Édition du 30 avril 2024

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États-Unis

La pression à l’escalade ; le monde fantasmagorique de Washington

Tom Englehardt, TomDispatch.com, 4 novembre 2014

Engelhard est co-fondateur du American Empire Project. Il est l’auteur de United States of Fear et d’une histoire de la guerre froide, The End of Victory Culture. Il dirige le National Institute’s TomDispatch.com. Il vient de publier, Shadow Government :Surveillance, Secret Wars and a Global Security State in a Single-Superpower World chez Haymarket Books.

Traduction : Alexandra Cyr

On aurait pu penser qu’il n’y avait que deux enjeux valables au cours de la campagne électorale de mi-mandat de cette année. Non, je ne parle pas de « Obamacare » ni des inégalités socio-économiques, ni de l’état désastreux des infrastructures ou de la politique énergétique. Je parle de deux enjeux qui menacent vraiment [1] le bien-être des habitants du Kansas, du Colorado, de l’Iowa, du New-Hampshire et de la Caroline du nord. Dans ces États et dans d’autres, ces deux enjeux ont fait l’objet de chauds débats entre les candidats-es au Sénat et à la Chambre des représentants-es ; ils ont pris toute la place.

Vous voyez de quoi je parle ? Ces deux enjeux qui sont sur les lèvres de tous les politiciens-ennes partout dans le pays, qui sont à la une de tous les canaux d’information continue et qui occupent l’espace des médias sociaux : le Groupe armé état islamique et le virus Ébola. Il faut les voir comme les deux chevaliers de l’apocalypse américaine.

Il faut aussi considérer cette ennuyeuse campagne comme une escalade dans les élections. Les élus-es républicains-nes vont arriver à Washington gonflés-es parce qu’ils et elles auront battu les tambours de la guerre et de la maladie vigoureusement. Ce n’est pas près de s’arrêter. En 2015, le discours sur la nécessité de protéger les Américains-es de tout ce qui pourrait représenter le moindre danger va s’amplifier. Le premier élément invoqué étant un président pusillanime (il a été qualifié ainsi par bien des candidats-es républicains-es tout au long de la campagne). On va exiger de lui qu’il se mette au travail, revienne au statut quo ante, écrase le groupe armé état islamique, ce régime islamiste extrême qui contrôle une petite production de pétrole dans un Proche-Orient de plus en plus fragmenté et chaotique.
Vous connaissez déjà la chanson : plus d’avions, plus de drones, plus de bombes, plus d’opérations par les forces spéciales, plus de conseillers, et plus de soldats sur le terrain. Cette recette est essayée et testée depuis treize ans. On peut facilement en prédire des résultats désastreux qui ne feront que créer encore plus d’hystérie dans le futur. Et on peut compter sur cette pression à l’escalade pour intervenir dans la prochaine campagne présidentielle ; ce sera un facteur important dans les pseudos débats à Washington tout au long des dernières années de l’administration Obama.

​Une maladie terrifiante

N’allez pas penser qu’il n’y aura qu’au Congrès que la pression à l’escalade va se manifester et augmenter. Elle viendra du groupe armé état islamique et de l’Ébola. Commençons par l’Ébola. À titre de maladie elle n’a aucune volonté, aucun esprit. Elle ne peut, d’aucune manière faire sa propre publicité y compris sur les dangers qu’elle représente. Mais, même si personne n’est sur de rien, elle peut bien se développer encore plus au moins dans les pauvres pays africains où elle est installée. Si les prévisions s’avéraient justes, si la réponse internationale était trop limitée pour l’arrêter et que des dizaines de milliers de nouveaux cas se déclaraient, il y a peu de doutes qu’elle se répandrait ailleurs en Afrique. Et comme nous l’avons expérimenté, elle continuerait à arriver ici. Et il se pourrait qu’un-e malade ne soit pas détecté-e à temps et qu’elle se répande ici aussi. Les risques qu’une véritable épidémie se développe dans notre pays sont quasi nuls. Mais l’Ébola va encore faire les manchettes dans les mois à venir. Dans cet ère post onze septembre aux États-Unis, cela provoquera des crises de panique et d’hystérie entrainant des décisions draconiennes prise ici et là par des gouverneurs si soucieux de la réaction des médias et de leur avenir électoral. Nous allons devenir une population menacée pour un bon bout de temps.

