Édition du 23 avril 2024

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États-Unis

Les États-Unis sont face à un fascisme naissant mais il est possible d’arrêter la contre révolution de droite

Allan Nairn est un journaliste d’enquête qui a longtemps critiqué férocement le Parti démocrate à cause de son appui à la guerre et aux politiques néolibérales. Mais, en ce moment, il appelle au vote en faveur de ses candidats.es.

Allan Nairn, Democracy Now, premier novembre 2018
Traduction et organisation du texte, Alexandra Cyr

Nermeen Shaikh D.N. : Les élections actuelles de mi-mandat sont un moment crucial dans la Présidence Trump. La possibilité que les Démocrates gagnent le contrôle de la Chambre des Représentants a déclenché un torrent d’interventions rageuses sans précédent chez les suprémacistes blancs. Il y a tout juste une semaine, un militant partisan de D. Trump, a été accusé d’avoir expédié par la poste 3 bombes artisanales aux studios de CNN et 12 autres à des personnes (toutes liées au Parti démocrate n.d.t.) souvent critiquées par le Président. On y retrouve, le couple Obama et les Clinton. Deux Afro-Américains ont été assassinés par un suprémaciste blanc à l’extérieur de Louisville au Kentuky après qu’il n’ait pas réussi à entrer dans une église fréquentée par ces gens. Onze fidèles juifs.ves ont été massacrés.es dans une synagogue de Pittsburg par un suprémaciste blanc qui écrivait sur les réseaux sociaux contre cette partie de la population qui, selon lui, aidait les réfugiés.es « envahisseurs » comme les nomme D. Trump.

Amy Goodman, D.N. : Cela se produit alors que le Président a singulièrement augmenté ses attaques contre les immigrants.es. Cette semaine il a menacé d’envoyer jusqu’à 15, 000 soldats.es à la frontière mexicaine et de réécrire (l’article 14) de la Constitution pour en retirer le droit d’acquisition de la citoyenneté américaine lors de la naissance en sol américain. Avec les médias de droite, il continue à fixer l’attention sur une caravane de migrants.es de l’Amérique centrale qui est encore à des centaines de milles de la frontière. Mercredi, il a publié un billet particulièrement raciste à ce sujet sur « tweeter ». Il y suggérait que les Démocrates laissaient entrer au pays des meurtriers.ères immigrants.es.

Il a aussi intensifié ses attaques contre les médias en dépit du meurtre récent du chroniqueur du Washington Post, Jamal Khashoggi dans l’ambassade saoudienne en Turquie et des récentes bombes expédiées à CNN.

Pour parler des enjeux particuliers de l’élection de mardi prochain, nous sommes avec le journaliste d’investigation Allan Nairn. Depuis des décennies il a couvert la politique étrangère américaine partout sur la planète, en Indonésie, au Guatemala, à El Salvador, au Honduras et en Haïti. Il est récipiendaire du prix George Polk. Soyez le bienvenu, Allan Nairn.
(…)

Parlez-nous de l’état de notre pays en ce moment.

Allan Nairn : Voilà, nous en sommes aux élections de mi-mandat. Les États-Unis sont face à un fascisme naissant. La révolution de droite que D. Trump a hissée au pouvoir a une chance de se consolider. Pour l’arrêter, il faut voter pour les Démocrates pour qu’ils prennent le contrôle d’au moins une des deux chambres du Congrès. Les deux serait mieux.

A.G. : C’est intéressant parce que vous avez été un critique féroce des Démocrates.

A.N. : Oui. Pendant des années j’ai prouvé comment beaucoup des élites du Parti sont complices de crimes de guerre et qu’ils et elles devraient être en prison. Mais, en ce moment, nous sommes dans une situation d’urgence où les différences sont énormes entre les Républicains.es et les Démocrates. Les Républicains.es veulent en finir avec la démocratie. C’est le seul moyen à leur portée pour se maintenir au pouvoir pour très, très longtemps. Il n’y a qu’une minorité (d’électeurs.trices) qui votent pour ce parti. Il leur faut donc démolir le système pour garder le pouvoir alors que leur base électorale rétrécit constamment. Pour leur part, les Démocrates ont intérêt, pour se maintenir au pouvoir, à étendre et développer la démocratie. (…)

A.G. : Vous faites allusion à la suppression des électeurs.trices des listes électorales ?

