Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Une indexation qui ne suffit pas

Le panier de consommation explose ! 4.8% d’inflation en décembre, un record vieux de 30 ans. On comprend, c’est une année particulière avec tout ce qui se passe sur la planète. La pandémie, les feux, les inondations, le bris de la chaîne d’approvisionnement, etc. Tout ça fait en sorte que ça coûte plus cher, c’est évident.

Par Simon Pouliot
Coordonnateur à l’Association pour la Défense des Droits Sociaux Québec Métropolitain

Le gouvernement reconnaît alors que ça ne doit pas être facile pour les personnes qui vivent déjà avec peu. Dans sa grande sagesse, notre ministre des finances accorde un baume sur la plaie des gens en situation de pauvreté. Entre 200 et 275$ en bonus pour toutes les personnes qui reçoivent un crédit d’impôt pour solidarité. 

De plus. le taux d’indexation de l’aide sociale a aussi atteint, 2.64%, le plus haut taux en 10 ans ! Avec toutes ces bonifications, nos penseurs peuvent espérer que les personnes en bas de la pyramide vont être capables de survivre aux hausses. Sans vouloir être de mauvaise foi, nous croyons fortement que ces messieurs savent que ce n’est pas suffisant. On s’entend, 275$ sur 12 mois, c’est toujours bien juste 22.91$. Aussi, l’indexation de l’aide sociale est près de la moitié du taux d’inflation de 4.8% calculé en décembre 2021. D’autant plus que le coût de plusieurs denrées alimentaires va augmenter davantage en cette année selon le Rapport annuel des prix alimentaires 2022. Pensons aux produits laitiers (6-8%), les légumes (5-7%), à la boulangerie (5-7%) sans parler du loyer ! Avec la prestation de base à l’aide sociale 726 $, ça va vite faire en sorte qu’il ne reste plus grand-chose. Donc, malgré l’indexation historique de l’aide sociale et un petit chèque supplémentaire, les montants ne suivent pas le coût de la vie. Les pauvres s’appauvrissent encore ! 

C’est dur à prendre quand on est une personne qui est bénéficiaire de l’aide de dernier recours. Dans la loi d’aide aux personnes et aux familles, les prestations d’aide sociale sont censées couvrir 9 besoins essentiels. Sincèrement, les montants pour ces personnes en couvrent peut-être 2-3, le reste n’est pas couvert pantoute ou comblé par les organismes communautaires et de charité. Ça, c’est quand les organismes sont ouverts et fonctionnels. Les banques alimentaires commencent à vraiment manquer de provision. Effectivement, la crise économique a augmenté leur achalandage de 40% l’année passée et dernièrement les épiciers disaient subir plus de pertes dues au vol. Si les organismes sont au bout du rouleau, imaginez comment c’est pour les personnes qui les utilisent. On ne s’étonnera pas que certaines personnes ne scannent pas toute leur épicerie aux caisses libre-service.

Être en état de survie constamment, ça use, ça use. Pas juste le corps, mais le moral aussi. On nous casse les oreilles comme quoi la santé mentale et physique c’est important, mais sincèrement, c’est impossible de maintenir une santé à l’aide sociale. Quémander chaque mois, avoir faim, stresser des nuits de temps à ne pas savoir si on va finir à la rue, ce ne sont pas des conditions optimales de santé. On va se le dire, s’il y a bien un moment pour ne pas aller à l’hôpital, surtout pour des problèmes complètement évitables, c’est bien pendant une pandémie mondiale. 

1.2 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté au Québec selon Centraide. C’est pas mal de monde qui va subir une inflation qu’ils et elles ne peuvent pas absorber. À quand des programmes sociaux qui permettent vraiment de sortir la tête de l’eau, qui minimalement, permettent à tout le monde de manger à leur faim ?

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