La Financière Agricole : l’UPA responsable
Tout le dossier de la Financière agricole qui traîne en longueur devant la CAPERN est un bel exemple de déraillement. Pendant que l’UPA se perd dans une chasse aux sorcières, l’attention de tous les joueurs est détournée du premier responsable de la crise de l’ASRA : l’UPA elle-même !
L’UPA a eu la main haute sur la Financière agricole dès sa fondation en 2001 et ce, jusqu’à ce que la commission Pronovost révèle la relation incestueuse entre le syndicat et l’organisme d’état. Comment ? 5 des 11 postes d’administrateurs lui étaient acquis... dont la présidence de façon automatique, et cela, malgré la loi sur la gouvernance des sociétés d’état.1
Bien assise sur le fauteuil du conducteur, l’UPA a vu dès le milieu des années 2000 les chiffres s’emballer et pu voir les dilapidations récurrentes des fonds. Que dire des chiffres qui démontraient l’endettement galopant des agriculteurs sous ASRA ? Qu’a-t-elle fait pour changer la situation ??? Rien ! Aucune mesure n’est venue redresser la situation. Pour ce faire, il a fallu que Pronovost sonne la cloche d’alarme. Malheureusement, l’UPA a rejeté le rapport Pronovost, tout comme le rapport Ouimet et le rapport St-Pierre. C’est ce qu’on appelle une belle unanimité. C’est donc l’UPA qui devrait se retrouver dans les souliers de l’accusé devant tant d’agriculteurs acculés à la faillite.
Alors que le rapport St-Pierre révélait que les agriculteurs québécois étaient les plus endettés de tous les agriculteurs d’Amérique du Nord, et de loin, l’UPA continuait de dire...tout va bien ! Christian Lacasse ,son président, disait en mars 2009 ne pas s’inquiéter du taux d’endettement de ses pairs, car, selon lui, il faut y voir un signe de vitalité de l’agriculture québécoise. « Ça veut dire qu’on a investi dans nos fermes et dans les nouvelles technologies pour les rendre plus performantes », dit-il.2
Le monopole : au centre du débat !
Il n’est désormais plus possible de l’éviter, la question du monopole syndical est au cœur du débat. En se basant sur les différents rapports des dernières années, l’UPA est directement pointée du doigt comme étant une des sources du problème. Il est maintenant temps pour les parlementaires de tous les partis de régler cette question en redonnant aux agriculteurs les mêmes droits qu’à l’ensemble de la population. Nous sommes fatigués de devoir lutter pour un droit garanti par la charte des Nations Unies et que le gouvernement québécois tarde à redonner aux agriculteurs québécois... des chefs d’entreprises !
L’Union paysanne, qui fêtera en décembre prochain ses 10 ans, a déjà démontré, et ce avec pratiquement aucun moyen financier, que le pluralisme est nécessaire en agriculture au Québec. Notre implication a apporté du dynamisme, des idées nouvelles, plus d’entrepreneuriat, des politiques agricoles différenciées, en plus de répondre aux besoins de représentations de milliers d’agriculteurs.
Pour l’instant, il nous apparaît évident que les agriculteurs vont payer les pots cassés par leurs propres représentants syndicaux qui ont géré l’agriculture comme un club privé en oubliant que c’est un bien collectif. Tandis que l’UPA parle faussement de souveraineté alimentaire, il reste encore aux agriculteurs québécois à retrouver...leur propre souveraineté.
Notes