Édition du 10 décembre 2024

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États-Unis

La lutte pour l’augmentation du salaire minimum aux États-Unis - 15$ maintenant !

Tiré du journal Unité du Conseil Central du Montréal Métropolitain - CSN - septembre 2015

La lutte pour l’augmentation du salaire minimum qui agite les États-Unis est, avec Black Lives Matter, le plus grand soulèvement des milieux populaires depuis le mouvement des droits civiques dans les années 1960. Seattle a été la première ville à augmenter le salaire à 15 $ l’heure, en juin 2014, suivie par San Francisco, en novembre de la même année. En 2015, ce fut Los Angeles et l’État de New York. Cela ne s’arrête pas là, St. Louis et Philadelphie risquent d’adopter cette mesure dans la prochaine année. L’idée a traversé la frontière et les syndicats de la Colombie- Britannique et de l’Ontario ont déjà lancé leur campagne. Le NPD albertain s’est fait élire en misant sur cet enjeu. Il est impossible d’énumérer ici l’ensemble des luttes en cours, mais chose certaine, cela ne s’est pas fait spontanément. Ce mouvement a été patiemment construit depuis près de quatre ans.

C’est le Service Employees International Union qui lance le mouvement 15 Now and a Union en 2012. Très rapidement, d’autres syndicats et mouvements sociaux y adhèrent. Le 27 novembre 2012, les employé-es de plus d’une centaine de commerces de restaura - tion rapide débraient à New York. Le 29 août 2013, une journée d’action est organisée dans 60 villes américaines. Le 4 septembre 2014, c’est plus de 150 villes qui participent au mouvement. Les manifestations seront ponctuées de plusieurs actions de désobéissance civile et d’arrestations. Le 15 avril 2015, des actions se déroulent dans plus de 200 villes et seront qualifiées par le jour - nal britannique The Guardian , de « plus grandes mobilisations des bas salariés dans l’histoire américaine ». Le 2 mai 2015, des centaines de personnes bloquent le quartier général de McDonald’s.

Seattle élit une socialiste

Parallèlement, l’organisation Socialist Alternative (SA) porte cette revendication dans l’arène politique et présente la candidate Kshama Sawant aux municipales de Seattle. Elle fera campagne avec le slogan Faire de Seattle une ville abordable et trois revendications : 15 $ maintenant, pour une politique de contrôle des loyers et pour une taxe sur les super-riches afin de financer le transport en commun et l’éducation. Elle est élue en novembre 2013 avec 50 % des voix. Avant cette élection, SA avait construit un mouvement pour le 15 $. Tous les quartiers de Seattle avaient leur comité d’action. Ce mouvement populaire est devenu la colonne vertébrale pour les élections municipales. En juin 2014, l’augmentation à 15 $ a été votée à Seattle. La victoire de Kshama Sawant et l’adoption, quelques mois plus tard, de la hausse du salaire minimum a eu l’effet d’un coup de tonnerre partout aux États-Unis et a donné un second souffle au mouvement.

Inspirant pour le Québec ?

Aucune ville n’a augmenté le salaire minimum du jour au lendemain. Elles y vont par étape avec des hausses déterminées chaque année. Par exemple à Seattle, les employe-és d’entreprises de Lutte pour l’augmentation du salaire minimum aux États-Unis 15 $ maintenant ! Une lutte de longue haleine de 500 personnes auront 15 $ dès 2017. Le salaire minimum sera de 18,13 $ pour tous en 2025. Alors qu’à Chicago, le salaire minimum va passer de 8,25 $ à 13 $ en 2019.

L’une des leçons que nous offre le mouvement pour l’augmentation du salaire minimum aux États- Unis est de ne pas se limiter à 15 $. Si nous voulons faire la même chose ici, le 15 $ doit être un objectif à court terme, et non une fin en soi. S’attacher à un chiffre donne la possibilité au patronat de l’accorder dans cinq ans, de présenter cela comme une victoire et ainsi de couper les ailes au mouvement.

Proposer l’augmentation du salaire minimum à 15 $ l’heure maintenant, dans une perspective d’indexation des salaires au coût de la vie, pourrait nous permettre d’aller chercher des gains substantiels dans certains secteurs à court terme. Et cela, tout en tuant dans l’œuf les tentatives du patronat d’étaler abusivement dans le temps les augmentations salariales.

Il s’agit de gains indéniables pour des millions de travailleuses et de travailleurs américains qui verront un bond appréciable de leur pouvoir d’achat ces prochaines années. En ramenant la question du coût de la vie au-devant de la scène, la gauche américaine a réussi à mettre la question des inégalités sociales au centre du débat politique et à forcer la classe dominante à être sur la défensive. Cela a également démontré qu’en s’organisant sérieusement, sur la base d’objectifs clairs, tout est possible.

Bruno-Pierre Guillette
SECHUM
et membre d’alternative socialiste

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