Dans les années 1980, dans le contexte et sous l’influence de la guerre froide, le PKK défendait la fondation d’un État nation regroupant les quatre parties du Kurdistan. Or dans les années 1990, il a changé de position en prônant la solution de la question kurde dans le cadre des frontières existantes, en exigeant la reconnaissance des droits collectifs et démocratiques du peuple kurde. Le programme politique du PKK, sa structure et ses cadres se sont adaptés à ce changement. Bien que le PKK soit surtout connu comme un mouvement de guérilla, l’essentiel de ses activités, peu ou pas connues en Europe, se déroule depuis une vingtaine d’années dans le cadre politique et légal.
À partir des années 90, malgré la rigidité et l’étroitesse du cadre offert par les lois du régime turc, le PKK a encouragé la fondation de partis politiques, d’associations, la participation aux syndicats, aux organisations de défense des droits humains, etc. Après sa capture, son dirigeant A. Öcalan a demandé, dans ce sens, à la guérilla de se retirer des frontières de la Turquie pour se réfugier au nord de l’Irak et en Iran. L’armée turque a profité de cet appel pour intensifier ses opérations à la frontière et plus de 500 guérilleros ont été tués lors du retrait.
Les cessez-le-feu déclarés par le PKK sont perçus par le régime comme un aveu de faiblesse et les opérations contre la guérilla et les organisations sociales et politiques légales vont s’intensifiant. L’intervention policière lancée au mois d’avril 2009, paradoxalement avant le lancement du projet « d’ouverture démocratique », l’interdiction du 5e parti kurde, le Parti démocratique du Peuple (DTP), sont les dernières expressions marquantes de la politique tendant à exclure les Kurdes du champ politique.
Extrait d’un article de Veli Ay et Hiznî Girgimî publié dans le journal suisse SolidaritéS, n°162 (28/01/2010)