Édition du 23 avril 2024

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Europe

L’Ukraine, sous pression russe, inflige un camouflet à l’UE

Réuni à Vilnius (Lituanie) les 28 et 29 novembre, le troisième sommet du « Partenariat oriental » (PO), impulsé depuis 2009 par l’Union européenne (UE) en direction des six pays frontaliers de l’ex-URSS [1] , est un cinglant échec, après le refus de l’Ukraine de signer un accord d’association avec l’UE. Les protestations sont passées des slogans « pro-européens » à une indignation politique de masse contre les violences policières et un régime profondément corrompu.

La défection de l’Ukraine, pièce maîtresse du projet, survient alors que la Biélorussie a rejoint en 2010 la Russie et le Kazakhstan dans une nouvelle Union douanière (UD) et - plus inattendu - peu après que l’Arménie ait décidé en septembre dernier de les rejoindre. A Vilnius, seules la Géorgie et la Moldavie ont « eu le courage » (dixit Angela Merkel) de parapher un accord provisoire avec l’UE.

Poker menteur UE contre UD

Nul doute que le « niet » ukrainien avait un accent russe, Moscou ayant exploité « l’argument » des tarifs de gaz, en y ajoutant des menaces sur les importations de céréales ou de chocolats ukrainiens. Mais c’est d’abord ce qu’offre l’UE elle-même qui est en cause, par comparaison avec un certain succès de l’Union douanière, noyau dur du projet d’Union économique eurasiatique défendu par Moscou à l’horizon de 2015. L’UE est « l’homme malade » de la mondialisation capitaliste, et au grand regret des manifestants pro-UE de Kiev, elle ne propose plus l’intégration, mais une « association » sous condition de défense « de ses valeurs »... de libre-échange. Or 40 % des échanges ukrainiens, notamment des grandes entreprises, se font avec la CEI (contre 20 % avec l’UE). Le pays est en conflit avec le FMI, et le président Ianoukovitch a demandé en vain à l’UE d’exercer des pressions pour assouplir les exigences du FMI.

Moscou a exploité ce contexte et le retour par les urnes en 2010 de Victor Ianoukovitch, après les scandales de corruption frappant ses adversaires « démocratiques » de 2004, dont Ioulia Timochenko actuellement en prison. L’injustice est qu’elle y soit seule [2] car aucun des clans qui se succèdent au pouvoir n’est épargné par la corruption et le clientélisme. La répression policière contre les dizaines de milliers de manifestants du mouvement dit de « l’EuroMaïdan » (Maïdan évoquant « la place » des grandes manifestations de la « Révolution orange » de 2004) favorables à l’UE, pourrait produire une crise gouvernementale dans un pays profondément divisé et socialement meurtri.

Notes

[1] Ukraine, Arménie, Azerbadjan, Bielarus, Georgie, Moldavie.

[2] Son complice et ancien premier ministre Pavel Lazarenko a été condamné en Suisse en 2000 et aux États-Unis en 2004 pour blanchiment d’argent, fraude et extorsion.

* Article écrit pour l’Anticapitaliste (France).

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