Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Indigné, mais jamais je ne me résignerai

Ce soir j’ai pris une décision. Celle de ne jamais me résigner. De vivre dans la désobéissance. La désobéissance est l’attelage de la liberté qui permet, au peuple, de vaincre, de s’extirper de l’assujettissement intellectuelle. Ce soir, je fais ma propre Révolution intérieure afin que mes idéaux puissent éclore, se libérer du joug de mes propres servitudes. Ce soir, je sacrifie mes entraves, mes certitudes au nom de la liberté, plus jamais je serai au service de la commune vérité. Ce soir, je m’adresse aux québécois et aux québécoises. Ce soir, je lègue ab intestat la seule chose que je possède vraiment, ma foi en l’humanité.

La fin d’une époque

Depuis le tout début de cette ère de revendication, d’insurrection, je réfléchis, je lis beaucoup. Parfois trop, j’en viens à oublier que la vie continue. Que le temps file et que rien ne change. Rien ne change en effet. Les peuples se battent, ab æterno, pour les mêmes motifs. Ils se battent contre la propagande des puissances établies, contre le conservatisme décadent, contre les sbires du pouvoir établi qui les enclavent dans une relation de paternalisme déliquescente, contre les biens pensants qui voudraient leur faire croire que cet état de fait est irrémédiable, contre la résignation outrageante de certains qui les composent. Souvent, je me suis dit à quoi ça sert, le monde est ainsi fait. Plus maintenant, plus jamais je me résignerai.

J’ai compris que la liberté se gagne par les sacrifices que doivent faire ceux et celles qui luttent pour l’acquérir. Que la liberté, sans cette lutte, n’est pas une victoire du peuple mais un présent livré par la gouvernance pour acheter sa servitude. Jamais, je ne me résignerai.

Présentement, le Québec, se divise, se déchire, se désincarne. Ce constat me désappointe, je dirai même qu’il m’inquiète. Je suis inquiet parce que cette polarisation des idéaux empêchent le Québec de se rallier sous une cause commune, celle de la démocratie. En effet, pour que la démocratie puisse jouer son rôle, elle doit être soutenue à bout de bras par tous ceux et celles pour qui elle existe. Pour certains, la démocratie est le fils conducteur qui permet aux peuples de s’affirmer, de mettre un terme aux abus des Gouvernements. Pour d’autres, la démocratie se veut le moyen de mettre en place un souverain qui dirigera en Roi et maître la destinée d’un peuple.

Toutefois, une lueur d’espoir pointe à l’horizon qui permettra peut-être de renverser cette tangente inquiétante. Certains vous soutenir qu’il s’agit d’une grève. Tandis que d’autres vont soutenir qu’il s’agit d’un simple boycott. Pour ma part, il m’importe peu d’apposer impérativement un « mot » pour qualifier se soulèvement qui fait appel à la solidarité du peuple québécois. En effet, je crois que de tenter de le qualifier risque de le fragiliser, de le marginaliser, de l’effriter jusqu’au point où il n’aura plus aucun sens. Je crois également que le Québec doit saisir cette opportunité historique pour se rallier à se mouvement pour enfin affirmer son appartenance aux idéaux qui ont forgé, par l’entremise de luttes, l’identité québécoise.

Mettons en œuvre la Démocratie

Je crois que le Québec ne peut se permettre de le considérer comme une monumentale perte de temps qui lui coûtera très chère. Moi, j’ai foi en tous les québécoisEs. Je leur cri haut et fort : « Prenez le temps de descendre dans la rue pour discuter avec la jeunesse afin de comprendre leur réalité et leurs motivations. Ne vous fiez pas seulement à ce que vos yeux vous transmettent, ne laisser pas les médias vivre pour vous ces instants. Transcender ce moment, vivez le avec elle vous en ressortirez différent. Prenez ce temps pour vous, pour la jeunesse et pour les générations futures. N’ayez pas peur de bousculer vos certitudes. » Je me dis également qu’au lieu de nous diviser sur la question de savoir s’il s’agit d’un mouvement légitime posons-nous collectivement la question à savoir si la cause qui l’a engendré est elle-même légitime ! Mettons fin ensemble à cette époque tyrannique et construisons ensemble notre avenir.

Moi, je rêve d’un Québec uni qui cessera de se diviser sur des questions étymologiques. Je rêve d’un Québec plus juste qui reconnaît que l’apport de tous et chacun est bénéfique. Je rêve également d’un Québec plus ouvert qui comprend que le soulèvement de notre jeunesse se veut un moyen de la sensibiliser et de la mobiliser aux problèmes de la société. Que de descendre dans les rues pour exprimer son opinion lui permet d’affirmer son appartenance à la culture québécoise, de faire sa juste part pour les générations présente et future. En fait, se soulèvement permet à la jeunesse d’organiser le Québec de demain comme l’ont fait les générations précédentes lorsqu’elles avaient 20 ans. Cette jeunesse est en apprentissage, devenir citoyen c’est un peu comme devenir un parent cela s’apprend sur le tas et non dans les livres. Certains voudront vous faire croire qu’elle fait l’école buissonnière, moi je dirais plutôt qu’elle fait l’école de la VIE. La VRAIE pas CELLE qui existe dans les manuels.
Merci.

Pascal-Marc Savard
26-02-2012

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