres du Québec. Anne-Marie Bellerose conclut donc en invitant le gouvernement à prendre une pause dès maintenant pour revoir ses priorités et mesurer l’impact de ses décisions : « Notre expertise doit être entendue, mais surtout reconnue. »


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