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L'attaque de Ford contre les droits des travailleurs de l'éducation est une menace pour tous les travailleurs et les travailleuses

Dimanche, le Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario, qui représente 55 000 travailleurs de l’éducation en Ontario, a publié son avis de grève le 4 novembre. Quelques heures plus tard, Stephen Lecce, ministre de l’Éducation de l’Ontario, a annoncé que le gouvernement conservateur présenterait un projet de loi visant à supprimer de manière préventive le droit de grève des travailleurs de l’éducation.

 
Par
 31 octobre 2022 | tiré de sprintmagazine.ca
https://springmag.ca/fords-attack-on-education-workers-rights-is-a-threat-to-all-workers

 
La législation, la loi sur le maintien des élèves dans les écoles, présentée lundi après-midi, supprimerait non seulement le droit légal de grève des travailleurs de l’éducation, mais imposerait une convention collective de concession aux travailleurs de l’éducation. Le gouvernement Ford ne s’attaque pas seulement aux droits de négociation collective des travailleurs de l’éducation. Ils attaquent les droits de tous les travailleurs.
 
Le gouvernement se donne beaucoup de mal pour s’attaquer au droit démocratique fondamental de négociation collective libre et équitable.
 
Des offres qui sont des demandes de concession
 
L’OSBCU a été très transparent dans ses demandes de négociation, demandant une augmentation de 3,25 $ de l’heure pour ses travailleurs. Les négociateurs du gouvernement se sont retirés des négociations et ont fait une offre qu’ils ont jugée « très généreuse », qui comprenait l’équivalent d’une augmentation de 0,40 $ à 0,67 $, un financement insuffisant pour maintenir le régime d’avantages sociaux, une réduction massive des congés de maladie / invalidité de longue durée, pas de temps de préparation temps pour les enseignants et diminution du langage de la sécurité d’emploi.

Le contrat que Lecce tentera d’imposer aujourd’hui augmente le salaire horaire net d’un travailleur de l’éducation gagnant 43 000 dollars par an d’environ 17 cents de l’heure. Cet accord ne ferait qu’aggraver les problèmes actuels auxquels est confronté notre système d’éducation publique. Le manque de personnel et l’épuisement professionnel des travailleurs de l’éducation qui frappent déjà nos écoles ne feraient que se généraliser. Depuis 2018, les conservateurs de Ford ont réduit le financement des écoles de 800 $ par élève – les coupes ont totalisé 1,6 milliard de dollars en 2021-2022.
 
Les paiements directs en espèces aux parents, les soi-disant paiements de rattrapage, étaient une tentative grossière du gouvernement pour convaincre les parents lors des négociations. Il aurait dû y avoir de l’argent dans nos écoles publiques, et non en être retiré.

En fait, l’argent versé aux parents était présenté comme un moyen pour les parents de dépenser cet argent dans des services d’enseignement privés, ce que beaucoup ont souligné dans le cadre d’une stratégie Ford visant à privatiser lentement l’éducation en Ontario. Il n’était donc pas surprenant de voir le conseil scolaire du district de Halton envoyer un plan de grève aux parents qui comprenait le maintien des écoles ouvertes avec des services de nettoyage sous-traités.
 
L’attaque contre les travailleurs et travailleuses de l’éducation et le sous-financement de nos écoles publiques par ce gouvernement auront un impact négatif sur les élèves et les parents.
 
Légiférer pour imposer de mauvaises conditions de travail
 
En septembre 2012, le gouvernement libéral de l’Ontario a adopté une loi draconienne appelée la Loi donnant la priorité aux étudiants (aussi appelée projet de loi 115). Le projet de loi 115 a imposé une convention collective aux travailleuses et travailleurs en éducation de toute la province. La loi a gelé les salaires des travailleurs et travailleuses, éliminé les indemnités de maladie et les banques d’indemnités de maladie et supprimé le droit légal de s’engager dans une activité de grève totale.
 
Les enseignants et d’autres syndicats de l’éducation ont contesté le projet de loi 115 devant la Cour supérieure de justice de l’Ontario. Ils ont fait valoir que le projet de loi 115 interférait avec la négociation collective entre les syndicats et les commissions scolaires et, par conséquent, violait la Charte canadienne des droits et libertés.
 
En 2016, le juge Thomas R. Lederer de la Cour supérieure de justice de l’Ontario était d’accord avec les syndicats et a déterminé que le projet de loi 115 portait atteinte aux droits de négociation collective des syndicats contrairement à l’article 2(d) de la Charte des droits et libertés. Le gouvernement a été condamné à verser des dommages-intérêts de centaines de millions de dollars aux travailleurs concernés, mais ce recours ne compensera pas les salaires et les avantages perdus.
 
