Édition du 26 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Syndicalisme

Négociations dans le secteur public

Un automne sous le signe de la lutte

Assemblée générale du Réseau militant intersyndical (RMI) de Québec solidaire

Jeudi 7 septembre, le Réseau militant intersyndical (RMI) de Québec solidaire a tenu son assemblée générale. Il a accueilli des militantes du Front commun du secteur public -Maude Fréchette de l’APTS (secteur santé), Mélanie Gougeon, du SCFP-FTQ et Josée Chevalier, de la FNEEQ-CSN (secteur éducation) qui ont fait le point sur l’état des négociations dans un contexte d’augmentation des moyens de pression et ouvert un échange sur les négociations du secteur public. Nous reproduisons l’enregistrement audio des interventions faites par ces militantes syndicales. Dans un deuxième temps, le RMI a discuté et adopté un texte d’orientation intitulé « Un automne sous le signe de la lutte » que nous publions ci-dessous .

Trois interventions sur la situation des négociations dans le secteur public

Maude Fréchette a présenté une critique de la réforme de la santé (projet de loi15) du ministre Dubé et ses dangers pour le secteur de la santé publique. Mélanie Gougeon a commenté l’offre gouvernementale, l’importance de la lutte pour l’indexation des salaires dans la défense du pouvoir d’achat et le déroulement des négociations. Josée Chevalier a dénoncé la précarité du personnel enseignant dans les cégeps. Ces interventions ont ouvert une discussion qui a souligné l’importance que Québec solidaire donne un appui ouvert et militant aux revendications des travailleurs et travailleuses du secteur public, et particulièrement celle concernant l’indexation des salaires.

Un automne sous le signe de la lutte

Plus que jamais, il faut mettre les travailleurs/euses au centre des préoccupations de QS.
L’automne 2023 s’annonce comme un moment crucial dans la lutte contre les projets économiques et sociaux du gouvernement de la Coalition avenir Québec alors que d’importants secteurs sociaux préparent un feu roulant de mobilisations.

Multiples fronts de luttes

-Le Front commun syndical FTQ-CSN-CSQ-APTS, regroupant la majorité des 550,000 travailleuses et travailleurs du secteur public québécois, tiendra une manifestation nationale le 23 septembre sous le thème « Pour nos services publics ». Cette manif se veut une rampe de lancement pour des votes de grève dans les syndicats locaux avec comme objectif des débrayages vers la fin du mois d’octobre. Comme les négos piétinent, que les conditions de travail empirent, que les salaires sont frappés par l’inflation, que les projets de restructuration en santé (projet de loi 15) et en éducation (la réforme Drainville) inquiètent fortement les syndiqués, un affrontement est à prévoir. Mentionnons que la lutte du secteur public est une lutte des femmes. Elles forment 75 % de la main-d’œuvre, mais subissent encore des discriminations au travail concernant surtout les droits parentaux. Cette dimension devrait être davantage prise en compte.

- La pénurie de logements jumelée à la hausse effarante des loyers défraie les chroniques depuis plus d’un an. L’attitude désinvolte de Legault et de ses ministres face à cette crise a enragé les organisations de locataires avec le résultat qu’une grande manifestation est prévue le 16 septembre, comme prélude à une mobilisation populaire et communautaire accrue dans les mois qui suivent. Les revendications tournent autour de mesures immédiates pour endiguer les hausses de loyers et empêcher les « rénovictions » tout en accélérant les programmes de construction de logements sociaux et abordables.

 Le nombre des travailleurs et travailleuses temporaires au Québec est en voie d’atteindre des niveaux inédits : on parle de 250,000 personnes rendues vulnérables par leur statut précaire et donc en butte très souvent à une surexploitation éhontée et à un racisme débridé. Le Centre des travailleuses et travailleuses immigrants (CTI), en alliance avec plusieurs organisations, prépare une grande campagne pour exiger la régularisation des sans-papiers. La cible principale sera le gouvernement Trudeau, qui tarde à agir sur sa promesse d’amnistie, mais le gouvernement caquiste, dont les ténors ne se gênent point pour lancer des tirades xénophobes et anti-immigrants, ne sera pas oublié.

