Cette invitation exceptionnelle provint aussi de plusieurs autres communautés autochtones alors que plus de 130 actions de mobilisation contre le projet d’expansion des sables bitumineux furent organisées simultanément à l’échelle canadienne sous la bannière « #defendourclimate » (https://twitter.com/search?q=%23defendourclimate&src=typd).
Au total, sans doute des milliers, peut-être des dizaines de milliers de personnes se sont ainsi mobilisées pour, d’une part, se reconnaitre et d’autre part affirmer leur intention de mener cette bataille jusqu’au bout. Alors que nous bloquions symboliquement la route 344 par un « Round Danse », j’ai compris que des milliers de personnes au Canada étaient simultanément en train de prendre une grande bouffée d’espoir pour se relancer dans une lutte, à finir.
Le Mordor, c’est chez nous !
La comparaison entre la terre nauséeuse et infernale de Sauron et les sites d’exploitation des sables bitumineux n’est pas nouvelle. Il a déjà été démontré que la production actuelle crée un environnement local toxique, avec des taux de cancer en hausse et d’autres risques pour la santé qui affectent majoritairement les collectivités des Premières Nations qui vivent dans la région.
L’industrie, dont 71 % est contrôlée par des géants pétroliers appartenant à des sociétés étrangères, a poussé le gouvernement de l’Alberta à approuver plus de 100 projets de sables bitumineux couvrant 92 000 kilomètres carrés de forêt boréale nordique, et 100 autres projets couvrant 50 000 kilomètres carrés additionnels qui sont proposés, représentant une superficie totale de la taille de la Floride.
Si elle obtient les moyens d’exporter sa production grâce à de nouveaux pipelines, l’industrie des sables bitumineux prévoit tripler la production à plus d’un million de barils par jour au cours des prochaines années.
Joindre les combats des nations autochtones
Comme tous les québécois qui ont vécu 1990, je sais d’emblée que les Mohawks ne lâcheront pas prise, quoi qu’il en coûte. Le lien qui unit les nations autochtones à leurs terres est tel qu’ils n’abonneront jamais. Mais contrairement à alors, les « blancs » devront cette fois faire le choix d’encaisser aussi des coups, jusqu’au bout. À Elsipogtog au Nouveau Brunswick, on assiste depuis quelques semaines à un triste spectacle de colonialisme « à la Tsahal » ou la corporation extractiviste est soutenue par un État des plus répressifs. Ces images des camions de la SWN « protégées » par la GRC seront un jour dans les cours d’histoire ! Et malgré les injonctions, malgré les emprisonnements, malgré les gaz lacrymogènes et les blessures aux hommes, aux femmes et aux enfants, la communauté Mi’kmak toute entière s’impose et résiste à la machine extractiviste.
Cette bataille pourtant contre les changements climatiques et pour l’environnement n’est pas que la leur car nous appartenons tous à la même terre. Alors que le Gouvernement du Québec se fait complice de la stratégie canadienne d’expansion de l’exploitation du pétrole extrême des sables bitumineux albertains, nous augmentons conjointement la responsabilité de l’ensemble des citoyens d’ici face aux changements climatique, partout. Si au lendemain d’un typhon extrême comme celui qui vient de frapper les Philippines, nous avons l’obligation morale de nous interroger sur notre rôle comme société dans la création des changements climatiques mondiaux , nous devons êtres encore plus interpelés quand chez nous, des communautés, parmi les plus marginalisées décident de s’opposer au développement irresponsable du plus gros projet industriel de la planète (l’exploitation des sables bitumineux) et à la répression gouvernementale qui le soutient.
En bref, quand des communautés choisissent d’aller au front pour éviter des dommages irréversibles à nos écosystèmes, mais surtout, pour éviter au Canada de lancer sa « bombe climatique » dans l’atmosphère, il faut en être !
Une saison d’action
Le 16 novembre, la Journée nationale d’action pour défendre le climat a permis la participation de nombreux groupes environnementaux, communautaires, des syndicats et des communautés autochtones.
Si cette journée fut couronnée d’un succès faramineux avec des dizaines de mobilisation « from Coast to Coast to Coast », l’heure est déjà à l’organisation d’évènements qui auront encore plus de signification. Et le 16 novembre démontre à lui seul que le succès des prochaines actions dépendra totalement de la participation autochtone.
S’ils veulent arrêter l’expansion des sables bitumineux, diminuer notre empreinte collective sur le climat, s’ils veulent arrêter les politiques de Stephen Harper et de ceux qui lui succèderont avec en tête les mêmes politiques, les mouvements écologistes et sociaux doivent maintenant faire le choix de suivre le « leadership » des premières nations dans ses combats.
Devant les pipelines, je soutiendrai les Mohawks. Si les mouvements sociaux le font aussi, nous ne pouvons pas perdre.