Édition du 23 avril 2024

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Environnement

L’oléoduc Énergie Est : pure folie bitumineuse

Selon un nouveau rapport publié par l’Institut Pembina — le projet d’Énergie Est de TransCanada entraînerait une « monstrueuse » augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada. L’étude démontre que la production de pétrole des sables bitumineux nécessaire pour alimenter Énergie Est pourrait générer annuellement jusqu’à 32 millions de tonnes (Mt) de GES ou l’équivalent d’ajouter 7 millions de véhicules sur les routes pendant 50 ans. En comparaison, ces émissions représentent près de 40% de la totalité des émissions de CO2 au Québec (environ à 80 Mt). Ce projet est de la folie pure et surtout un excellent moyen de faire frire la planète…

L’auteur est de Greenpeace Canada.

Un gigapipeline 



Vous pensiez qu’on avait atteint le fond du baril avec le projet d’inversion de la ligne9b d’Enbridge ? Et bien, détrompez-vous, car Enbridge cachait un autre pipeline encore plus gros… En effet, Énergie Est est LE plus gros projet de pipeline du Canada, un giga-pipeline qui transporterait 1,1 million de barils de pétrole par jour et serait 30% plus gros que le projet KeystoneXL. Énergie Est partirait de l’Alberta et traverserait le Canada et Québec (et d’innombrables rivières) et menacerait l’eau potable de millions de personnes. Tout ça pour permettre l’expansion de la production du pétrole sale issu des sables bitumineux et son exportation un peu partout sur la planète. Or, les sables bitumineux sont déjà la source de pollution au carbone enregistrant la plus forte croissance au Canada. 


Québec doit se réveiller 



Les chiffres sont sans équivoque et Québec ne peut que refuser de laisser passer cet oléoduc sur son territoire s’il est sérieux dans sa volonté de diminuer les émissions de GES. S’il refuse de rejeter immédiatement ce projet, le gouvernement du Québec devra au moins suivre l’exemple de l’Ontario en menant sa propre évaluation environnementale et en considérant l’impact climatique de ce projet. Québec ne peut se défiler comme il a tenté de le faire avec la ligne9 d’Enbridge et il doit rapidement annoncer ses couleurs. 


Office national de l’énergie et Harper = rien de rassurant 


TransCanada appliquera auprès de l’Office national de l’énergie (ONÉ) au premier semestre de cette année en vue d’obtenir les autorisations d’aller de l’avant avec son projet Énergie Est. En prévision de cette application, le rapport de Pembina émet deux recommandations que nous appuyons : 



1. l’ONÉ doit inclure dans l’examen l’ensemble des effets de l’oléoduc en amont (lire les impacts du développement des sables bitumineux et les émissions de GES liés à la production) et



2. le fédéral doit adopter une règlementation plus solide pour le secteur pétrolier et gazier, et cela dans le plus court délai (rappel : ce secteur n’est toujours pas règlementé pour ses émissions de GES !!!). 



Or, le gouvernement Harper et l’Office étant ce qu’ils sont, je doute qu’ils ne remettent en question la production des sables bitumineux…

Les enjeux sont trop importants, ce projet est trop gros, la crise climatique est trop grave. TransCanada n’a qu’à attacher son pipeline avec de la broche parce que le Québec ne se fera pas passer un pipeline ainsi. Énergie Est est la ligne à ne pas franchir.

Patrick Bonin

Blogueur pour Greenpeace Canada. Il est aussi responsable de la campagne énergie-climat pour l’organisme.

http://www.greenpeace.org/canada/fr/

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