 Nous venons de vivre un été effarant : incendies dévastateurs, sécheresses, inondations, orages intenses. La crise climatique est là et personne n’est à l’abri. Ce sont les personnes les plus démunies, dont les femmes qui en vivent les conséquences les plus néfastes. Devant l’incurie gouvernementale et le retard à enclencher une vraie transition énergétique des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, les mobilisations environnementales vont se remettre en branle. D’ores et déjà, une manifestation est annoncée le 29 septembre par une coalition radicale, étudiante et jeune sous le thème de « La rage climatique ». Pour sa part, le collectif intersyndical Travailleurs et travailleuses pour la justice climatique (TJC) compte lancer une campagne dans les syndicats locaux pour sortir les institutions publiques du chauffage au gaz.

L’enjeu de cet automne sera de fédérer les oppositions à la CAQ en un mouvement social capable de freiner ses projets de reconfiguration de l’État et du capitalisme québécois. À coup sûr, la fin du mois d’octobre se profile comme un moment charnière de cette bataille.

Contexte politique : polycrise, restructuration

Profitant de son statut très largement majoritaire au parlement, 75% des sièges, la CAQ a abattu ses cartes lors de la première année de son présent mandat. Coup sur coup, le gouvernement a annoncé de grandes restructurations de l’État. En santé, la mise sur pied d’une agence ayant comme objectif d’accélérer la privatisation de multiples services. En éducation, la surcentralisation et l’approfondissement de l’école à trois vitesses. Dans le domaine énergétique, transformer Hydro- Québec en appât pour les grandes entreprises multinationales énergivores (le Dollarama de l’énergie), augmenter la production électrique, via le nucléaire et de nouveaux projets de grands barrages, privatiser les énergies renouvelables.

L’objectif du trio Legault-Dubé-Fitzgibbon avec cette réingénierie de l’État est de l’assujettir plus étroitement à la restructuration du capitalisme au Québec. Dans le contexte post-néolibéral où le système capitaliste mondial s’embourbe dans de multiples crises (certains économistes parlent d’une polycrise) tant au niveau économique, environnemental, sanitaire que géostratégique, le laisser-faire économique d’antan n’a plus sa place. La politique industrielle reprend ses lettres de noblesse et l’état interventionniste est de retour. Mais ce n’est pas l’État providence des années soixante. C’est un État volontiers xénophobe et autoritaire, profondément antisyndical et antipopulaire, aligné sur l’impérialisme dominant.

QS : un parti des urnes et de la rue qui favorise la convergence des luttes

Des trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale, Québec solidaire est le seul à s’opposer frontalement aux projets de la CAQ. Le PLQ est en crise profonde sans chef ou programme clairement formulé. De toute façon, en tant que parti historique de la classe dominante québécoise, il n’a pas d’objection de principe aux projets de Legault. Quant au PQ, son virage à droite l’a énormément fragilisé face à la CAQ et il peine à s’en distinguer. Une bonne partie de ses électeurs et électrices historiques ont fait le bond vers Legault et rien ne garantit que l’embellie actuelle soit permanente. Comme le démontre son histoire, le PQ n’a jamais été un obstacle sérieux aux projets des classes dominantes.

Si nous cherchons à combattre la stagnation de QS à 15%-17% de l’électorat depuis 2018, la réponse n’est pas dans un illusoire recentrage du parti, mais plutôt dans la réaffirmation de notre différence. Nous sommes un parti qui veut mettre les travailleurs et travailleuses au centre de nos préoccupations et qui vise une transformation sociale fondamentale.

Québec solidaire aura un automne passablement chargé à l’interne : course au porte-parolat féminin, élection partielle le 3 octobre dans Jean-Talon, congrès national du 24 au 26 novembre. Mais il ne peut se laisser absorber par la situation interne et délaisser la mobilisation sociale.

Si nous voulons faire un saut qualitatif dans la prochaine période, notre parti doit renforcer son alliance avec les mouvements sociaux, particulièrement avec le mouvement ouvrier. La prochaine période nous offre l’occasion de nous démarquer encore plus fondamentalement des autres partis, non seulement en nous faisant le porte-parole des luttes sociales au parlement, mais aussi en favorisant la convergence de ces luttes sur le terrain.

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