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Le Monde

Compte à rebours pour la troisième guerre mondiale ? Elle pourrait pointer plus tôt que vous ne le pensez

Lorsque le ministère de la Défense des Etats-Unis a publié son rapport annuel sur la puissance militaire chinoise au début du mois de novembre 2021, une affirmation a fait la une des journaux du monde entier. Selon ce rapport, d’ici à 2030, la Chine disposera probablement de 1000 ogives nucléaires, soit trois fois plus qu’aujourd’hui et suffisamment pour constituer une menace importante pour les Etats-Unis. Comme le titrait le Washington Post, de manière assez typique : « La Chine accélère l’expansion de ses armes nucléaires, cherche à se doter de 1000 ogives ou plus, selon le Pentagone. »

Tiré du site A l’encontre
4 décembre 2021

Par Michael Klare

Les médias ont toutefois largement ignoré une affirmation bien plus importante de ce même rapport : la Chine serait prête à mener une guerre « intelligente » d’ici à 2027, ce qui lui permettrait de résister efficacement à toute riposte militaire des Etats-Unis si elle décidait d’envahir l’île de Taïwan [24 millions d’habitants], qu’elle considère comme une province renégate. Pour les personnalités qui dictent l’actualité, cela aurait pu sembler beaucoup moins important que ces futures ogives, mais les implications qui en découlent ne pourraient pas être plus importantes. Permettez-moi donc de vous proposer une traduction élémentaire de cette conclusion : selon la vision du Pentagone, préparez-vous à ce que la Troisième Guerre mondiale éclate à tout moment après le 1er janvier 2027.

Pour apprécier à quel point ce calcul est terrifiant, il faut répondre à quatre questions clés. Qu’entend le Pentagone par guerre « intelligente » ? Pourquoi serait-elle si importante si la Chine y parvenait ? Pourquoi les responsables militaires des Etats-Unis supposent-ils qu’une guerre pour Taïwan pourrait éclater au moment où la Chine maîtriserait un tel type de guerre ? Et pourquoi une telle guerre pour Taïwan se transformerait-elle presque certainement en une troisième guerre mondiale, avec toutes les chances de devenir nucléaire ?

Pourquoi la guerre rendue « intelligente » est importante

Considérons d’abord la guerre rendue « intelligente ». Les responsables du Pentagone affirment régulièrement que l’armée chinoise, l’Armée populaire de libération (APL), dépasse déjà les Etats-Unis en nombre – plus de troupes, plus de chars, plus d’avions et surtout plus de navires. Certes, le nombre compte, mais dans le type de guerre « multi-domain » [multidomaines/multichamps dans le vocabulaire stratégique français] à rythme élevé que les stratèges étatsuniens envisagent pour l’avenir, la « domination de l’information » – sous la forme d’une supériorité en matière de renseignement, de communications et de coordination du champ de bataille – devrait être encore plus importante. Ce n’est que lorsque l’APL sera rendue « intelligente » de cette manière, selon la théorie stratégique des Etats-Unis, qu’elle sera en mesure d’engager un combat, avec une certaine assurance de succès, avec les forces des Etats-Unis.

L’aspect naval de l’équilibre militaire entre les deux puissances mondiales est considéré comme particulièrement critique puisque tout conflit entre elles devrait éclater soit dans la mer de Chine méridionale, soit dans les eaux entourant Taïwan. Les analystes de Washington soulignent régulièrement la supériorité de l’APL en termes de nombre de « plateformes » navales de combat. Dans un rapport du Congressional Research Service (CRS) publié en octobre, par exemple, on peut lire que « la marine chinoise est, de loin, la plus grande de tous les pays d’Asie de l’Est et, au cours des dernières années, elle a dépassé la marine étatsunienne en nombre de navires de combat, faisant de la marine chinoise la plus grande du monde ». Des déclarations comme celles-ci sont régulièrement citées par les faucons du Congrès pour obtenir davantage de fonds pour la marine afin de combler le « fossé » entre les deux pays.

