Édition du 16 avril 2024

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Le PQ a moins que jamais le monopole de la lutte pour la souveraineté

Mercredi 5 novembre 2008

Les 25 et 26 octobre dernier, la conférence nationale des présidentes et des présidents (CNPP) du Parti québécois se réunissait à Québec pour discuter d’un manifeste sur la souveraineté et de son argumentaire et pour se préparer à des élections dont Jean Charest laisse planer la tenue dans les prochaines semaines.

Le manifeste péquiste et son argumentaire

La cheffe du Parti québécois a compris que le maintien de son emprise sur le Parti québécois ne pouvait pas esquiver une profession de foi bien sentie en faveur de la souveraineté du Québec.

« La souveraineté est au cœur de notre engagement politique. En fin de semaine, nous avons livré notre engagement envers les militants et la population. Nous avons entre les mains des outils modernes pour rejoindre les Québécoises et les Québécois et pour leur démontrer qu’avoir son propre pays en 2008, c’est toujours aussi essentiel et moderne  », a déclaré la cheffe du Parti Québécois et députée de Charlevoix, Pauline Marois.

Ce manifeste se résume en sept courts paragraphes qui définissent de façon générale sans jamais identifier les contraintes imposées par le monde actuel, les obstacles que nous devrons surmonter, les alliances que nous devrons nouer, les adversaires que nous devrons vaincre, les voies que nous devrons emprunter pour parvenir la souveraineté du Québec..

Ce manifeste... est peut-être bon à réciter, à murmurer et se répéter pour bercer les rêves d’une indépendance reportée à un horizon indéterminé. Mais il n’est en rien un cri de ralliement, un acte d’insoumission, un refus de l’oppression, un manifeste de la détermination à mener un combat libérateur.

Il est surtout la couverture d’un abandon, d’un reniement, de report aux calendes grecques de la lutte véritable pour l’indépendance du Québec. N‘y cherchez même pas l’ombre d’une stratégie concrète de lutte pour la souveraineté. Pas d’élection référendaire, pas de référendum, pas d’élection d’une constituante. Rien de concret, pour masquer l’aspiration du retour au pouvoir d’une équipe de technocrates qui ont instrumentalisé le Parti québécois pour pouvoir goûter encore aux fruits du pouvoir provincial.

Le SPQ libre souligne un point essentiel

"Sans l’échéance du référendum (le mouvement souverainiste) risque la dispersion, le fractionnement, l’étiolement. Seul le rendez-vous référendaire oblige à cibler sur l’essentiel, à discarter l’accessoire et à sonner le rappel des troupes. Seule la convocation du peuple à un choix décisif permet de vaincre les forces de l’inertie, de l’habitude et de la routine et de chambouler l’ordre social et politique."

Nous croyons pour notre part que le moment de la souveraineté populaire est le moment essentiel de la lutte pour l’indépendance du Québec. Et le référendum sur l’avenir du Québec en est un. Mais, pour notre part, nous voulons faire plus de place à cette souveraineté populaire. C’est pourquoi l’élection d’une assemblée constituante et la tenue d’un référendum sur les résultats de ses travaux sont des démarches essentielles pour donner véritablement le pouvoir au peuple pour définir le projet de société qui pourrait porter cette aspiration à la souveraineté nationale.

La direction Marois a réussi à faire reporter de façon indéterminée la tenue d’un référendum. Elle a toujours ignoré avec superbe l’élection d’une assemblée constituante au suffrage universel. Cela se comprend, les élites nationalistes qui dirigent le Parti québécois veulent garder la main haute sur la définition de la société québécoise et sur une éventuelle redéfinition des rapports du Québec avec le Canada. C’est pourquoi toute manifestation de souveraineté populaire ne doit pas faire obstacle à leurs aspirations à la gouvernance d’un gouvernement provincial.

Les animateurs du SPQ-Libre semblent tarder à se rendre compte que le PQ a , en repoussant toute expression de la souveraineté populaire a moins que jamais le droit à un quelconque monopole sur la lutte pour l’indépendance du Québec.

Mots-clés : Québec
Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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