Selon ce schéma, le virus Ébola pourrait constituer un facteur d’escalade politique dans le pays. D’une certaine façon il représente la version africaine du groupe armé état islamique. Déjà, la réponse américaine à la pandémie au Libéria est hautement militaire et la quarantaine qu’on a imposée à une infirmière (revenant de la zone infestée) comme si elle était suspectée de terrorisme, illustre ce que Karen Greenberg a prédit : la réponse américaine adopte le modèle de la « guerre au terrorisme ».

Il ne faut pas oublier non plus que ce pays vit déjà dans une atmosphère de danger depuis quelques années. Cela nous vaut le développement du système de sécurité nationale le plus important et le plus cher qui soit, la surveillance globale jamais autant organisée pour nous protéger d’un seul danger, le terrorisme ce qui, en dépit de l’attaque du onze septembre 2009 est le danger le plus bas dans l’échelle de tous les dangers dans notre vie actuelle. Comme pays, nous avons tellement investit dans la protection contre le terrorisme que le moindre petit point qui s’allume sur l’écran de la terreur crée un état de panique immédiat. Conséquence : nous injectons encore un peu plus d’argent dans les coffres de la sécurité nationale et dans le complexe militaro-industriel, de renseignement et de sécurité intérieure.

Et voilà que s’ajoute à ce bouillon, une maladie terrifiante, mais du genre, comme bien des organisations terrifiantes provenant du grand Proche-Orient et d’Afrique, de danger bien plus grave sur son propre territoire, que sur le nôtre.

Les tours terrifiants du groupe armé état islamique

Le premier nœud terrifiant en ce moment est bien le groupe armé état islamique. Il s’est déclaré le « califat » dans une partie de l’Irak et de la Syrie. Il semble avoir saisi la nature de l’état mental américain bien mieux que nous ne le faisons nous-mêmes. Qu’elle que soit l’ampleur des douleurs que nous causions, et nos bombardements en causent, nous sommes son atout dans son jeu vers les sommets. La guerre que nous lui menons, lui confirme son importance dans le monde du djihadïsme. Non seulement l’avons-nous aidé à naître avec l’invasion de l’Irak et les autres événements qui ont suivi, mais nous lui donnons la crédibilité nécessaire pour poursuivre son action. Washington et l’état islamique sont maintenant intimement liés et la pression pour l’escalade des moyens ne fera que monter. Autrement dit, Washington va se laisser chauffer consciemment par le groupe armé état islamique.
Malgré qu’il soit sanguinaire et barbare, c’est une organisation remarquablement pleine de ressources avec un sens aigu de la manière d’utiliser ses capacités de propagande spécialement sur internet pour s’attirer des recrues, accroitre ses appuis dans les cercles qui lui importent et de pousser les services de sécurité américains sur la brèche. Elle va agir et réagir de telle sorte que l’administration Obama ne pourra faire autrement que de revenir aux pratiques antérieures dans sa guerre contre elle.

Comme il l’a fait jusqu’à maintenant il peut continuer à publier des vidéos et autres créations toutes aussi terrifiantes les une que les autres sur les médias sociaux qui entretiendront l’effet d’escalade. Il sait aussi qu’avec des présentations bien conçues il peut alerter ces soit disant « loups solitaires », ces « dérangés-es » de notre monde et les pousser à agir en son nom. Au cours des récentes semaines, nous avons assisté à trois incidents de ce genre : un à New-York et deux au Canada. Trois individus ont probablement, au moins en partie, répondu à l’appel à l’action du groupe armé état islamique. Bien sûr nous n’en seront jamais certains-es ; ils peuvent avoir agit de leur propre chef avec des motivations personnelles. Mais ces actes déclenchent une sur médiatisation et une hystérie qui peuvent bien semer les premières graines de notre enfermement.

Nous savons que les dommages que peuvent causer de tels individus sont au mieux minimes ; rien de pire que ceux occasionnés par un étudiant qui s’amène dans une cafétéria bondée de son école avec un pistolet pointé. Étrangement, alors que les tueries de masses augmentent dans notre pays, font les manchettes, ils ne font rien pour introduire des changements dans notre monde. Mais quand il s’agit des « loups solitaires » du terrorisme, pourtant bien moins nombreux, les élus-es s’excitent, en font tout un tollé et les services de sécurité nationale se mobilisent.