Or, un examen attentif des analyses comparatives portant sur les forces navales suggère que les Etats-Unis jouissent toujours d’une avance considérable dans des domaines essentiels tels que la collecte de renseignements, l’acquisition d’objectifs [la détection, l’identification et la localisation d’une cible de façon détaillée], la lutte anti-sous-marine et le partage de données entre une myriade de plateformes de combat – parfois appelés C4ISR [pour commandement informatisé, contrôle, communications, computers, intelligence-renseignements militaires, surveillance et reconnaissance] ou, pour utiliser les termes chinois, guerre « informatisée » et « intelligentized ».

« Bien que l’effort de modernisation de la Chine ait considérablement amélioré ses capacités navales ces dernières années », note le rapport du CRS, « la marine chinoise est actuellement estimée comme ayant des limitations ou des faiblesses dans certains domaines, notamment les opérations conjointes avec d’autres secteurs de l’armée chinoise, la guerre anti-sous-marine, [et] le ciblage à longue portée ».

Cela signifie qu’à l’heure actuelle, les Chinois seraient fortement désavantagés dans tout affrontement important avec les forces étatsuniennes au-dessus de Taïwan, où la maîtrise des données de surveillance et de ciblage serait essentielle à la victoire. Surmonter ses limitations de type C4ISR est donc devenu une priorité majeure pour l’armée chinoise, supplantant la recherche de la supériorité numérique. Selon le rapport du Pentagone de 2021, cette tâche est devenue la priorité en 2020, lorsque le 5e plénum du 19e Comité central du PCC a établi « une nouvelle étape de modernisation en 2027, pour accélérer le développement intégré de la mécanisation, de l’informatisation et de l’« intelligentization » des forces armées de la RPC ». La réalisation de telles avancées, ajoute le Pentagone, « fournirait à Pékin des options militaires plus crédibles en cas d’intervention à propos de Taïwan ».

Cinq ans, ce n’est pas beaucoup de temps pour acquérir la maîtrise de capacités militaires aussi diverses et techniquement difficiles, mais les analystes étatsuniens pensent néanmoins que l’APL est sur la bonne voie pour atteindre cet objectif en 2027. Pour combler son « déficit de capacités » en matière de C4ISR, note le rapport du Pentagone, « l’APL investit dans des systèmes conjoints de reconnaissance, de surveillance, de commandement, de contrôle et de communication aux niveaux stratégique, opérationnel et tactique ».

Si, comme prévu, la Chine réussit d’ici à 2027, alors elle sera en mesure de faire face à la marine des Etats-Unis dans les mers autour de Taïwan et potentiellement de la vaincre. Cela permettrait à Pékin d’intimider les Taïwanais sans craindre une intervention de Washington. Comme le suggère le ministère de la Défense dans son rapport de 2021, les dirigeants chinois ont « lié les objectifs 2027 de l’APL au développement des capacités nécessaires pour contrer l’armée américaine dans la région indo-pacifique et contraindre les dirigeants de Taïwan à s’asseoir à la table des négociations aux conditions de Pékin ».

Le cauchemar de Pékin à Taïwan

Depuis que Tchang Kaï-chek et les restes de son Parti nationaliste chinois (le Kuomintang, ou KMT) ont fui à Taïwan après la prise de contrôle de la Chine par les communistes en 1949, établissant la République de Chine (ROC) sur cette île, la direction du Parti communiste à Pékin a cherché la « réunification » de Taïwan avec le continent. Au départ, les dirigeants taïwanais rêvaient également de reconquérir le continent (avec l’aide des Etats-Unis, bien sûr) et d’étendre l’emprise de la ROC à toute la Chine. Mais après la mort de Tchang Kaï-chek en 1975 et la transition de Taïwan vers un régime démocratique, le KMT a perdu du terrain au profit du Parti démocratique progressiste (DPP), qui recule devant l’intégration avec le continent et cherche plutôt à établir un Etat taïwanais indépendant.

Alors que le discours sur l’indépendance a gagné en popularité dans le pays, les autorités chinoises ont cherché à amadouer le public taïwanais pour qu’il accepte une réunification pacifique en favorisant le commerce et le tourisme entre les deux rives du détroit, entre autres mesures. Mais l’attrait de l’indépendance semble grandir, en particulier chez les jeunes Taïwanais qui ont réagi face à la répression exercée par Pékin concernant les libertés civiles et le régime démocratique à Hong Kong – un sort qu’ils craignent de connaître si Taïwan devait un jour tomber sous la domination du continent. Cette situation a rendu les dirigeants de Pékin de plus en plus inquiets, car toute possibilité de réunification pacifique avec Taïwan semble s’éloigner, laissant l’action militaire comme seule option envisageable.

