Édition du 16 avril 2024

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Monde du travail et syndicalisme

La junte birmane réprime les syndicats et viole les droits des travailleurs

Les organisations de défense des droits des travailleurs au Myanmar ont déclaré que le régime militaire a violé à plusieurs reprises les droits des travailleurs, notamment la liberté d’association syndicale, depuis le coup d’État de l’année dernière. Daw Moe Sandar Myint, présidente de la Federation of General Workers Myanmar (FGWM), qui travaille désormais dans une région du pays qui n’est pas sous le contrôle de la junte, a déclaré que la liberté d’association des travailleurs syndiqués a cessé depuis la prise de pouvoir par les militaires.

Tiré de Entre lesl ignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/09/23/la-junte-birmane-reprime-les-syndicats-et-viole-les-droits-des-travailleurs/

« Les véritables syndicats, qu’ils soient régionaux ou nationaux, ne sont plus en mesure de s’organiser », a-t-elle déclaré.
Les syndicats dans les usines ne sont pas en mesure de remplir les fonctions syndicales de base telles que la protection des droits des travailleurs, car les propriétaires des usines collaborent avec le ministère du Travail contrôlé par le régime et menacent les responsables syndicaux et les travailleurs pour les empêcher de participer aux activités syndicales ou de revendiquer leurs droits.

«  À certaines occasions, ils [les propriétaires d’usines et les responsables du régime] ont même donné des informations personnelles sur les dirigeants syndicaux aux forces de sécurité, afin qu’ils puissent être interrogés ou détenus », a noté Daw Moe Sandar Myint.

Fin août, l’Organisation internationale du travail (OIT) a publié un bref rapport sur le Myanmar soulignant que la junte a déclaré que 16 syndicats et organisations de la société civile (OSC) non enregistrés opéraient en tant qu’« organisations illégales » et qu’ils ne pouvaient désormais plus fonctionner sans craindre d’être arrêtés.

Les forces du régime ont perquisitionné les bureaux des syndicats, harcelé et menacé les syndicalistes et leurs familles, et placé les dirigeants syndicaux en détention ou sur une liste de personnes recherchées en représailles de leur participation à des grèves et à des manifestations pacifiques exigeant le rétablissement de la démocratie et du régime civil, a déclaré l’OIT.

Les OSC et les syndicats qui ne figurent pas officiellement sur la liste noire de la junte sont également soumis au même traitement. L’un des principaux outils utilisés pour réprimer les syndicats a été l’émission de mandats d’arrêt à l’encontre de dirigeants d’OSC et de syndicats non enregistrés, en vertu de la section 505(a) du Code pénal.

Le 2 septembre, le ministère du Travail de la junte a publié une courte réfutation du rapport de l’OIT, déclarant qu’il «  s’oppose fermement aux fausses déclarations de l’OIT ».

Daw Myo Myo Aye, responsable du Solidarity Trade Union of Myanmar (STUM), a confirmé qu’ils avaient entendu dire que le STUM était l’une des 16 organisations que le régime considère désormais comme des associations illégales. «  Ils ont également averti verbalement les travailleurs qu’ils auront des problèmes s’ils nous contactent  », a-t-elle ajouté.

La dirigeante de la STUM a été détenue pendant six mois après le coup d’État, avec de nombreux autres militants syndicaux. Elle a déclaré qu’il existe désormais des « syndicats jaunes », ou faux syndicats, qui ont été organisés par les propriétaires et la direction des usines afin de pouvoir convaincre les entreprises et les acheteurs de produits que les droits du travail de leurs employés sont respectés.

La STUM et d’autres organisations telles que Action Labour Rights, le comité de coordination des syndicats, la All Burma Federation of Trade Unions et le Future Light Center continuent de fonctionner, mais ne peuvent mener qu’une petite partie de leurs activités normales. Les onze autres organisations désignées par la junte comme des « organisations illégales » ont fui vers des régions du pays échappant au contrôle du régime. Les travailleurs avec lesquels The Irrawaddy s’est entretenu ont déclaré que lorsque leurs droits sont violés dans les usines, ils sont impuissants car ils risquent d’être arrêtés pour avoir contacté des syndicats. Le mécanisme de règlement des litiges a également cessé depuis la prise de pouvoir par les militaires. Pour l’instant, tout ce que les syndicats et les OSC peuvent faire, c’est donner des conseils informels aux travailleurs.

La présidente de la FGWM, Daw Moe Sandar Myint, a déclaré qu’étant donné que les syndicats ne peuvent désormais travailler qu’à distance, ils écoutent les cas soulevés par les travailleurs et leur donnent ensuite des conseils sur la manière de discuter et de négocier leurs droits avec la direction et les propriétaires des usines. Mais, selon elle, il s’agit d’une situation insatisfaisante qui ne permet pas aux syndicats d’aider les travailleurs de manière efficace.
« Tant que la dictature militaire reste au pouvoir, il n’est pas possible pour les syndicats de survivre  », a-t-elle déclaré.

L’OIT, dans son rapport sur le Myanmar, a appelé à un soutien international pour contrer cette menace existentielle pour l’espace civique et la liberté d’association dans le pays. L’OIT ajoute qu’il est temps que la communauté internationale manifeste sa solidarité avec les organisations qui poursuivent la lutte pour faire respecter les droits des travailleurs au Myanmar.

9 septembre 2022
Hein Htoo Zan
Publié par The Irrawaddy
Traduction Patrick Le Tréhondat
https://laboursolidarity.org/fr/n/2314/la-junte-birmane-reprime-les-syndicats-et-viole-les-droits-des-travailleurs

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