(…)

A.N. : Oui, ces genres de pratiques, la suppression des listes, le découpage des circonscriptions (pour favoriser le Parti républicain n.d.t.) toutes ces tactiques que la droite révolutionnaire républicaine utilise pour se maintenir au pouvoir même quand il ne leur est pas possible de gagner le vote populaire.

Ensuite, il y a l’élément que D. Trump a lui-même mis au pouvoir. Quand il a entrainé les frères Koch, Paul Ryans et l’oligarchie américaine au pouvoir il l’a fait avec une plateforme à deux versants : 1- frapper les élites directement au visage comme le dit le banquier Jamie Dimon. 2- le racisme. Sans frapper les élites en plein visage les Républicains.es n’auraient jamais gagné les élections. M. Romney s’y est essayé en faisant campagne avec une plateforme élitiste : donner des rabais d’impôts et de taxes aux riches, se débarrasser de la Sécurité sociale et de Medicare (programme de retraites et de services aux ainés.es n.d.t.). Il a perdu. Ce Parti ne peut pas gagner avec un tel programme. Mais, D. Trump s’est présenté comme quelqu’un qui 1- protégerait la justice sociale, 2- avait la capacité de virer les États-Unis à l’envers.

Il a donc entrainé les riches au pouvoir qui sont arrivés.es avec un plan préétabli pour transférer encore plus de ressources gouvernementales et d’ impôts et taxes payés par les contribuables vers eux. Savez-vous, qu’en ce moment 3 individus à eux seuls, ont une richesse égale aux 50% des plus pauvres de la population américaine ? C’est fou mais la valeur de base républicaine est que ce soit encore pire. Et D. Trump a fait cela en lançant ces forces fascistes dans la population, dans les bases sociales américaines.

Il y a beaucoup de candidats.es démocrates intéressants.es dans cette élection, des gens qui d’une manière ou d’une autre, représentent une percée en faveur de la justice sociale, qui se sont tous et toutes engagés en faveur de la Sécurité sociale, de Medicare, de l’Obamacare (assurance maladie abordable) Medicaid (programme de soins médicaux aux plus pauvres n.d.t.) alors que les Républicains,es veulent les abolir. Mais, il est clair qu’une grande partie des Démocrates sont sans aucun doute des criminels.les de guerre, pas autant que chez les Républicains.es, mais criminels.les tout de même qui devraient être en prison.

Mais nous sommes devant une telle crise dans ce pays, en ce moment, qu’il faut user de sa tête et être tactiques : voter pour ceux et celles qui, même s’ils ou elles sont des va-t-en guerre, vont protéger la démocratie pour faire obstacle à ceux et celles qui veulent s’en débarrasser. Au lendemain des élections nous retournerons au travail plus profond pour créer de vraiment meilleures alternatives, plus constructives, et aiderons la base du Parti démocrate à se défaire des consultants.es et des riches donnateurs.trices. Mais, ça c’est pour le lendemain des élections et peut-être à celui de post-contestation en Georgie et au Mississpi. Dans l’immédiat, la tâche est de faire obstacle au fascisme naissant que D. Trump et les révolutionnaires de droite représentent. Vous ne pouvez pas dire que vous êtes anti fasciste, que vous travaillez contre cet objectif si vous ne travaillez pas en faveur des Démocrates en ce moment. C’est la réalité urgente dans laquelle nous vivons.

N.S : …Vous avez même suggéré que selon ce qui se passera la semaine prochaine, il se peut qu’il y ait un gouvernement de gauche progressiste bien plus important d’ici quelques années aux États-Unis. Pouvez-vous nous expliquer cela ?

A.N. : Je dis cela à cause de l’effondrement de la classe moyenne américaine. C’est ce phénomène qui a fait de D. Trump et de B. Sanders les deux candidats les plus dynamiques dans l’élection de 2016. Ils étaient les seuls à « réorganiser » la réalité créée par la disparition de cette classe moyenne prospère. Les autres, Mme Clinton et d’autres candidats.es républicains.es, racontaient des histoires, tentaient de croire que ça n’était pas arrivé. Donc, ces deux là se sont fortement distingués, mais avec des solutions diamétralement opposées. B. Sanders parlait de solutions constructives et D. Trump se présentait comme l’ennemi des élites ce qu’il n’est pas. Il représente en ce moment le pire, le plus criminel des aspects de l’oligarchie américaine. En plus, il déclarait : « Nous allons aider à résoudre le racisme ».

Mais il y a un changement majeur dans la stratégie républicaine à la Trump, cette année. La partie « frapper les élites directement au visage » a été écartée et la campagne se fait sur le racisme évident et l’hystérie anti immigrants.es. Il n’y a vraiment rien d’autre.

