Édition du 16 avril 2024

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Europe

Crise de légitimité de l’Union Européenne

Le projet même de la construction européenne – au-delà de l’Union Européenne actuelle – est considéré comme n’ayant plus de légitimité aux yeux d’une grande partie des populations européennes. Cette absence de légitimité est visible dans la victoire de partis qui se terrent dans le nationalisme comme ceux qui constituent actuellement le gouvernement italien.

tiré de : Entre les lignes et les mots 2018 - 28 - 28 juillet : Notes de lecture, textes, lien et annonce

Le Mouvement 5 étoiles s’est rallié à La Ligue (ex du Nord) pour faire du refus de l’entrée des migrants le nec plus ultra de sa politique. Il rejoint la cohorte des gouvernements d’extrême droite qui fleurissent en Europe, à commencer par celui de l’Autriche et des pays de l’ancienne Europe de l’Est.

Devant ce refus d’accueillir les migrants, les pays de l’Union Européenne se sont réuni en urgence le jeudi 28 juin 2018. Les divisions sont profondes. Macron avait fait la leçon au gouvernement italien, sans en avoir le droit faute d’une politique migratoire accueillante, solidaire. Le débat portait ni plus ni moins sur l’application des traités. Le groupe de pays mené par Salvini, le ministre de l’Intérieur du gouvernement italien, mettait en cause directement les traités constitutifs de l’UE. La gauche, pour son plus grand désarroi, ne l’a jamais réalisé. Un grand coup de couteau de cuisine. La rupture semblait proche. Elle n’a pas eu lieu. Le 29 juin, à quatre heures du matin, un texte de compromis a été trouvé. Compromis ? Malgré le flou de cette déclaration a été acté que ces pays – l’Italie en premier lieu – pouvaient bafouer les traités. Une fois encore, à l’instar des années 30, les démocraties ont cédé devant la barbarie.

Pour le gouvernement grec, en 2011 lors de la crise de l’euro, cette possibilité ne lui avait pas été offerte. L’austérité, encore l’austérité, toujours l’austérité sous prétexte de… respect des traités. Les conséquences, pour ce pays terre de migrations, ont été catastrophiques. Le PIB a diminué de 25%, la pauvreté, la misère ont progressé.

L’Union Européenne n’a pas éclaté mais elle subit une nouvelle dimension de sa propre crise, une crise de légitimité.

La question des migrants – cf. article précédent – sera au centre de la campagne des Européennes.

La nécessaire refondation de la construction européenne est ressentie comme nécessaire par les élites dirigeantes comme pour les populations. L’attente est grande de propositions viables dans un contexte de poursuite de la crise systémique du capitalisme et des injonctions comme des menaces de Donald Trump en train de faire éclater toutes les solidarités et de permettre aux extrêmes droites de conquérir des avancées idéologiques. L’UE est incapable de construire des politiques communes seul moyen de résister en construisant un nouvel espace. Ce niveau européen est nécessaire pour répondre, par une planification d’investissements publics, aux mutations climatiques et à la crise écologique.

La révolution scientifique et technique en cours, qui risque d’aggraver les inégalités en polarisant les emplois : d’un côté les emplois hautement qualifiés et bien payés, de l’autre des emplois de bas gamme et mal payés, suppose une politique de formation permettant de dominer ce nouvel outil.

Last but not least, la crise financière n’est pas terminée et suppose une politique de réglementation des marchés financiers pour orienter les profits vers l’investissement productif et non vers la spéculation ou la distribution massive de dividendes. La prochaine crise financière et la récession profonde qui s’ensuivra seront plus difficile à combattre, à résorber et appellera des révolutions des politiques mises en place jusqu’à présent. Après 2008, les classes dirigeantes ont raté le coche d’un changement de paradigmes pourtant absolument nécessaire. Elles n’ont pas d’outils théoriques, pour le moment, permettant de comprendre le monde.

Ouvrir des discussions à gauche sur la construction européenne permet de développer les axes d’un programme de transformations sociales, d’un projet de société apte à combattre les tendances dictatoriales en œuvre en même temps que d’ouvrir des voies de solution aux crises actuelles de ce qu’il faut bien appeler une crise de civilisation.

La refondation de la gauche est l’objectif premier pour construire l’espoir. Une nécessité vitale pour l’ensemble des populations. La préparation des élections européennes, au-delà de la construction des listes, doit s’inscrire dans cet objectif.

Nicolas Béniès

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