Il y a aussi ce que les militants-es du groupe armé état islamique peuvent faire en Syrie et en Irak pour ajouter à la pression sur Washington. Malgré les bombardements américains pour défendre la ville de Kobané à la frontière de la Turquie jusqu’aux faubourgs de Bagdad, le groupe armé a généralement tenu ses positions ou continué à étendre son emprise tout au cours des deux derniers mois. Ses membres sont aux portes de l’aéroport international de Bagdad par où transite la majorité des marchandises américaines pour la région. Récemment ils ont même bombardé le cœur de la « zone verte » en plein Bagdad, où se trouvent l’immense complexe de l’ambassade américaine, et fait des victimes.

Les opérations conduites avec des voitures piégées et par des kamikazes sont en augmentation dans les quartiers chiites de la capitale. Imaginons maintenant le possible pas en avant de l’assaut sur l’aéroport, un point essentiel de la ligne de vie américaine dans le pays. Ou encore, des infiltrations même d’un petit nombre de combattants-es dans les faubourgs de la capitale et le début d’une bataille dans les rues de la ville. On peut imaginer toute une série d’événements qui contribueraient à élever la température et le niveau de la peur à Washington. Cela déclencherait le recours à des réponses liées à la sécurité qui ne sont pas encore à l’ordre du jour en ce moment.

On peut aussi imaginer d’autres scénarios, comme celui que suggérait récemment un porte-parole du Département d’État : bombarder les oléoducs par lesquels transite le pétrole des zones sous le contrôle du groupe armé pour s’en emparer et/ou les détruire et ainsi le priver d’une source importante de revenus. Il assurait qu’une telle opération était faisable et même qu’elle était étudiée par l’armée américaine. Mais le spécialiste en énergies, Michael Klare met en garde : « cela donnerait à n’importe quel groupe anti-américain dans le monde des raisons supplémentaires pour procéder au bombardement de nos propres installations et de celles de nos alliés. Le résultat pourrait se traduire en un chaos économique magistral ». Et on peut penser que dans de telles circonstances le groupe armé état islamique ferait appel à ses « loups solitaires » et aux autres groupes islamiques du grand Proche-Orient pour qu’ils s’en mêlent.

Ce ne sont là que des exemples des moyens divers que le groupe armé peut utiliser à sa guise pour faire monter la pression (dans notre administration).

Les pressions militaires sur le commandant en chef

En plus de la pression venant du groupe armé état islamique et du virus Ébola, il faut compter sur celle du Pentagone. Un reportage du journaliste Mark Perry sur Politico, nous apprends que la pression interne sur le Président, est venue du Général Martin Dempsey, le très respecté et de grande réputation président du commandement des forces armées. M. Perry raconte que le 6 août dernier, le Général Dempsey a rejoint M. Obama dans sa limousine et selon une source anonyme de haut niveau au Pentagone, il l’aurait lourdement entretenu de la crise au Proche Orient en insistant sur la nécessité de s’en occuper immédiatement. Cela a été suivi d’une série de rencontres à la Maison blanche et d’une intervention télévisée du Président où il annonçait les premiers bombardements limités contre les combattants-es du groupe armé état islamique. Un mois plus tard il annonçait la guerre contre ce groupe avec une campagne de bombardements et d’autres mesures.

Peu de temps après, une autre manifestation de la pression militaire sur la Maison blanche survenait. Depuis le début de son mandat, le Président a répété et insisté qu’une option ne serait jamais considérée : celle de la présence de soldats combattant sur le sol irakien. Cet élément est ce qui reste de sa promesse de nous sortir de la guerre en Irak pour toujours. À l’époque cela représentait une perspective ultra solide alors que tout le reste fluctuait constamment.

On peut dire que rarement dans l’histoire américaine des rapports entre les pouvoirs civils et militaires, on a vu ces derniers refuser les décisions du premier. En fit, le général Dempsey avec d’autres militaires du Pentagone n’ont jamais accepté la fin la guerre américaine en Irak. Peu importe sur quelles bases s’appuyait le Commandant en chef, il est clair qu’il voyait l’avenir bien différemment et il l’a exprimé haut et fort. Le 16 septembre dernier, dans son témoignage au comité sénatorial sur les forces armées, le général Dempsey a dépassé les limites établies par le Président lorsqu’il y a déclaré :« Si j’arrive au point où je pense que nos conseillers devraient accompagner les troupes irakiennes au combat contre des cibles spécifiques du groupe armé état islamique, je vais le recommander au Président ».
Le Président lui a répondu le lendemain dans son discours à la base de l’aviation MacDill en Floride ; il a répété, encore une fois : « Je veux être bien clair, les troupes américaines qui sont déployées en Irak n’ont pas et n’auront pas de mission de combat ». À la Maison blanche et au Pentagone on s’égosillait pour assurer qu’il ne s’agissait que d’une différence sémantique et que d’aucune façon, le commandant des forces armées n’avait voulu contredire la politique présidentielle.

