Les sondages, menés par un consortium de médias à la sortie des bureaux de votes, révélaient que les Démocrates du Michigan avaient choisi B. Sanders plutôt que Mme Clinton, et expliquaient leur choix. D’abord, le rejet de l’élite et de la direction du Parti démocrate qui soutiennent Mme Clinton, de même que les élus-es du parti qui, partout dans l’État, l’appuient également ainsi que son mari, Bill Clinton, et sa fille Chelsea qui font aussi campagne pour elle. Les électeurs-trices rejettent aussi les élites économiques qui sont d’accord avec les traités de libre-échange. À commencer par l’ALÉNA qui, depuis 1990, a permis le transfert d’un nombre important d’emplois du secteur manufacturier vers le Mexique. Mme Clinton a aussi voté en faveur des plus récents traités de ce genre. Ils et elles ont aussi rejeté les prévisions des élites médiatiques dont celles des champions des tendances comme M. Nate Silver de fivethirtyeight.com qui n’a cessé de prédire la victoire de Mme Clinton.
La victoire de M. Sanders surprend encore un peu plus, ayant fait campagne en dehors des grandes villes. Il a participé à des milliers d’événements dans des endroits où aucun-e candidat-e n’a jamais mis les pieds, comme Traverse City et Kalmazoo. Il a aussi attiré l’attention d’une partie de l’électorat dont Mme Clinton et son entourage devraient se préoccuper en priorité : les ouvriers-ères de race blanche, les indépendants-es et encore plus surprenant, les Afro-américains-es. Ces derniers ont soutenu M. Sanders en plus grand nombre que nulle part ailleurs, contrairement à l’appui que Mme Clinton a reçu de leur part dans les États du sud, dont sa victoire dans le Mississipi. Les Afro-américains-es des États du sud, ceux et celles qui, depuis bien longtemps, élisent le plus de réprésentants-es noirs-es, sont d’une toute autre culture que ceux et celles du Michigan industriel à qui M. Sanders s’adressait et qui sont en train de tomber au bas de l’échelle.
Ces différences de vue semblent se concentrer autour des traités commerciaux. S’adressant à la foule de Traverse City la semaine dernière, M. Sanders a déclaré : « Si les gens du Michigan veulent savoir qui s’est tenu aux côtés des travailleurs-euses, contre les compagnies américaines et contre les désastreux traités de libre échange, ce candidat est Bernie Sanders ».
Les sondages de sortie des bureaux de vote révélaient que presque 60 % des électeurs-trices démocrates étaient convaincus que ces traités menaient à des pertes d’emploi et les personnes qui avaient voté pour M. Sanders en représentaient 70%. L’inverse s’est aussi avéré : ces sondages ont démontré que ceux et celles qui avaient voté pour Mme Clinton soutenaient les traités commerciaux. M. Sanders a dépensé presque deux millions de dollars en publicités télévisées qui pointait cet élément. Les publicités de Mme Clinton étaient davantage tournées vers le racisme institutionnel et sur l’abandon dont souffrent les communautés noires à faible revenu. Elle a aussi insisté sur la contamination au plomb volontaire de l’eau de Flint.
Elle a gagné dans le comté de Genesee où se trouve Flint, y ayant obtenu la majorité des votes afro-américains des moins de 40 ans, selon Politico.com. Cela laissait entendre qu’elle avait un peu trop compté sur ce vote. Dans cet article, on souligne aussi que le taux de vote était faible dans la région de Détroit ; c’est sans doute un autre facteur qui a joué en faveur de M. Sanders. Les primaires du Michigan sont de type « ouvertes », ce qui signifie que les électeurs-trices peuvent voter dans l’un ou l’autre parti. Comme nous avons pu l’observer la semaine dernière en Virginie du nord, des Démocrates ont décidé de voter chez les Républicains-es pour tenter de contrer M. Trump. Nous pouvons aussi considérer ce fait comme un facteur qui a nuit à Mme Clinton.
Pour le dire en d’autres mots, des 1,1 million de Démocrates que compte le Michigan, M. Sanders a reçu l’appui de 19,000. Il semble que les passions et la dynamique aient plus joué en sa faveur qu’en celle de Mme Clinton. Les Démocrates ont senti l’effet Bernie par une faible marge !