Édition du 23 avril 2024

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Gaz de schiste

Le gaz de schiste change la donne énergétique mondiale

Les gaz et huiles de schiste, s’ils suscitent une forte opposition ici au Québec et dans des pays comme la France, modifient les perspectives énergétiques à l’échelle mondiale en raison de réserves importantes, notamment aux États-Unis où l’exploitation des gaz non conventionnels croît fortement.

Les réserves prouvées de gaz au niveau mondial peuvent assurer une soixantaine d’années de consommation au rythme actuel, selon une récente note d’un organe gouvernemental français. Avec les gaz non conventionnels, comme le gaz de schiste, « cette durée pourrait plus que doubler », selon la même source.

À l’échelle mondiale, les ressources exploitables en gaz non conventionnels seraient supérieures à celles de gaz conventionnels. Le tiers de ces ressources seraient localisées dans la zone Asie-Pacifique, notamment en Chine où un centre de recherches a été lancé, et le quart en Amérique du Nord, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Mais les sous-sols du Moyen-Orient, des pays de l’ex-URSS, d’Amérique du Sud et d’Europe abriteraient aussi des réserves non négligeables.

Ces gaz non conventionnels (gaz de schiste, mais aussi gaz de réservoir compact ou « tight gas »), qui ne peuvent être exploités avec les modes de production classiques, sont connus depuis longtemps.

Technologie

C’est la mise en oeuvre récente de nouvelles technologies aux États-Unis qui rend aujourd’hui possible, aux yeux des industriels, l’exploitation commerciale de ces réserves de gaz de schiste à travers le monde.

La hausse des prix des hydrocarbures classiques a permis le développement de technologies jusqu’ici peu utilisées pour des raisons de coûts : le forage horizontal et la fracturation hydraulique des roches.

Pour extraire les gaz de schiste, il faut en effet forer à l’horizontale jusqu’à 3 km de profondeur et injecter d’énormes quantités d’eau, de sable et de produits chimiques pour fracturer la roche. Cette technique est toutefois fortement contestée, car elle est accusée de polluer les nappes phréatiques.

En dépit de l’opposition croissante, y compris aux États-Unis, la part des gaz non conventionnels dans la production gazière américaine n’a cessé de croître ces dernières années pour atteindre plus de 50 % aujourd’hui.

Les industriels, s’inspirant de l’exemple américain, multiplient désormais les prospections dans le monde.

La Pologne, dont des gisements à confirmer atteindraient 5 300 milliards de mètres cubes selon un rapport de l’Agence américaine d’information énergétique (EIA), rêve ainsi de devenir une grande puissance gazière en Europe et de s’affranchir de sa dépendance énergétique face à la Russie.

En France, aucun forage d’exploration n’a eu lieu pour évaluer les réserves de gaz de schiste, mais un récent rapport commandé par le gouvernement a chiffré les réserves à « 90 ans de notre consommation actuelle » de gaz.

Mais à la suite de la levée de boucliers des écologistes et des riverains, Paris a annoncé en avril l’annulation des autorisations déjà données à des projets d’exploration. Ici, le Québec a également donné, en mars, un coup de frein à l’exploration de gaz de schiste. En Pennsylvanie, des forages ont été suspendus en avril après une explosion sur un puits.

Les députés français doivent examiner mardi une proposition de loi qui va interdire la technique contestée de la fracturation hydraulique, mais le texte ne dissipe pas totalement les inquiétudes des écologistes, qui réclament l’interdiction de l’exploitation, quelle que soit la technique employée.

AFP

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