Ils ont en effet en poche un nouveau contrat de travail, entériné aujourd’hui par les membres de la section locale 9490 du Syndicat des Métallos (STA-Alma) dans une proportion de :
•82,8 % pour les membres de l’accréditation horaire ;
•92,5 % pour les membres du Centre de revêtement des cuves ;
•83,3 % pour les membres de l’accréditation bureau ;
Ce contrat donne gain de cause aux travailleurs sur le recours accru à la sous-traitance, principal objet du litige. La sous-traitance se retrouve désormais encadrée et limitée pour toute la durée de la convention collective, soit jusqu’au 31 décembre 2015.
« Je remercie nos membres et leurs familles de n’avoir jamais abandonné malgré six longs mois de lockout. », déclare Marc Maltais, président de la section locale 9490. « Nous pouvons rentrer au travail la tête haute. Nous avons réussi à unir des organisations des quatre coins du globe autour de notre cause, une première au Québec. Ce lockout illégal a marqué un tournant dans les luttes syndicales non seulement au Québec, mais au Canada et dans le monde. Nous voulions des emplois décents pour notre communauté, pour les générations futures. C’est maintenant chose faite. Soyons fiers de ce que nous avons accompli ».
« Je salue le courage et la ténacité des membres de la section locale 9490 et de leurs familles », lance Daniel Roy, directeur québécois du Syndicat des Métallos. « Ils nous ont servi une grande leçon de solidarité, toujours avec une discipline et une dignité exemplaires. Ce n’est rien d’autre que leurs actions et leur solidarité qui a soulevé bien des appuis, levé bien des obstacles et, surtout, ramené l’employeur à la table ». Rappelons qu’à la veille du Jour de l’An 2012, les travailleuses et travailleurs d’Alma ont été mis en lockout illégal.
Une campagne internationale
« Nous avons confronté la troisième plus grande société minière au monde et nous avons gagné », a déclaré le président international du Syndicat des Métallos, Leo W. Gerard. « Le message aux multinationales est clair : les travailleurs sont plus déterminés que jamais à défendre leurs droits ».
Pour le directeur québécois du Syndicat des Métallos, Daniel Roy, « les membres du 9490 ont tracé la voie au Québec d’un syndicalisme moderne. Devant de grandes multinationales opérant partout au monde, voilà ce qu’un syndicat international comme le nôtre, aux ramifications puissantes, dont l’esprit de solidarité et d’appartenance anime ses membres, est capable de faire. C’est maintenant tout entendu, le Syndicat des Métallos peut mener des actions et des campagnes internationales afin de rééquilibrer les rapports de force dans les négociations collectives. Ces méthodes ont contribué, juste avant les Jeux olympiques, à faire entendre raison à Rio Tinto Alcan ».
Le 16 avril dernier, le Syndicat des Métallos a mis sur pied la campagne internationale Hors du podium (www.offthepodium.org). Celle-ci demandait au Comité international olympique (CIO) d’exclure le géant minier Rio Tinto de la liste des fournisseurs officiels des prochains Jeux olympiques de Londres. En effet, les métaux utilisés dans la fabrication des 4700 médailles olympiques proviennent de Rio Tinto. En mettant ses employés de l’usine Alma en lockout, l’entreprise allait selon le syndicat directement à l’encontre des idéaux de solidarité, d’amitié et de « fair-play » que prône le mouvement olympique et entrait en contradiction directe avec l’engagement du COJO de Londres 2012 d’offrir au monde « les Jeux les plus durables de l’histoire ». Notez qu’un bilan plus complet de cette campagne sera publié demain par le Syndicat des Métallos.
Une mobilisation exceptionnelle au Québec
Le lockout illégal à l’usine Alma de Rio Tinto Alcan a généré une mobilisation exceptionnelle dans la communauté almatoise ainsi que dans l’ensemble du Québec. Le 31 mars dernier, 8000 personnes ont défilé dans les rues d’Alma dans le cadre d’une grande marche de solidarité, du jamais vu dans cette communauté de 30 000 âmes. Des syndiqués du Québec, du Canada et d’une dizaine de pays où Rio Tinto a des usines s’y sont rassemblés, venant parfois d’aussi loin que de la Nouvelle-Zélande, d’Australie ou d’Afrique du Sud.
Du 1er au 3 mai, une vingtaine de travailleurs lockoutés ont traversé la Réserve faunique des Laurentides à pied pour ce qu’ils ont appelé La Marche de l’énergie, longue de 212 kilomètres. Ils ont terminé leur marche trois jours plus tard devant l’Assemblée nationale du Québec, où ils ont alors déposé une pétition signée par près de 12 000 personnes.
Une entente secrète rendue publique
Cette pétition dénonçait le fait que Rio Tinto Alcan continuait à exploiter des barrages privés et à vendre au gouvernement du Québec l’énergie résiduaire supplémentaire qu’occasionnait ce lockout illégal, ce qui a rapporté à l’entreprise des revenus bruts de 90 M$ et diminué d’autant le rapport de force des lockoutés.
Notons qu’un grand quotidien du Québec a rendu public, à la fin mars, une entente secrète entre le gouvernement du Québec et Rio Tinto Alcan qui a mis au grand jour cette vente d’énergie résiduaire. L’entente secrète en question définit un lockout comme un cas de force majeure permettant la vente de cette énergie à Québec. Elle dévoile également le fait qu’un prêt sans intérêt de 400 M$ sur 30 ans a été accordé à Rio Tinto par le gouvernement du Québec.
« Cette question de l’entente secrète n’est toujours pas réglée », déclare Daniel Roy. « Ce conflit s’est fait avec l’argent des contribuables du Québec. Nos élus, tous partis confondus, doivent cesser ce genre d’ententes secrètes qui pénalisent les travailleurs, la communauté et toute la population. Elles créent des conditions de déséquilibre dans les rapports de force tels que cela permet de faire durer les conflits à l’avantage du patronat ».