Édition du 10 décembre 2024

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Europe

Important mouvement ouvrier dans l'industrie automobile en Turquie

Alors que la campagne pour les législatives est dans sa phase finale en Turquie, un mouvement de grève "non autorisée" (il est quasi impossible désormais de faire des grèves "légales" avec les lois existantes) se développe dans le secteur de la métallurgie et de l’automobile.

(tiré du blog de Emre Öngün)

Le mouvement a déjà des antécédents l’année dernière, notamment une grève plutôt victorieuse chez Bosch, et a commencé dans l’usine Renault de Bursa. Il s’est développé dans d’autres usines, notamment d’automobile comme Tofas (joint-venture entre l’énorme conglomérat turc Koç et Fiat), toujours à Bursa.

Il s’agit d’usines importantes.

Il est impossible en Turquie d’avoir des données fiables quand à la participation à la grève. Toutefois, un indice qui ne trompe pas est que les directions respectives de Renault et Tofas ont décrété "un congé" samedi jusqu’à lundi, les ouvriers annonçant qu’ils resteraient sur place. La presse bourgeoise, y compris AKP, a du consacrer des articles à ce "choc" (selon les termes du quotidien Milliyet, Sabah qui est pro-AKP parle de 5.000 ouvriers en grève pour la seule usine Renault).

Des délégations de soutien ouvriers ont été organisées sur la ville de Bursa. L’organisation patronale dénonce des "actions illégales".

Le déclencheur de cette mobilisation est la signature d’une convention collective de branche particulièrement régressive par le syndicat "représentatif" Türk Metal. Cette organisation est un syndicat "jaune" au sens le plus plein du terme : ses représentants sont directement liés au patrons et répriment (physiquement des fois) les ouvriers qui s’organisent, sa représentativité tient beaucoup au soutien patronal. Les ouvriers qui veulent passer au syndicat concurrent Birlesik Metal-Is plus "de gauche" (et qui a appellé à lutter contre la nouvelle convention) font face à des intimidations et des violences.

Les trois revendications des ouvriers :

 Plus de retour et de représentativité pour le syndicat Türk Metal
 Aucun licenciement
 Application de la convention d’entreprise signée à Bosch à toute la branche.

Ce qui est particulièrement intéressant dans ce mouvement, outre la mobilisation en tant que tel, est que cela concerne des industries et des revendications clés. Lors du mouvement Taksim, il n’y avait qu’assez peu un contenu de classe (mais le caractère démocratique de ce mouvement est un acquis important). Il y a quelques années, la mobilisation contre la privatisation des ouvriers de l’ex monopole du tabac et de boissons (Tekel) était massive et longue mais c’était un combat d’arrière-garde, queue de comète des privatisations pour un secteur "relativement" épargné et assez politisé.

Là, il s’agit d’un combat directement lié à l’expansion d’un des fleurons de l’industrie turque, l’automobile, relevant de contradictions du capitalisme turc et avec une dimension politique de classe (la liberté de choisir son syndicat). Les mouvements partent ici d’usines modernes (comme vous pouvez le voir dans les vidéos) par des ouvriers relativement avancés.

Illustrations :

Tofas : http://capul.tv/tofasta-uretim-boyle-durdu-turk-metal-disari/ Ouvriers crient "Türk Metal dehors""Nous vaincrons en résistant"

Renault les ouvriers se mettent en grève http://www.sendika.org/wp-content/uploads/2015/05/djc_iscileri_1.jpg http://www.sendika.org/wp-content/uploads/2015/05/renault-manset.jpg

Dans une usine (moderne) "Les usines seront les tombeaux du MESS (l’organisation patronale du métal, l’équivalent de l’UIMM)" https://www.facebook.com/201921913181314/videos/938090892897742/?pnref=s...

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