Le président Xi Jinping a bien exprimé la difficulté à laquelle Pékin est confronté lors de son échange de vues avec le président Biden le 15 novembre 2020. « Réaliser la réunification complète de la Chine est une aspiration partagée par tous les fils et filles de la nation chinoise », a-t-il déclaré. « Nous sommes patients et nous nous efforcerons de réaliser la perspective d’une réunification pacifique avec la plus grande sincérité et les plus grands efforts. Cela dit, si les forces séparatistes pour l’indépendance de Taïwan nous provoquent, nous forcent la main, voire franchissent la ligne rouge, nous devrons prendre des mesures résolues. »

En fait, ce que Xi appelle les « forces séparatistes pour l’indépendance de Taïwan » est déjà allé bien au-delà de la provocation, affirmant que Taïwan est bien un Etat indépendant, sauf de nom, et qu’il ne tombera jamais volontairement sous la domination du continent. C’est ce qui ressort, par exemple, du discours prononcé le 10 octobre par la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen [en fonction depuis mai 2016]. L’île, a-t-elle déclaré, doit « résister à l’annexion ou à l’empiétement sur notre souveraineté », rejetant ainsi directement le droit de Pékin de gouverner un jour Taïwan.

Mais si la Chine recourt à la force – ou est « contrainte de prendre des mesures résolues », comme l’a dit Xi – Pékin devra probablement faire face à une contre-attaque des Etats-Unis. En vertu de la législation existante, notamment la loi de 1979 sur les relations avec Taïwan, les Etats-Unis ne sont pas tenus d’aider Taïwan dans de telles circonstances. Toutefois, cette loi stipule également que tout recours à la force pour modifier le statut de Taïwan sera considéré comme un sujet « de grave préoccupation pour les Etats-Unis » – une position connue sous le nom d’« ambiguïté stratégique » [1], car elle n’engage pas le pays à une réponse militaire, ni ne l’exclut.

Récemment, cependant, des personnalités de premier plan à Washington ont commencé à appeler à la « clarté stratégique », garantissant pratiquement une réponse militaire à toute frappe chinoise contre l’île. « Les Etats-Unis doivent être clairs sur le fait que nous ne permettrons pas à la Chine d’envahir Taïwan et de l’assujettir », a typiquement déclaré le sénateur républicain de l’Arkansas Tom Cotton dans un discours prononcé le 20 février 2021 à l’Institut Ronald Reagan. « Je pense que le moment est venu d’être clair : remplacer l’ambiguïté stratégique par la clarté stratégique que les Etats-Unis viendront en aide à Taïwan si la Chine devait envahir Taïwan par la force ou changer autrement le statu quo à travers le détroit [de Taïwan]. »

Le président Biden, lui aussi, a semblé adopter une telle position récemment. Lorsqu’on lui a demandé, au cours d’un débat public sur CNN en octobre, si les Etats-Unis protégeraient Taïwan, il a répondu sans détour : « Oui, nous nous sommes engagés à le faire. » La Maison-Blanche est ensuite revenue sur cette déclaration, insistant sur le fait que Washington adhère toujours à la loi sur les relations avec Taïwan et à la politique de la « Chine unique », qui considère que Taïwan et la Chine continentale font partie d’une seule et même nation. Néanmoins, l’administration a continué à mener des manœuvres aériennes et maritimes massives dans les eaux au large de Taïwan, suggérant une inclination à défendre Taïwan contre toute invasion future.

Il est donc clair que les décideurs chinois doivent compter au moins sur la possibilité d’une intervention militaire des Etats-Unis s’ils ordonnent une invasion de Taïwan. Et, de leur point de vue, cela signifie qu’il ne sera pas sûr d’entreprendre une telle invasion tant que l’APL n’aura pas été complètement rendue « intelligente » – une étape qu’elle atteindra en 2027, si l’analyse du Pentagone est correcte.