Peine perdue : peu après, le Secrétaire à la défense, M. C. Hagel, en a rajouté : « N’importe qui, qui est dans une zone de guerre, qui a jamais connu une zone de guerre, sait, et vous le savez, si vous êtes dans une zone de guerre vous êtes au combat ». Environ un mois plus tard, le général Dempsey revenait encore sur le sujet. En parlant de la future campagne de l’armée irakienne contre le groupe armé état islamique à Mossoul, la deuxième plus grande ville du pays tenue par le groupe depuis que l’armée irakienne l’ait abandonnée. Il a métaphoriquement indiqué que tôt ou tard, les conseillers militaires américains seraient en tête des attaques de l’armée irakienne. « Mossoul sera le théâtre d’une bataille terrestre décisive », a-t-il dit. Et à l’émission « This Week » sur ABC, il a déclaré : « Mon instinct me dit, à cette étape, que nous aurons à utiliser des moyens différents pour conseiller et assister (l’armée irakienne) à cause de la complexité de la bataille ». Récemment encore, il a insisté sur l’urgence d’envoyer des conseillers américains dans la zone de guerre de la province d’Ambar. [2]

Entre temps, l’ancien Secrétaire à la défense, M. Roberts Gates déclarait :« Il y aura des soldats au sol si nous voulons le moindrement que notre stratégie réussisse. Et je pense qu’à force de répéter que cela ne se fera pas, le Président se coince lui-même ». Et une kyrielle de sources anonymes soutiennent ce discours. Si un tel défi affiché contre la politique présidentielle est plutôt étonnant, le ton d’urgence qui est attaché l’est un peu moins.
Il ne faut pas s’étonner qu’un groupe de militaires frustré-es n’ait aucune difficulté à saisir ce qui est évident : la guerre aérienne menée par les États-Unis avec une coalition d’allies régionaux qui y participent sans enthousiasme, avec des combattant-es syriens-es modérés-es qui n’arrivent pas à se faire financer et un gouvernement irakien sectaire dont l’armée a refusé de se battre, n’est surement pas la formule parfaite pour gagner cette guerre au Proche-Orient. Parmi les alliés régionaux, certains ont aidé le groupe armé état islamique dans le passé et d’autres groupes extrémistes se réclamant d’Al Quaïda. À peine étaient-ils engagés qu’ils réclamaient plus d’implication de la part des États-Unis. Que le Président s’arrange avec sa politique.

Remarquez, que cette tendance à contredire les positions présidentielles ne se cantonne pas à la lutte contre le groupe armé état islamique. Quand le virus Ébola est apparu, le Général Dempsey, le Secrétaire à la défense C. Hagel le chef de l’armée le Général Ray Odierno ont repris ce discours sans mâcher leurs mots.

Fin octobre, le Président a fermement demandé aux gouverneurs des États de ne pas imposer de quarantaine aux Américains-es revenant de l’Afrique de l’ouest et d’appliquer à la lettre les directives du Centre de contrôle des maladies et de la prévention. Presqu’immédiatement, le général Odierno a publié une directive qui impose une quarantaine de 21 jours à tous les soldats-es revenant de cette région et cela inclut même ceux et celles qui n’ont eu aucun contact avec les malades. Peu après, le général Dempsey recommandait au Secrétaire à la défense que : « tous les membres des forces armées qui avaient travaillé dans les pays africains affectés par le virus soient soumis à une quarantaine de 21 jours à leur retour aux États-Unis ». Le Secrétaire Hagel a immédiatement imposé une telle quarantaine aux soldats-es revenant de la zone où le virus sévit le plus.

