« Tout d’abord, a commenté Serge Cadieux, l’obligation faite aux parties de produire une évaluation actuarielle préalablement à tout exercice de restructuration des régimes de retraite nous apparait comme une condition de base essentielle. Selon une étude de la firme Mercer publiée en janvier dernier, il y a maintenant près de 40 % des régimes de retraite qui sont pleinement capitalisés, comparativement à 6 % au début de l’année 2013. Il est donc primordial d’avoir les données les plus récentes avant de procéder aux travaux. »
« Nous sommes heureux aussi que le gouvernement ait adhéré à l’approche mise de l’avant par le SCFP-Québec, soit la création d’un Fonds de stabilisation et d’indexation. Il s’agit d’une réserve créée en partie par les cotisations de nos membres, qui permet en priorité d’absorber les fluctuations de rendement, et ainsi d’assurer ainsi un meilleur financement de nos régimes de retraite. Cette approche responsable a été saluée tant par la très grande majorité des employeurs que par les firmes d’actuaires et différents acteurs du milieu… », a tenu à préciser Denis Bolduc du SCFP-Québec.
Des bémols
Malgré ces aspects positifs, il y a de nombreux points d’achoppements. Ainsi, la FTQ et le SCFP ont des réserves quant à la possibilité qu’un tiers, soit ici la Commission des relations de travail (CRT), puisse venir décider à la place des parties les modifications à apporter à un régime de retraite. Les organisations syndicales se réjouissent que la ministre ait retenu leur proposition d’un comité de conciliation avec assesseurs, bien que les pouvoirs accordés à la CRT présentent encore de nombreux points d’interrogation.
« Pour nous, il est clair que la CRT ne devrait en aucun cas pouvoir rendre une décision qui toucherait au service passé. Il est aussi hors de question de s’attaquer aux retraités en remettant en cause des droits acquis. On ne change pas les règles du jeu rétroactivement », ont insisté les deux dirigeants syndicaux.
Évitons le mur-à-mur
De plus, le projet de loi prévoit d’imposer un partage des coûts à 50-50 sur une période de cinq ans. La FTQ et le SCFP demandent à la ministre de retirer cette obligation et de laisser aux parties le soin d’en décider dans un contexte plus global, qui pourrait inclure une réorganisation du travail ou le renouvellement d’une convention collective.
« Nous sommes en présence, ici, d’une obsession qui frise le dogmatisme, alors qu’une telle démarche commande le plus grand pragmatisme. Nous irons en commission parlementaire faire la démonstration qu’on peut arriver à une meilleure capitalisation sans passer nécessairement par un partage 50-50. Certains régimes pleinement capitalisés actuellement sont dans un partage 45-55 ou 40-60 des cotisations. En matière de régimes de retraite, il faut absolument éviter le mur-à-mur, puisque chaque régime a ses propres particularités », d’ajouter d’une seule voix Serge Cadieux et Denis Bolduc.