La route vers la troisième guerre mondiale

Personne ne peut être sûr de ce à quoi ressemblera le monde en 2027 ni de l’ampleur que pourraient prendre les tensions autour de Taïwan à cette date. Pour ne citer qu’un exemple, le DPP (Parti démocrate progressiste) pourrait perdre contre le KMT (Kuomintang) lors des élections présidentielles de 2024 sur cette île, ce qui enrayerait sa marche vers l’indépendance. Par ailleurs, les dirigeants chinois pourraient décider qu’un accord à long terme avec une Taïwan quasi-indépendante serait le meilleur recours possible pour maintenir son statut économique mondial.

Si, toutefois, vous vous en tenez à la façon de penser du Pentagone, les choses s’annoncent mal. Vous devez partir du principe que Taïwan poursuivra sa route actuelle et que la volonté de Pékin de garantir l’intégration de l’île au continent ne fera que s’intensifier. De même, il faut supposer que la tendance des décideurs de Washington à soutenir une Taïwan de plus en plus indépendante face à une action militaire chinoise ne fera que croître, alors que les relations avec Pékin continuent de se dégrader.

De ce point de vue, tout ce qui retient actuellement les dirigeants chinois d’utiliser la force pour s’emparer de Taïwan est leur inquiétude quant à l’infériorité de l’APL dans la guerre intelligente. Une fois ce problème résolu – en 2027, selon le Pentagone – plus rien ne s’opposera à une invasion chinoise, voire à une troisième guerre mondiale.

Dans ces circonstances, il est tout à fait imaginable que Washington passe d’une position de « stabilité stratégique » à une position de « clarté stratégique », en fournissant aux dirigeants de Taïwan une garantie inébranlable de soutien militaire face à toute attaque future. Bien que cela ne modifierait pas de manière significative la planification militaire chinoise – les stratèges de l’APL supposent sans aucun doute que les Etats-Unis interviendraient, avec ou sans garantie – cela pourrait conduire à une autosatisfaction à Washington, à la conviction que Pékin serait automatiquement dissuadé par une telle garantie (comme le sénateur Cotton et beaucoup d’autres semblent le penser). Ce faisant, les deux parties pourraient se retrouver sur le chemin de la guerre.

Et croyez-moi sur parole, un conflit entre ces deux puissances, quel que soit son début, pourrait s’avérer difficile à limiter aux environs immédiats de Taïwan. Dans un tel engagement, la principale tâche des forces chinoises serait d’affaiblir les forces aériennes et navales des Etats-unis dans le Pacifique occidental. Cela pourrait impliquer l’utilisation généralisée de missiles de croisière et balistiques pour frapper les navires étatsuniens, ainsi que leurs bases au Japon, en Corée du Sud et sur diverses îles du Pacifique. De même, la principale tâche de l’armée des Etats-Unis serait d’affaiblir les forces aériennes et navales chinoises, ainsi que ses installations de lancement de missiles sur le continent. Il pourrait en résulter une escalade instantanée, notamment des attaques aériennes et de missiles incessantes, voire l’utilisation des missiles hypersoniques les plus avancés présents dans les arsenaux américains et chinois.

Il en résulterait sans aucun doute des dizaines de milliers de victimes lors des combats, des deux côtés, ainsi que la perte de ressources majeures telles que des porte-avions et des installations portuaires. Un tel ensemble de désastres pourrait, bien sûr, inciter l’une ou l’autre des parties à réduire ses pertes et à se retirer, voire à se rendre. La possibilité la plus probable, cependant, serait une plus grande escalade de la violence, y compris des frappes toujours plus lointaines avec des armes toujours plus puissantes. Des villes très peuplées pourraient être attaquées en Chine, à Taïwan, au Japon ou ailleurs, faisant des centaines de milliers de victimes.

A moins que l’un ou l’autre camp ne se rende – et laquelle de ces deux fiers pays est susceptible de le faire ? – un tel conflit continuerait à prendre de l’ampleur, chaque camp faisant appel au soutien de ses alliés. La Chine se tournerait sans doute vers la Russie et l’Iran, les Etats-Unis vers l’Australie, l’Inde et le Japon. (Peut-être en prévision d’un tel avenir, l’administration Biden a récemment forgé une nouvelle alliance militaire avec l’Australie et le Royaume-Uni, appelée AUKUS, tout en renforçant son accord de sécurité « quadruple » avec l’Australie, l’Inde et le Japon.)