Il est important de se rendre compte que l’enjeu de l’immigration est complètement fallacieux. C’est un pur mensonge. En examinant les faits, vous prendrez conscience que l’immigration n’est pas un enjeu. Je cite une de mes sources à ce sujet, Sean Hannity, (journaliste à Fox Télé n.d.t.). Au lendemain de la défaite de M. Romney aux mains de B. Obama, en 2012, il a déclaré dans son émission de radio qu’il avait révisé sa position à ce sujet et qu’il était en faveur de moyens pour accorder la citoyenneté (aux immigrants.es) : « Nous devons abandonner l’immigration comme enjeu », ce pourquoi les militants.es se battent depuis des années.

(…)

(Il a dit cela) tout juste après la défaite de M. Romney. Il était arrivé à la conclusion que l’immigration n’était pas une menace à la sécurité des États-Unis. Si quelqu’un comme Sean Hannity ne croit pas que les États-Unis peuvent être dominés par les immigrants.es mexicains.es et de l’Amérique centrale, il ne dirait pas de laisser tomber cet enjeu et qu’il faut créer des moyens pour leur accorder la citoyenneté. Il croyait évidemment que c’était un moyen de faire perdre les Républicains.es. Au même moment, certains.es dans le Parti républicain ont publié ce qui s’appelait un rapport d’autopsie. On pouvait y lire : « Nous devons nous défaire de cette position contre l’immigration. Nous devons nous rapprocher de la population issue d’Amérique latine si nous voulons avoir une chance de gagner la majorité du vote à l’avenir.

Mais, D. Trump est arrivé et a prouvé que et Hannity et le rapport d’autopsie étaient dans le faux. Il avait une connaissance plus profonde de la population américaine blanche et de l’existence du racisme et de l’hostilité aux immigrants.es dans ce pays. Il a déclaré : « Non, débarrassons nous de cela. Nous allons attaquer directement les gens de couleur, les musulmans.es, les Mexicains.es… » etc. etc. Son parti avait déjà reconnu que tout ça était faux mais D. Trump a décelé quelque chose de vrai : il y a des éléments dans la population qui sont les pires, les plus vils, les plus bestiaux qui existent dans toutes les personnes. Ce que je veux dire…chacune des religions majeures a noté et parlé sans fin de cela depuis le début de la civilisation. Chacun et chacune a une part de mal en son for intérieur. Et D. Trump a une profonde habileté pour comprendre comment la faire sortir, la mobiliser, la transformer en arme pour l’utiliser à des fins politiques. C’est devenu un élément fondamental de la révolution de droite qui a pris le pouvoir dans notre pays et qui menace de passer du fascisme naissant à un nouveau et unique fascisme américain.

Au fait, vous n’avez encore rien vu du côté mécanique de la chose. Si les Républicains.es gagnent cette fois-ci, si le contrôle des deux Chambres reste dans leurs mains et si, en plus, la plupart des postes de gouverneurs du pays leur reviennent, les choses seront encore pires puisque le pouvoir de redessiner les limites des circonscriptions pour la Chambre des représentants et d’encore plus procéder à des suppressions d’électeurs.trices des listes électorales leur sera donné. D. Trump pourra passer de l’incitation à la violence raciste au niveau des populations locales, à la possibilité réelle d’organiser des forces paramilitaires. Jusqu’à maintenant, la Cour suprême a pu garder une position assez ambigüe de contrôle à cause de la présence du juge Kennedy. Il n’y est plus. Il est remplacé par B. Kavanaugh qui y fait partie du groupe de droite républicain, des membres radicaux et disciplinés.es comme des Bolchéviques. Quoi que la révolution républicaine voudra, ce tribunal le lui accordera. Ça vient de se décider il y a quelques semaines. Nous n’avons encore jamais connu de situation semblable à ce que les Républicains.es nous préparent si cette élection leur revient.

