Édition du 3 décembre 2024

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Forum social mondial 2016 à Montréal

Grande conférence : Le revenu de base comme une innovation sociale du 21e siècle

Pour le dernier jour des grandes conférences, le FSM 2016 présentait à l’Université Concordia une discussion sur le thème du revenu de base. Pendant une heure et demie, le panel de trois conférenciers et d’une modératrice a conversé “Le revenu de base comme une innovation sociale majeure du 21e siècle”.

Le premier à s’exprimer était Rutger Bregman, auteur du best seller Utopia for Realists, où il défend la nécessité d’avoir un revenu de base. Son intervention pleine d’humour, était néanmoins riche en contenu. Il commença par expliquer qu’il avait obtenu un diplôme d’histoire et, après cinq années de labeur, il pouvait résumé tout ce qu’il avait appris en 5 mots : “everything used to be worse” (tout était pire avant). Il offrit par la suite une critique des médias qui ne parlent que des catastrophes, du terrorisme, et des crises économiques, bref, nous sommes trop pessimistes. Dans les années 1800, 94 % de la population mondiale vivait dans la pauvreté extrême. Dans les années 1980 ce chiffre était de 40 % tandis qu’aujourd’hui il est à 10 %. La plus importante objection au revenu de base est fondamentalement morale. La majorité des gens pensent qu’il faut travailler pour gagner de l’argent. Le problème est que l’on emploie une définition trop restreinte de ce que le travail. Nous rémunérons des gens qui occupent des “bullshit jobs”, eux-même frustrés du travail qu’ils offrent. Nous ne créons pas une société plus heureuse ou productive.

Karl Widerquist, professeur de l’Université Georgetown, continue la discussion en présentant l’histoire derrière l’idée de la nécessité d’avoir un revenu de base. Il présente les trois vagues du revenu de base. La première, ayant eu lieu au début du 20e siècle, est née du concept où “le revenu de base est la source de toute justice sociale”. Un certain revenu, juste assez pour se procurer les nécessités, devrait être assuré pour tous, que les gens travaillent ou pas. Un revenu supérieur devrait être donné à ceux qui souhaitent travailler au sein de leur communauté. La seconde vague a continué au cours des années 1960, accompagnée de mouvements sociaux auxquels la société civile participait et encourageait, tels que le Welfare Rights Movement. Il conclut en présentant la troisième et plus importante vague du mouvement pour le revenu de base qui a lieu en ce moment.

Marcus Brancaglione présentait un exemple concret de l’application du revenu de base au Brésil. Le Brésil est d’ailleurs le premier et seul pays à avoir introduit le concept du revenu de base dans sa constitution. En 2008, Marcus Brancaglione a initié un projet pilote dans un petit village de son pays natal. Au début, les gens croyaient qu’il ne s’agissait que d’une escroquerie, alors qu’au final, tous en ont bénéficié.

Plutôt que de dépenser des sommes astronomiques sur la guerre et la corruption, pourquoi ne pas détourner ces sommes vers des programmes de revenu de base desquels tous peuvent prendre avantage ? Cependant, il est primordial de se rappeler que “chaque droit est un devoir”. Bien que les gouvernements aient leur part en nous octroyant un tel droit, les populations ont le devoir d’utiliser ce revenu de sorte que tous, incluant les générations futures, puissent en profiter et puissent potentiellement éradiquer la pauvreté.

Pour conclure la conférence, une période de questions permit d’ouvrir le débat de plus belle. Bregman et Widerquist mentionnèrent entre autre qu’un système d’aide universelle – où les riches comme les pauvres sont bénéficiaires – est moins cher qu’un système ciblé. Certains pourraient défendre qu’un système d’aide universelle coûterait plus cher qu’un système ciblé. En fait, Widerquist démontre que les coûts nécessaires afin de déterminer quelles populations ont besoin de ce revenu de base sont plus élevés qu’un simple système où tous sont axés et tous en bénéficient au final. Au courant de la seconde vague du mouvement, Reagan et Thatcher ont démonisé les classes sociales plus pauvres et ainsi, reculé le travail des activistes pro-revenu de base. Les deux chercheurs ont expliqué qu’en incluant toutes les strates sociales dans les bénéfices sociaux, cela permettait de supprimer la démonisation des autres classes du débat.

Enfin, Bregman clôt la discussion avec l’exemple du droit de vote des femmes, qui, pendant longtemps était considéré une utopie. Il ne faut pas oublier que “every milestone of civilization started as a utopian thought” – (chacune des grandes avancées de la civilisation commença par une idée utopique).

Forum social mondial 2016

Soutenue par plus de 200 organisations de la société civile québécoise, canadienne et mondiale, la candidature de Montréal pour recevoir le FSM 2016 a été officiellement acceptée par le Conseil international des FSM, lors du dernier Forum mondial qui s’est déroulé en Tunisie en mars 2015.

L’objectif est de rassembler entre 50 et 80 000 personnes au Centre-Ville de Montréal du 9 au 14 août 2016, dont les représentantEs de 5000 organisations de la société civile locale et mondiale, pour participer à plus de 1500 activités autogérées par les participants eux-mêmes (voir le détail de la programmation dans la section consacrée) Des activités seront aussi organisées partout dans le monde, et les gens pourront interagir via Internet.

Le site du FSM 2016 : www.fsm2016.org

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