De cette façon, même si c’est à pas feutrés, une nouvelle « guerre mondiale » pourrait voir le jour et, pire encore, pourrait facilement s’intensifier. Les Etats-Unis et la Chine travaillent déjà d’arrache-pied pour déployer des missiles hypersoniques et des armes plus conventionnelles destinées à cibler les nœuds de défense vitaux de l’autre partie, y compris les radars d’alerte précoce, les batteries de missiles et les centres de commandement et de contrôle, ce qui ne fait qu’accroître le risque que l’une ou l’autre partie interprète à tort une telle attaque « conventionnelle » comme le prélude à une frappe nucléaire et, en désespoir de cause, décide de frapper la première. Nous parlons alors réellement de la troisième guerre mondiale.

Aujourd’hui, cela doit sembler hautement spéculatif pour la plupart d’entre nous, mais pour les planificateurs de guerre du département de la Défense et du ministère chinois de la Défense, il n’y a rien de spéculatif. Les responsables du Pentagone sont convaincus que la Chine est bel et bien déterminée à assurer l’intégration de Taïwan au continent, par la force si nécessaire, et estiment qu’il y a de fortes chances qu’ils soient appelés à aider à défendre l’île si cela devait se produire. Comme le suggère l’histoire – pensez aux années qui ont précédé la Première Guerre mondiale – une planification de ce type peut trop facilement se transformer en une prophétie auto-réalisatrice.

Ainsi, aussi spéculatif que cela puisse paraître, tout cela devrait être pris au sérieux par tous ceux d’entre nous qui redoutent l’idée même d’une future guerre majeure, sans parler d’une catastrophe de l’ampleur de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale, ou avec des armes nucléaires d’une ampleur encore inconnue. Si l’on veut éviter un tel destin, il faudra déployer beaucoup plus d’efforts pour résoudre le casse-tête de Taïwan et trouver une solution pacifique au statut de l’île.

Dans un premier temps (bien qu’il ne faille pas y compter ces jours-ci), Washington et Pékin pourraient convenir de réduire leurs manœuvres militaires dans les eaux et l’espace aérien autour de Taïwan et se consulter, ainsi que les représentants de Taïwan, sur les mesures de réduction des tensions de toutes sortes. Des pourparlers pourraient également avoir lieu sur des mesures visant à limiter le déploiement d’armes particulièrement déstabilisantes de toute nature, y compris les missiles hypersoniques.

Mais si le Pentagone a raison, le temps pour une telle action est déjà compté. Après tout, 2027, et le début possible de la troisième guerre mondiale, ne sont que dans cinq ans. (Article publié le 2 décembre 2021 sur le site TomDispatch ; traduction rédaction A l’Encontre)

Michael T. Klare est professeur émérite d’études sur la paix et la sécurité mondiale au Hampshire College et chercheur invité senior à l’Arms Control Association. Il est l’auteur de 15 livres, dont le dernier s’intitule All Hell Breaking Loose : The Pentagon’s Perspective on Climate Change (Metropolitan Books, 2019). Il est l’un des fondateurs du Committee for a Sane U.S.-China Policy.

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[1] Piotr Smolar, dans Le Monde en date du 27 octobre 2021, écrit : « L’émotion que suscite chaque petite encoche, même surinterprétée, au concept d’« ambiguïté stratégique » pose, parmi les experts, la question de sa pertinence. Puisque la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine s’aiguise et se déploie sur tous les plans, serait-il temps pour Washington d’assumer plus formellement son soutien à Taïwan ? D’autant que le retrait chaotique d’Afghanistan a semé le trouble chez les alliés, sur la solidité des engagements américains. « L’ambiguïté stratégique reste très importante pour dissuader la Chine, mais aussi pour permettre aux Etats-Unis de conserver de la flexibilité, explique Bonny Lin, directrice du programme Chine au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS). La clarification ne nous donnerait pas beaucoup de bénéfices. Dans sa planification, la Chine prend déjà en compte la possibilité d’une intervention militaire américaine. Et ils se sentiraient obligés de répondre encore plus fortement à notre nouvelle position. » (Réd.)

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