En 2019, le gouvernement Ford a présenté et adopté le projet de loi 124, une loi sur la suppression des salaires qui limite les augmentations de salaire à un maximum de 1 % de la rémunération totale pour chacune des trois années. Le projet de loi a eu des effets désastreux dans le secteur des soins de santé, où les travailleurs sont interdits de grève et ont été contraints d’accepter des contrats d’arbitres liés par le projet de loi.
 
Il y a un aspect de discrimination sexuelle dans le projet de loi qui a été utilisé contre les travailleurs de la santé et de l’éducation, tandis que les pompiers et les policiers à prédominance masculine en sont exemptés. L’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario et d’autres syndicats ont lancé une contestation fondée sur la Charte qui progresse lentement devant les tribunaux.
 
Le droit de grève et de la défense de ce dernier
 
Selon la Fondation canadienne pour les droits des travailleurs (FCLR), depuis 1982, les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada ont adopté plus de 200 lois qui ont limité, suspendu ou refusé les droits de négociation collective. Il s’agit d’une attaque majeure contre la démocratie et la liberté et exerce une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail dans toute la société.
 
Le gouvernement sait que sa législation est une violation flagrante de la Charte, il invoque donc la clause nonobstant pour contourner l’inconstitutionnalité de la législation.

Le gouvernement sait que son projet de loi constitue une violation flagrante de la Charte, alors il invoque la disposition dérogatoire pour contourner l’inconstitutionnalité de la loi. C’est la troisième fois que le gouvernement invoque la disposition dérogatoire.

Lorsque les patrons sont convaincus qu’ils peuvent obtenir une loi pour mettre fin aux grèves, il n’y a aucune pression pour qu’ils négocient équitablement avec leurs employé-e-s. La menace d’amendes et de sanctions pour le droit de retenir le travail signifie qu’il n’y a pas de force pour contrer l’offensive des employeurs. Lorsque le gouvernement peut imposer unilatéralement des contrats aux travailleurs et travailleuses du secteur public, il n’y a aucune incitation à négocier de bonne foi.
Cependant, il convient de répéter qu’il n’existe pas de grèves illégales, seulement des grèves infructueuses. La législation anti-grève peut être défiée, mais elle exige des travailleurs et travailleuses qu’ils agissent avec confiance et collectivement et qu’ils étendent la lutte au-delà de leurs propres membres.

Comment nous pouvons riposter

Après que le gouvernement Ford a présenté la Loi sur le maintien des élèves dans les écoles, le SCFP a annoncé que les travailleuses et travailleurs de l’éducation organiseraient un débrayage collectif vendredi au mépris de la loi. Il s’agit d’un geste audacieux de la part des travailleurs de l’éducation dans la lutte pour de meilleures conditions de travail. Les travailleurs risquent des amendes et des licenciements et les dirigeants syndicaux risquent la prison.

L’enjeu est de taille, et pas seulement pour les travailleurs de l’éducation. Cette grève porte sur les conditions de travail des travailleuses et travailleurs de l’éducation, mais aussi sur l’avenir de notre système d’éducation publique et le respect des droits démocratiques fondamentaux de négociation collective et de grève.

Pour que les travailleurs défient et gagnent, cela signifie provoquer une crise politique pour les conservateurs centrée sur le coût de la vie et l’avenir des écoles et des services publics de l’Ontario. Cela nécessitera une unité massive sur les lignes de piquetage et dans nos communautés.

Les événements évoluent rapidement. Si les travailleurs et les travailleuses de l’éducation veulent réussir leur combat, il faudra une riposte massive de tous les syndicats et membres de la communauté. Les groupes de parents devraient discuter des problèmes auxquels font face les élèves et de ce dont nous avons besoin pour rendre l’éducation publique décente pour tous les élèves. Cela signifie adopter des motions de soutien dans les sections locales syndicales, faire pression sur vos députés locaux, discuter des enjeux et de la façon de montrer votre soutien dans vos groupes de parents, et faire preuve de solidarité visible avec les travailleuses et travailleurs de l’éducation – peignant la province en violet.

Il y a quelques mesures clés déjà décrites que nous devrions construire. Le premier est le rassemblement d’urgence de la FTO pour la défense des droits des travailleurs le mardi 1er novembre à 17h. Le deuxième est le zap téléphonique d’urgence de Justice pour les travailleurs et les travailleurses de l’éducation le mercredi 2 novembre à 19h. Il y aura plus d’actions appelées et nous devrions saisir chaque occasion d’élargir la lutte.

Ce moment est clé pour l’ensemble du mouvement syndical. Quel que soit votre secteur d’activité, la lutte pour le droit des travailleurs et des travailleuses de l’éducation à négocier et à faire grève est essentielle pour mettre fin aux reculs de plusieurs décennies des salaires et des conditions de travail des travailleurs. Nous avons besoin du pouvoir des travailleurs et des travailleuses pour défendre et construire les services publics que nous voulons.

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