Le Président a du expliquer, platement et de façon plus ou moins claire, les divergences entre lui et le Pentagone quand à sa politique. Comme le rapportait le New York Times, « Dans ses remarques, le Président a défendu les directives du Centre de contrôle des maladies et de la prévention pour les civils-es. Cela protège les Américains-es chez-eux et chez-elles sans affecter indument la santé des travailleurs-euses de la santé en Afrique. Il a expliqué que la situation des militaires était différente en partie parce qu’ils et elles ne vont pas en Afrique volontairement. Nous ne nous attendons pas à ce que les même règles leurs soient appliquées. Et par définition, leur travail se fait selon une organisation bien circonscrite, a-t-il ajouté ».

Un président à la dérive dans la tempête

Au cœur de cette tempête, la Maison blanche et le Président semblent bien conscients que le pouvoir militaire américain, au cours de ces 13 dernières années n’a pas réussi à atteindre ses objectifs dans le grand Proche-Orient. Mais il semble aussi que cela compte pour bien peu.

Nous avons déjà connu un tel scénario durant la période de la guerre au Vietnam. Nous savons qu’une fois engagés dans l’escalade, ceux et celles qui détiennent le pouvoir, y compris les présidents, ont souvent de la difficulté à imaginer une autre direction que celle vers le haut peu importe ce qu’ils et elles pensent des autres orientations en leur pouvoir. Le manque de confiance et un esprit d’incapacité semble s’installer qui pousse à toujours engager plus de ressources et de vies américaines dans la situation.

Sous la pression du puissant service de sécurité national et des diverses nouvelles organisations qui lui sont liées et qui ont pris des proportions gigantesques, avec le battage pour la guerre qui règne à Washington et qui semble être devenu un réflexe, les faucons républicains-es pourront faire la loi. En plus quand, dans une société où les médias dominants se concentrent sur n’importe quoi qui puisse leur garder un auditoire pour quelques secondes (Internet et les réseaux sociaux comme amplificateur) il parait qu’il soit remarquablement facile de créer une atmosphère d’hystérie et l’escalade qui suit tout naturellement. Jamais encore les Américains-es n’ont fait face à une telle intensité de forces exercées par une telle combinaison d’intérêts.

La Maison blanche de M. Obama, de plus en plus impérialiste en théorie a visiblement faillit en pratique. Pire encore, le Président, clairement à la dérive face à ce qu’il doit faire dans le monde, parait de moins en moins fiable. Prenez par exemple son allié dans la guerre contre le groupe armé état islamique, le Premier ministre irakien Haider-al-Abadi. On l’a qualifié d’unificateur des chiites contrairement à son prédécesseur notoirement sectaire, M. Nouri-al-Maliki. Sur le terrain, les faits disent tout autre chose. On sait maintenant que dans l’écroulement de l’armée irakienne dans le nord du pays, les seules forces qui ont été capables de défendre la capitale et les régions chiites du sud, sont celles des très sectaires milices chiites. De récents rapports nous apprennent que dans les territoires qu’elles ont conquis, ses membres se sont comportés tout aussi brutalement que leurs ennemis. Ils ont brulé les villages capturés, kidnappé et tué les Sunnites dans une répétition des pires meurtres sectaires perpétrés durant l’occupation américaine. Pendant ce temps, M. al-Abadi a nommé au poste stratégique de ministre de l’intérieur, M. Mohammed Ghabban qui est lié à l’Organisation Badr, une des pires milices chiites connue comme une escouade de la mort.
Pourtant, tous et toutes sont d’accord pour dire que l’élément clé pour penser défaire le groupe armé état islamique repose sur un gouvernement irakien « d’unité » qui pourra commencer à rallier la population sunnite aliénée et opprimée dans le nord du pays. Mais cela n’est pas du tout considéré. Pour réagir à cet état de fait sur le terrain, Washington n’a qu’une option possible : l’escalade.

Voilà la nature du monde qui fait pression sur la Maison blanche et si l’échelle qui mène en enfer n’a rien de métaphorique. L’escalade est maintenant un élément structurel intégré dans la guerre au Proche-Orient et dans la crise du virus Ébola au pays. Elle a ses puissants porteurs. Elle est alimentée par un flot d’hystérie et de panique qui passe pour « des nouvelles » et qui est multipliée par les médias sociaux. Finalement, il s’avère que l’escalade est dans l’intérêt de tous ceux et celles qui comptent, sauf nous.


[1Souligné par l’auteur.

[2Cette semaine le président a annoncé l’envoi de 1,500 conseillers militaires de plus en Irak. N.d.t.

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