A.G. : …Je pense que D. Trump a réussi quelque chose de plutôt incroyable. La nuit dernière, je crois vers les 3 heures du matin, il publie un « tweet » : « Les Républicains.es sont en bonne position durant le vote anticipé ». (Il écrit cela) au beau milieu de l’affaire des bombes envoyées par la poste (…) au couple Obama, aux Clinton, à George Soros et à la sénatrice Maxine Walters. Ça ressemble à la liste des personnes que D. Trump a attaqué (dans ses discours). Encore une fois, il dit : « maintenant l’affaire de ces bombes qui arrive et qui ralentit le rythme, les nouvelles ne parlent plus de politique. C’est très dommage ce qui arrive. Républicains.es sortez ! Allez voter ! » Il a compris qu’il ne pouvait pas pousser la caravane dans les poussières de ces attaques par bombes envoyées par le courrier. (…) Mais il y a aussi les Afro Américains tués au Kentucky et la pire attaque antisémite sur le sol américain, l’assassinat de 11 personnes de religion juive samedi dernier. Et le Président lance tout et n’importe quoi : « J’envoie 15,000 soldats.es à la frontière (mexicaine) » pour empêcher les terroristes d’entrer. Il va renverser l’article de la constitution qui donne le droit de citoyenneté à toute personne nées sur le territoire, d’un seul coup de décret présidentiel. Les ennemis sont à l’extérieur…Il réussit à faire croire cela parce qu’il y a tellement de rage qu’il a alimentée et en ne faisant aucun cas de la menace extrême qui existe ici, dans le pays.

A.N. : Oui. Vous savez, D. Trump est malin. Il est ignorant et imbécile mais néanmoins malin. L’esprit humain est très complexe. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est si dangereux. Il faisait des plans pour créer l’équivalent des rallyes de Nuremberg pour clore la campagne. Et il y a eut le massacre de Pittsburg, celui de Louisville, malgré que celui de Pittsburg ait reçu plus d’attention et les bombes artisanales l’ont pris au dépourvu. Si ces atrocités avaient eut lieu en dehors de la période électorale, à bonne distance d’une élection, ça aurait bénéficié aux partisans.es du Président et à la révolution de droite parce que ce genre d’événements infusent généralement de l’énergie aux mouvements fascistes. Ce sont des moments constructifs. Ils poussent sur la cause. Ils créent les conditions de peur et de chaos qui font augmenter la demande pour un leader fort. Mais, dans notre cas, c’est un inconvénient et D. Trump en a été vraiment agacé. Il a été forcé par l’opinion publique et ses conseillers d’émettre une déclaration où il dit : « Les actes menaçants ou de violence politique n’ont pas leur place aux États-Unis d’Amérique ». C’était D.Trump après les bombes artisanales.

Comme n’importe quelle personne honnête au Pentagone vous le dira, les actes et les menaces de violence politique sont au cœur du système mondial dirigé par les États-Unis. Qui que ce soit qui connait les politiques sait cela. Et D. Trump a commencé à augmenter le rôle que ces actes et menaces de violence politique jouent potentiellement dans la politique américaine intérieure. Nous avons une longue histoire de violence politique intérieure, bien sûr contre les Amérindiens.nes, contre les esclaves Afro-Américains.es, contre le mouvement ouvrier etc. etc. et ça continue aujourd’hui sur des bases occasionnelles, encouragées par les forces fidèles au Président ; par exemple, les officiers.ères de la patrouille des frontières qui tirent sur des civils.es non armés.es, spécialement sur les Afro-Américains.es et à la frontière il y a de temps en temps des immigrants.es tués.es de cette manière. La patrouille des frontières a tiré dans la tête cette jeune guatémaltèque de Quetzaltenango près de Laredo au Texas le printemps dernier.

Cette apogée logique du courant contre l’immigration de D. Trump comme vous l’avez noté plus tôt, inclut l’idée de la conviction présidentielle de pouvoir amender la Constitution, qui pourrait être adoptée par la Cour suprême où siège B. Kavanaugh. Ça n’aurait pas pu se produire auparavent. Mais, en ce moment cela fait partie des débats. Et si c’était accepté, cela ouvrirait la porte à n’importe lequel des Présidents à venir pour se débarrasser de parties de la Constitution qu’ils n’aimeraient pas. La conclusion logique à cet assaut, ce sont les francs tireurs de type israélien, comme ceux qui sont aux limites de la bande de Gaza où ils tirent sur les civils, sur les gens portant un gilet identifié PRESSE, ou encore des gens qui sont là debout pour signifier leur protestation. Si vous regardez FOX News vous entendez leurs revendications, leurs pressions, pour que la permission de tirer à la frontière soit donnée. Si les Républicains.es sortent de cette élection gagnants.es, c’est le prochain stade logique. Si au moins, les Démocrates peuvent en sortir avec la majorité dans une des chambres du Congrès, il y aura une contrainte plus significative sur la liberté d’action du Président Trump.

