Édition du 16 avril 2024

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Féminisme

La Coalition féministe contre la violence envers les femmes rencontre l’ONU

Le 17 avril, la Coalition féministe contre la violence envers les femmes (CFVF) rencontre la Rapporteure spéciale de l’ONU sur la violence contre les femmes. Alors que les taux de dénonciation diminuent (de 30 à 22% en violence conjugale et de 10 à 5% en agressions sexuelles), que les agressions sexuelles et les séquestrations augmentent, que les conditions de vie des femmes se détériorent, et que les groupes qui œuvrent au plus près des femmes luttent pour leur survie faute de financement, l’état des lieux est inquiétant.

« Nous pensions naïvement que le gouvernement avait pris la mesure, avec #Moiaussi et #Etmaintenant, du nombre de femmes violentées au Québec », s’indigne Stéphanie Tremblay du Regroupement québécois des Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS). « Pourtant, les sommes accordées à la lutte contre la violence dans le budget 2018-2019 sont négligeables », ajoute Manon Monastesse de la Fédération des maisons d’hébergement pur femmes (FMHF).

« Rappelons que l’article 4 de la Déclaration sur l’élimination de la violence envers les femmes appelle les États à « (…) mettre en œuvre sans retard, par tous les moyens appropriés », une politique visant à éliminer la violence à l’égard des femmes », mentionne Louise Riendeau du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC).

« Femmes en situation de handicap, femmes sourdes, femmes immigrantes et racisées, femmes de la diversité sexuelle, femmes ainées, femmes Autochtones, femmes en situation d’itinérance, femmes devant composer avec une problématique de santé mentale : toutes les femmes risquent d’être violentées », d’affirmer Julie Antoine, directrice générale du RLQ-Femmes de la diversité sexuelle. « Pour certaines, échapper à la violence est une véritable course à obstacles », fait remarquer Nathalie Desbois, de la Maison des femmes Sourdes de Montréal.

« Il va s’en dire que, malgré le fait qu’il ait longtemps été à l’avant-garde de plusieurs pays en matière d’action gouvernementale contre la violence envers les femmes, le Québec n’est plus à la hauteur de ses engagements », ajoute Odile Boisclair de L’R des centres de femmes. « Cette rencontre permettra donc de mettre en lumière plusieurs dysfonctionnements québécois en matière de lutte contre la violence envers les femmes », d’affirmer Chloé Deraiche de l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale.

« Nous évoquerons notamment l’accès et le traitement des femmes dans le système de justice », mentionne Yasmina Chouakri de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI). « Il est essentiel que les femmes victimes obtiennent une réelle écoute du système judiciaire, qui puisse arrimer de manière efficace les différentes procédures pour mettre un terme à la violence institutionnelle que subissent les femmes », continue Vivian Michel, de Femmes autochtones du Québec (FAQ).

« Nous insisterons sur l’égalité de fait pour toutes les femmes », ajoute Selma Kouidri du RAFH-DAWN.

La Coalition évoquera également le refus du Québec d’appliquer l’analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+) lors de la production des politiques publiques et l’absence de consensus autour d’une définition claire de la violence conjugale, reconnaissant que les femmes sont les principales victimes, notamment au sein du réseau de la santé et des services sociaux.

La Coalition pointera l’absence de transparence, de collaboration et de reconnaissance de l’expertise des groupes de femmes qui empêchent un dialogue réel avec la société civile, notamment dans le cadre des consultations menées par l’appareil gouvernemental. Elle fera finalement état du manque de financement accordé aux groupes qui sont en première ligne dans le soutien aux victimes des multiples formes de la violence envers les femmes.

« En cette période préélectorale, nous espérons que cette rencontre fera réfléchir les partis à leurs engagements », conclut Jennie Laure Sully de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES).

La Coalition féministe contre la violence envers les femmes regroupe plusieurs groupes et regroupements œuvrant contre la violence envers les femmes dont les membres sont présents dans toutes les régions du Québec et soutiennent plusieurs dizaines de milliers de femmes annuellement.

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