A.G. : (…) Il est intéressant de constater que dans sa tournée de 8 États et 11 rallyes avant les élections de mi-mandat, le Président s’est fait dire de ne pas se présenter en Arizona et au Nevada pour soutenir les candidats.es du Parti républicain. Leur crainte porte sur le sens que le message du Président pourrait prendre et possiblement miner leurs chances d’élection. (…) Nous allons parler de ces horribles attaques contre le droit du sol (d’être citoyen.ne par la naissance sur le territoire américain n.d.t.) et la poursuite de celles contre les médias de la part du Président même si 3 bombes ont été adressées à CNN. Il y a aussi les attaques par un allié proche, très proche du Président Trump et de son conseiller sénior et beau fils, Jared Kushner, l’Arabie saoudite, qui a assassiné le journaliste et chroniqueur du Washington Post, Jamal Khashoggi. Des informations à ce sujet nous sont distillées chaque jour maintenant. Aujourd’hui, les autorités turques nous disent que son corps a probablement été liquéfié ou réduit en cendres avec de l’acide, après qu’il ait été étranglé dans le consulat saoudien en Turquie. Qu’en pensez-vous, Allen Nairn ?

A.N. : Il semble bien que dans la foulée de l’indignation du grand public face à la torture et l’assassinat de M. Khashoggi, les États-Unis cherchent le moyen de donner le signal d’un certain retrait de son appui au régime saoudien dirigé par le Prince héritier, Mohammed ben Salmane. Avant-hier, le Secrétaire d’État, M. Pompeo, a réclamé publiquement la fin de la guerre au Yémen. Mais, cet appel à sa face même, est bien théorique quoiqu’une bonne chose. Mais tout juste en septembre il a comparu devant le Congrès pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de gel de vente d’armes que les États-Unis fournissent dans les attaques contre la population yéménite. Il assurait le Congrès que des mesures adéquates avaient été prises par l’Arabie saoudite et les États-Unis pour que la population soit protégée. Alors que des autobus scolaires, des funérailles, des mariages étaient bombardés avec l’appui matériel indéfectible de notre pays en avions et munitions fournies par Lockheed Martin, Raytheon et d’autres. Donc, il n’y a que quelques semaines, M. Pompeo assurait que tout était correct, mais voilà…On verra ce qui va se passer.

Actuellement, comme il le dit, les forces saoudiennes sont massées aux portes du principal port yéménite. Beaucoup craignent une autre attaque contre la ville qui la couperait de l’extérieur et l’affamerait. Ils ont déjà affamé des millions de personnes et tué, selon les derniers estimés, probablement entre 50,000 et 70,000 yéménites et provoqué une des plus sérieuses éruptions de choléra de la récente histoire mondiale. C’est à mettre au compte des États-Unis.

On discuterait de la fin des ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Ça n’appartient pas aux politiques, c’est de l’ordre du crime. Ces ventes d’armes américaines et les opérations de soutien-formation des forces saoudiennes facilitent les attaques contre des civils.es au Yémen. George Bush jr. le formule correctement : « Si vous armez un terroriste, vous êtes un terroriste ». Je suis d’accord avec lui. Dans le cas qui nous occupe, le gouvernement américain est un terroriste. C’est ainsi que nous devrions voir les ventes d’armes à l’Arabie saoudite.

Quant au meurtre de M. Khashoggi, ce qui me frappe le plus c’est la raison pour laquelle tout cela explose ; il y aurait un enregistrement depuis la salle où a eut lieu la mort du journaliste, de ses dernières secondes de vie. Tant de gens ont été capables de s’imaginer ce qui est arrivé dans cette salle parce que quelqu’un.e de leur entourage proche est mort.e sous la torture aux cours des années, aux mains de n’importe lequel des 3 douzaines d’États clients des États-Unis. J’ai eu personnellement peur de ce qui se passait dans 2 de ces salles, une au Guatemala où une de mes amies y était menottée et une autre en Indonésie, où Jafar Siddiq Hamzah mon ami, a eut le visage strié par les autorités qui l’avaient kidnappé. Vous vous imaginez voir cela à la télévision tous les jours, être forcés.es de visionner cela, si les enregistrements existent. Ce genre de politique ne survivrait pas un jour de plus. Nous devons faire cesser cela.

Mais pour faire changer ce genre de choses, il faut d’abord changer quelque chose de très profond, il faut impérativement faire cesser le démantèlement de la démocratie ici dans notre pays. Il faut y empêcher la montée du fascisme. Pour cela il faut agir avec une tactique, se mobiliser et voter pour les Démocrates.

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